C'était une promesse du candidat Macron, le statut d'auto-entrepreneur est encouragé par la loi travail. Elle prévoit de doubler le plafond du chiffre d'affaires des microentreprises, mais ce statut est remis en cause par des artisans depuis plusieurs années.
Ce jour-là, Patricia Cimino se rend au centre hospitalier Eugénie pour s’occuper de son client habituel. Elle est coiffeuse à domicile et pour exercer sa profession, elle a décidé de s’inscrire en tant que micro-entrepreneur. « Pour mon indépendance, avoir un autre contact aussi au niveau des clients, parce que c’est quand même différent que dans un salon de coiffure », explique-t-elle.
Intervenants : Patricia Cimino
Coiffeuse à domicile ; Denis Ballaich
Secrétaire général Chambre des métiers de la Corse-du-Sud ; Thierry Le Messager
Gérant d'une société d'informatique.
Reportage : LUCIANI Lionel ; LAPERA Stéphane ; MARTINI Wendy
Depuis sa création, ce régime connait un véritable succès. Et cela ne risque pas de s’atténuer, à l’horizon 2018 le plafond du chiffre d’affaires doublera. Il pourra ainsi atteindre 170 000 euros pour une activité commerciale et jusqu’à 70 000 euros pour un prestataire de services.
Avec des cotisations basées sur le chiffre d’affaires, la microentreprise fait de nouveaux adeptes. Mais ce statut n’est pas adapté à tout le monde. « Lorsqu’on a des charges je ne suis pas sûre que la microentreprise soit le meilleur dispositif.
Si on regarde bien, le réel simplifié, quand on a un certain nombre de charges et lorsqu’on calcule les cotisations en fonction du bénéfice industriel et commercial, il est plus avantageux de rester au réel simplifié que de passer en micro-entreprise », indique Denis Ballaich, secrétaire général Chambre des métiers de la Corse-du-Sud
«Ça nous fait quand même un petit peu d’ombre»
Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à faire ce choix et l’on compte encore 5 000 micro-entrepreneurs sur 14 000 inscrits au registre des métiers. Il y a certes un engouement, mais les craintes restent nombreuses chez les artisans. « On se retrouve à payer le loyer, EDF, le RSI et ces gens-là ne paient pas le même montant que nous.
Ils font un travail qui est en dehors de la TVA, donc pour les particuliers c’est très intéressant, pour les professionnels beaucoup moins. Mais il faut reconnaître que ça nous fait quand même un petit peu d’ombre », note Thierry Le Messager, gérant d'une société d'informatique.
Depuis 2008, 70% des entreprises créées sur l’île le sont sous le régime de l’auto-entreprise.