Caravelle Ajaccio-Nice : "Cela a assez duré" pour les familles des victimes

Président de l’association des victimes du crash du vol Ajaccio-Nice, Mathieu Paoli a adressé un courrier à Emmanuel Macron pour lui demander de faire la lumière sur l’affaire. Une lettre qui fait notamment référence aux annonces du chef de l'État en mars sur l'accès aux archives secret-défense.

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"Cela fera 53 longues années que les familles encore de ce monde attendent que vous leur disiez "ce que vous savez", c’est-à-dire ce qui s’est réellement passé ce 11 septembre 1968 à 10h33."

Les mots de Mathieu Paoli à l’attention du président Macron sont à la fois pesés et incisifs. Dans sa lettre datée du 12 juillet 2021, le président de l’Association des familles des victimes de la catastrophe de la caravelle Ajaccio-Nice oscille entre exaspération et impatience.

"Monsieur le président, je pense que cela a assez duré", écrit-il en guise d’introduction. Une manière de rappeler que les familles touchées par ce drame souffrent depuis cinq décennies de ne pas connaître la vérité.

 L'espoir de la déclassification du secret-défense

"Dans une de vos réponses, celle du 16 novembre 2017, vous m’indiquiez  "qu’aucun obstacle ne devra être opposé à la manifestation de la vérité"", poursuit Mathieu Paoli. Lui et son frère Louis ont perdu leurs deux parents dans cette catastrophe aérienne dont la version officielle a toujours évoqué un accident. L’enquête technique avait en effet conclu à un incendie à bord, au niveau des toilettes à l'arrière de l'appareil.

Des thèses avec lesquelles les familles des victimes ne sont pas d’accord. Pour elles, l’hypothèse d’un tir de missile de l’armée serait à l’origine du crash. Raison pour laquelle la récente demande d’Emmanuel Macron de déclassification des documents secret-défense de plus de 50 ans avait relancé l’affaire et redonné espoir aux familles.

Avez-vous une réponse à nous faire sur ces recherches, et aurions-nous la possibilité de la connaître avant la date des cérémonies en septembre prochain ?

Mathieu Paoli

"Le 9 mars dernier, écrit Mathieu Paoli au président, vous avez demandé la déclassification des documents couverts par le secret de la Défense Nationale  par le procédé dit de "démarquage au carton". Avez-vous une réponse à nous faire sur ces recherches, et aurions-nous la possibilité de la connaître avant la date des cérémonies en septembre prochain ?"

"Un mystère qui n'en est pas un"

Le porte-parole des familles des victimes souhaite également en savoir davantage sur la demande qu’il avait formulée auprès du préfet Pascal Lelarge afin que des photos de la carlingue de l’avion (qui gît par 2.300 mètres de fond au large du Cap d’Antibes) soient réalisées. "Comme celles prises il y a quelques mois du sous-marin "La Minerve", disparu la même année que la caravelle et se trouvant à la même profondeur", précise Mathieu Paoli.

Si le directeur de cabinet du préfet "avait laissé entendre qu’un dossier avait été envoyé à l’Elysée", et que "son contenu indiquait que des possibilités de prises de vue étaient envisageables", l’association des victimes n’a pas été autorisée à le consulter. "Pouvez-vous accepter de m’en donner connaissance ?", demande le porte-parole au président Macron.

Tout en rappelant deux rendez-vous au Tribunal de Grande Instance de Nice, dont un avec un juge d’instruction où il en découle que "oui, le missile est bien à l’origine de ce crash accidentel !", Mathieu Paoli écrit en gras que "la politique doit maintenant s’aligner sur la justice". Et d’ajouter : "Nous souhaiterions ardemment que "ce mystère" qui n’en est pas un soit enfin résolu au cours de votre quinquennat, vu le nombre de témoignages accablants et vérifiables."

"Clore ce triste dossier"

Il reste encore neuf mois au chef de l'État, avant la fin de son mandat, pour accéder aux doléances des familles qui attendent une réponse "enfin favorable pour clore ce triste dossier".

Entre-temps, Mathieu Paoli "compte sur la présence d’Emmanuel Macron pour la première fois ou sur celle d’un représentant de l’État" pour les deux cérémonies des 10 et 11 septembre prochains.

À Nice puis à Ajaccio, on commémorera alors le 53ème anniversaire de cette catastrophe qui avait fait 95 morts.  

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