Châtaignes en Corse : "face aux changements climatiques, il faut pouvoir caractériser les variétés existantes"

Vendredi 10 novembre, l'AOP farine de châtaigne et le CNRS ont réuni une dizaine de castanéiculteurs à Valle d'Orezza. L'occasion de réaliser un inventaire des différentes variétés de châtaignes et d'anticiper leurs réactions face aux changements climatiques.

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Alors que la récolte des châtaignes bat son plein, plusieurs castanéiculteurs ont répondu à l'invitation du syndicat AOP et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à Valle d'Orezza.

Objectif de ce rendez-vous au cœur de la Castagniccia : mieux connaître les variétés traditionnelles afin d'anticiper leurs réactions face aux changements climatiques.

Aujourd'hui, si le cynips reste un mauvais souvenir, c'est la sécheresse qui semble inquiéter certains professionnels de la filière.

Le reportage réalisé le vendredi 10 novembre par Frédéric Danesi et Anna Peron : 

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Une dizaine de castanéiculteurs se sont réunis à Valle d'Orezza. ©F. Danesi - A. Peron - A. Gentil

Pour Yildiz Thomas, directrice de recherche au CNRS, "la distribution et la connaissance des variétés de châtaignes restent encore à approfondir". En marge de ce rendez-vous à Valle d'Orezza, la scientifique a répondu aux questions de France 3 Corse. 

France 3 Corse : Qu’est ce qui vous a amené à vous intéresser aux arbres, et en particulier aux châtaigniers ? 

Yildiz Thomas : De façon générale, je dirais que toute ma carrière porte sur l'étude de la place des arbres dans les sociétés. Depuis environ 10 ans, j’étudie surtout les sociétés méditerranéennes. Par conséquent, je m'intéresse au châtaignier qui est un arbre tout à fait exceptionnel et qui a servi d'arbre nourricier. C'est le seul arbre qui peut nourrir des populations humaines puisque, en général, les apports d'amidon ne sont que des céréales. 

En plus, le châtaignier a la capacité de pousser sur des terres acides, assez pauvres, où l’on ne trouve pas de céréales. C’est donc un arbre qui représente une clé de voûte dans des régions de montagne. 

Vous êtes venue à Valle d’Orezza rencontrer les producteurs et inventorier les différentes espèces venues de plusieurs régions de Corse. Dans quel but avez-vous réalisé cet inventaire ?

La châtaigneraie corse, comme celle d'Ardèche ou des Cévennes, est une châtaigneraie poly variétale. Les anciens ont toujours basé leur approche sur le fait de diffuser les risques, de ne pas mettre les œufs dans le même panier. Et aussi, surtout, parce que toutes ces châtaignes ont des usages différents : certaines qui vont être grillées, d’autres utilisées pour la farine. Du coup, c'est  une richesse assez peu connue. On a donc répertorié des variétés en Corse pour l’AOP farine de châtaigne, mais leur distribution et la connaissance de ces variétés restent encore à approfondir.  

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Yildiz Thomas, directrice de recherche au CNRS. ©F. Danesi - A. Peron - A. Gentil

En Corse, la filière a été fortement impactée par le Cynips. Aujourd’hui, c’est plutôt la sécheresse qui inquiète les castanéiculteurs. Y aurait-il des variétés plus résistantes que d'autres ?

Je ne peux pas dire quelles sont les variétés qui seront plus résistantes que d'autres ; cela dépendra vraiment de là où elles poussent puisque la région a des conditions topographiques, et aussi d'altitude, qui peuvent beaucoup varier. La même variété peut donc très bien pousser en basse altitude et moins bien en altitude. Du coup, c'est à l'échelle variétale qu'il y aura des châtaigniers qui vont résister. C’est cela que l’on essaie donc d'identifier. Concernant le travail que l'on fait de façon plus générale par rapport aux changements climatiques, il faut pouvoir caractériser les variétés existantes et leurs caractéristiques. Et il faut aussi que les jeunes sachent les reconnaître. 

Le risque ne serait-il pas justement d'arriver à une sorte de "super variété", c'est-à-dire par le biais de croisements, au détriment d'autres variétés ? 

La question l'approche super variétale, c'est vraiment l'approche productiviste qui a dominé la scène agricole depuis la modernisation depuis la modernisation, soit la fin du XIXe siècle, et le début du XXe. Aujourd’hui, on arrive au bout de ce paradigme. On sait très bien que si on met qu'une seule variété et s'il y a une maladie qui affecte cette variété-là, ce serait fichu. De toute façon, aujourd’hui, la recherche accentue encore cette approche strictement biotechnologique, alors que nous, on favorise une approche fondée sur la biodiversité, donc la biodiversité des châtaigniers eux-mêmes.

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