Les représentants de l'association des familles des victimes du crash survenu il y a 56 ans seront bientôt reçus à l'Elysée par Patrick Strzoda, conseiller d'Emmanuel Macron. La date exacte de la réunion n'a pas encore été fixée. Pour le collectif, il s'agira du deuxième rendez-vous avec les services de la présidence de la République depuis 2019.
"Le Président de la République a souhaité que je puisse vous recevoir, accompagné de votre frère."
Ces mots, adressés à Louis Paoli, sont ceux de Patrick Strzoda. Dans un courrier daté du 18 janvier dernier, le conseiller d'Emmanuel Macron écrit qu'il recevra prochainement à l'Elysée les représentants de l'Association des familles des victimes de la catastrophe de la Caravelle Ajaccio-Nice (AFVCCAN).
La lettre rédigée par le proche collaborateur du président de la République ne précise ni la date exacte, ni la forme de ce futur rendez-vous avec Louis Paoli et son frère, Mathieu Paoli, président de l'association des familles des victimes. Ce courrier signé par l'ancien préfet de Corse (2011-2013) fait suite à une première missive adressée par Louis Paoli au chef de l'État, début janvier.
Depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017, ce sera la deuxième fois que les représentants des familles des victimes seront reçus par les services de la présidence de la République.
En octobre 2019, les frères Paoli s'étaient rendus une première fois à l'Elysée. Ils s'étaient d'ailleurs déjà entretenus avec Patrick Strzoda, faisant valoir leur position : pour le collectif et ses avocats, le crash qui a ôté la vie à 95 personnes le 11 septembre 1968 n'est pas dû à un incendie à bord - comme en avait conclu l'enquête technique - mais à un missile tiré par l'armée.
"Ce premier rendez-vous avait permis de faire passer un certain nombre de messages directement auprès des services de l'Élysée, à savoir que ce que nous attendions, c'était une reconnaissance politique, explique Me Paul Sollacaro, avocat de l'association depuis une quinzaine d'années avec Mes Stéphane Nesa et Philippe Soussi. À l’époque, l’idée de notre démarche était de leur expliquer que l'instruction judiciaire suivait son cours, et qu’elle nous était largement favorable parce que les éléments du dossier démontraient que la thèse du missile que nous soutenons depuis des décennies maintenant est la bonne. En plus de cette reconnaissance judiciaire, les familles des victimes attendent aussi une reconnaissance politique afin de définitivement tourner la page. Ce prochain rendez-vous avec M. Strzoda sera donc l'occasion de réitérer cela et l'attente des familles."
Secret-défense
Le 30 octobre dernier, dans un courrier qui était resté sans réponse, Mathieu Paoli avait demandé au président de la République "de faire le nécessaire pour lever le secret-défense". Et avait ajouté : "vous nous l'aviez promis le 9 septembre 2019 par voie de presse, les familles attendent de votre part de nous libérer du lourd fardeau si pénible à supporter".
"Le magistrat instructeur a eu accès à un certain nombre de documents qui étaient aux archives, indique Maître Sollacaro. Cependant, on s'est rendu compte que l’accès aux documents à proprement parler sur la Caravelle n'était pas si évident que cela. Il y en a qui restent encore manquants, et on n'a toujours pas réussi à mettre la main dessus. Concernant ceux classifiés ou déclassifiés, on a le sentiment d'avoir eu le minimum. Je rappelle qu'une enquête avait été ouverte pour "dissimulation et destruction de preuves". À partir du moment où on a fait disparaître des preuves dès 1968, on était quand même assez sceptiques sur les chances de mettre la main sur des documents frappés du secret-défense, et dans lesquels il est écrit noir sur blanc que la Caravelle a été touchée par un missile. On a quand même une petite idée de ce qu'on a pu faire de ces documents-là..."
Le sujet concernant l'accès aux pièces du dossier classées secret-défense devrait être de nouveau abordé avec Patrick Strzoda et les services de l'Elysée lors de ce prochain rendez-vous à Paris.
"Nous espérons enfin de bonnes avancées de leur part", confie Mathieu Paoli, au nom des familles des victimes qui attendent la vérité depuis près de 56 ans.