Découverte d'un enregistreur dans le cartable d'un élève : action symbolique à l'école Bonafedi d'Ajaccio

À la suite de la découverte d'un enregistreur dans le cartable d'un élève de l'école Charles Bonafedi, les enseignants ont effectué un débrayage ce jeudi 22 juin devant l'établissement scolaire ajaccien.

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Jeudi 22 juin, à Ajaccio, les enseignants de l'école élémentaire Charles Bonafedi ont effectué un débrayage vers 8h30 afin de protester contre les agissements d'un parent d'élève.

Étendue à d'autres établissements de la commune, l'opération initiée par le STC et le SNUipp a duré une demi-heure environ.

"Nous avons distribué des tracts aux parents pour les informer, les enseignants ont reçu les enfants dans la cour de l'école", indique Dominique Pellegrin, secrétaire SNUipp de Corse-du-Sud. 

"Dans ce genre d’affaires, le point essentiel est de soutenir l’enseignant à qui l'on peut fournir un appui juridique s'il le souhaite, explique Dominique Poggioli, l'inspecteur d'académie de Corse-du-Sud. Je pense que ce débrayage a été fait de manière responsable : leur message est bien passé dans le but de communiquer avec les parents."

"Enregistrements en classe"

Mercredi 21 juin, le SNUipp et le STC Éducation avaient alerté sur les agissements d'un parent d'élève de l'établissement scolaire ajaccien (également connu sous le nom d'école Annexe).

Dans un tract commun, les deux syndicats relataient les faits suivants : 

"Un parent d'élève procède à des enregistrements de la vie de la classe depuis plusieurs mois en introduisant un enregistreur numérique dans le cartable de son fils. Le directeur d'école se rend compte du procédé et décide d'y mettre un terme en récupérant l'enregistreur jeudi dernier. Le parent d'élève veut alors en découdre avec le directeur qui est aussi l'enseignant de son fils et décide de porter plainte au commissariat."

Une situation "inacceptable" et un comportement "inadmissible" pour les deux organisations syndicales qui "apportent leur soutien au directeur victime de cette pratique digne de l'Inquisition".

Les deux syndicats insistent sur le fait que "l'école est toujours ouverte au dialogue avec les parents". Et d'ajouter : "tout peut se discuter (même les désaccords), mais dans un cadre cordial, serein et de respect mutuel."

Dans les jours à venir, Dominique Poggioli devrait d'ailleurs rencontrer le parent de l'élève en question. 

"Je lui ai proposé de le recevoir la semaine prochaine pour que l'on trouve une issue favorable et un apaisement en cette fin d’année scolaire", précise Dominique Poggioli.

"Nous allons effectivement le rencontrer", nous a confirmé le père de l'élève.

Plusieurs mois de tension

Ces récents événements découlent d'une situation qui "se serait un peu tendue en milieu d'année entre le parent d'élève et le directeur de l'école" dixit une source proche du dossier.

Selon la famille de l’élève, le point de départ remonterait à la fin d’année 2022 :

"Avant les vacances de décembre, notre fils était tombé en classe sur la tête sous la surveillance de l’enseignant, explique le père de l’enfant scolarisé à l’école Charles Bonafedi. En tant que parents, nous n’avons pas été avertis. Il a été dit à notre enfant : "tu n’avais qu’à faire attention". Notre fils a gardé un hématome sur la joue pendant deux semaines. Nous avons alors simplement demandé au directeur et maître d’école de nous avertir lorsqu’il arrive une chose pareille. Début 2023, il nous a écrit un courrier dans lequel il décrivait, entre autres, notre fils comme un enfant “ inadapté“ pour sa classe et les autres élèves, rendant obligatoire son “extraction“ de la classe pour, au final, nous proposer la mise en place d’une équipe éducative au retour des vacances d’hiver."

Les parents de l’élève pointent les "méthodes" de l’enseignant : "lignes d’écriture, privation totale de récréation, punitions collectives, dénigrement des élèves, propos humiliants, menaces, avis politiques sans tenir compte de son obligation de neutralité."

"Le 18 février, expose le père, nous lui avons écrit pour lui dire notre étonnement quant à ses méthodes, d’autant plus que nous étions plus que disposés et à l'écoute de toute solution pour la mise en place d'une équipe éducative. Il nous a répondu que c'était compliqué et nous a donné une fin de non-recevoir quant à notre demande de consulter le dossier scolaire de notre fils. Rien n'a jamais été mis en place. Aucune réunion. Par contre, rien n'a changé dans ses méthodes et ses agissements."

Le père de l’élève dit avoir contacté l’inspection académique à six reprises "dès le 14 février". "La première réponse nous est parvenue par mail le 25 mai, avec un appel de l'académie quelques jours plus tard", précise-t-il.

Le vendredi 9 juin, l’enseignant s’en serait pris à leur enfant devant toute la classe, selon parent de l'élève :

"Visiblement informé par l'académie, il a menacé notre fils qu'on allait le convoquer pour qu’il s’explique devant l'inspecteur d'académie."

S’ensuivra, toujours selon les dires du père de famille, une brève entrevue avec le directeur :

"En le croisant, je lui ai simplement dit, sans agressivité et devant témoins : "si vous avez une chose à dire en rapport avec cette histoire, merci de m'en parler et pas à mon fils". Il m’a répondu "je n’ai pas le temps" et m’a demandé à travers la vitre de sa voiture : "vous avez un problème ?" Je lui ai répondu "bon week-end". L'académie a été informée le soir même de cet incident."

L’enregistreur aurait quant à lui été trouvé le jeudi 15 juin.

"Selon les témoignages des gens présents, personne n’a vu ce jour-là le directeur qui devait assurer ses cours, relate le père de famille. Il est alors décidé par les enseignants de dispatcher les élèves dans d’autres classes. En fin de matinée, le directeur a fait son apparition dans la classe ou était mon fils ; il a vidé son cartable sur le bureau d'un autre enfant, a fouillé son sac et a en effet récupéré un lecteur enregistreur MP3. Ensuite, il a disparu de l’école avec l’objet volé. J'ai donc porté plainte pour vol le jour même."

Droit de retrait

Depuis ce jour-là, le directeur a usé de son droit de retrait. Désormais en arrêt de travail, il n'assure plus, pour l'instant, ses fonctions d'enseignant. Sa classe a donc été reprise par une institutrice remplaçante.

"Il est complètement abasourdi et très choqué par ce qui s'est passé", indique Dominique Pellegrin du SNUipp.

Mercredi après-midi, à Ajaccio, le STC Éducation et le SNUipp avaient été reçus par l'inspecteur d'académie.

"C'était une réunion pour faire un point sur la situation, explique Jean-Pierre Luciani, secrétaire national du STC Éducation. Au-delà de la situation spécifique de l'école, on a aussi parlé de la nécessité de dialogue entre les parents et les enseignants. En plus d'apporter notre soutien au directeur, le but du débrayage de ce matin était d'informer les parents sur la situation dans l'école. Il faut qu'ils sachent qu'il peut parfois y avoir des choses hors de la normalité qui s'y passent. Le mouvement a été suivi dans beaucoup d'établissements d'Ajaccio et de la périphérie. Parents, enseignants, syndicats : tout le monde doit apporter son soutien et sa solidarité avec le directeur d'école et enseignant." 

"Dans ce cas précis, il s'agit d'un épisode fâcheux, sur une école, qui ne représente pas les relations que l’on peut avoir avec les parents d'élèves qui sont aussi des partenaires."

Dominique Poggioli

Inspecteur d'académie Corse-du-Sud

Dans leur tract, les syndicats soulignaient également le fait que "l'ensemble de l'équipe pédagogique de l'école Bonafedi était exaspérée par l'accumulation de faits et d'attitudes irrespectueux de certains parents d'élèves qui n'ont meme plus conscience qu'ils s'adressent à l'institution scolaire qui doit rester un sanctuaire".

"Il peut y avoir par-ci par-là d’autres situations mais, en règle générale, ce sont quelques exceptions, répond l'inspecteur d'académie. Nous sommes là pour accompagner les directeurs et nos équipes savent gérer ces situations-là qui restent exceptionnelles. Dans ce cas précis, il s'agit d'un épisode fâcheux, sur une école, qui ne représente pas les relations que l’on peut avoir avec les parents d'élèves qui sont aussi des partenaires."

Jeudi 22 juin, après le débrayage à l'école Bonafedi, les cours ont repris normalement. Ils ont tous été assurés pour le reste de la journée.

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