Emmanuel Macron a salué "l'identité bien à elle" de la Corse en arrivant mercredi en fin de journée à Ajaccio, où il devait s'entretenir avec les élus, dont les responsables nationalistes aux commandes de l'île, avant un point jeudi matin sur l'avancée du programme de projets pour l'île.
Quatre membres du gouvernement accompagnent Emmanuel Macron : Gérald Darmanin (Intérieur), Marlène Schiappa (Citoyenneté), Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme) et Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires).
Emmanuel Macron a fait le point jeudi matin sur l'avancée du programme de projets pour la Corse qu'il avait présenté à Bastia en février 2018.
En matière d'écologie et d'aménagement du territoire, le président de la République a affirmé que "la programmation pluriannuelle de l’énergie est quasi terminée et fait l’objet d’un consensus." Plus encore, l’appel d’offres sur le raccordement au gaz naturel est "prolongé jusqu’à la fin de l’année", et les opérations « Grands sites », qui visent à préserver les joyeux naturels corses, "sont en bonne voie."
Sur le plan social, "un effort important a été consenti avec le maintien du budget des missions locales", en complément d'un accompagnement "légitime" par les services de l'État.
Concernant le coût de la vie en hausse sur l'île, Emmanuel Macron a indiqué que l'autorité de la concurrence était actuellement en mission "pour trouver les voies d'une baisse des prix, notamment du carburant et des transports maritimes". Un rapport sera rendu en octobre. De ce dernier découleront par la suite des décisions.L’autorité de la concurrence est en mission en ce moment-même pour trouver les voies d’une baisse des prix, notamment du carburant et des transports maritimes.
Au sujet de la gestion des déchets, coutumièrement en crise en Corse, "nous devons et nous pouvons faire mieux" a estimé le président de la République, qui indique que c'est "aux collectivités de prendre leur responsabilités, d'investir rapidement dans de nouvelles capacités de stockage."
Rencontre avec les élus nationalistes de la Collectivité de Corse
Après avoir célébré le 77e anniversaire de la Libération de la Corse, en 1943, Emmanuel Macron a participé mercredi à un "dîner républicain" avec une quinzaine d'élus, dont les principaux représentants de la mouvance nationaliste qui a renforcé ses positions aux derniers scrutins.Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, était présent mais le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a refusé d'y participer. "Paris s'obstine à traiter la question corse par l'arrogance et par l'abaissement des élus nationalistes", selon lui.
"J'ai la volonté d'ouvrir un dialogue de fond, visant à créer les conditions d'une solution politique globale", a expliqué Gilles Simeoni avant le dîner. En ajoutant que, dans le contexte de la crise du Covid, sa "priorité absolue" était "d'alerter le président sur la gravité de la situation économique et sociale de la Corse".
Les trois hommes se sont toutefois retrouvés jeudi matin pour évoquer les dossiers corses.
"Il est encore trop tôt pour dire si le Président de la République a l’intention de changer de politique à l’égard de la Corse", a déclaré Jean-Guy Talamoni, au sortir du petit-déjeuner en compagnie de Gilles Simeoni, du président de la République et de plusieurs ministres, en préfecture de Corse-du-Sud.
"Pour ma part je resterai extrêmement prudent pour la suite (...). Nous sommes venus pour exposer des positions qui sont les nôtres et pour lesquelles nous avons été mandatés par les Corses"La hausse des prix immobiliers qui privent les Corses de l’accès à la propriété, et la question corse au caractère éminemment politique ont notamment été évoquées.
"Il n’y a pas eu spécialement de ligne rouge à mon sens s’agissant des questions que nous avons abordées, il n’y a pas eu non plus d’avancées significatives dans les propositions", a encore commenté le président de l'Assemblée de Corse.
Pour Gilles Simeoni, cet échange avec Emmanuel Macron a été "globalement long, fructueux, constructif. Il nous a permis d’aborder à la fois l’aspect économique et social avec notamment les mesures à mettre en œuvre pour gérer les conséquences de la crise du Covid-19".
Sur l'aspect politique des échanges, "il y a un état d’esprit qui me semble est nouveau (...). Il y avait une volonté de s’écouter dans un climat de respect mutuel sur la forme, et sur le fond la volonté d’avancer de façon très concrète dans tous les domaines et bien évidemment dans les domaines du quotidien, de la vie des Corses", a indiqué Gilles Simeoni.
"Il y a des urgences économiques et sociales : la question des déchets, la mobilisation des moyens à mettre en œuvre pour surmonter la crise économique et sociale et aussi la volonté de s’inscrire dans un dialogue global au plan politique"
"Il y a un calendrier de travail qui a été acté, il y a une volonté partagée qui a été exprimée d’être très opérationnel et concret j’espère que cela va conduire à des avancées significatives dans tous les domaines", a encore ajouté le président du Conseil exécutif de Corse.
La question du rapprochement des prisonniers a également été abordée. "Ce n’est pas aujourd’hui qu'une question politique, mais surtout une question d’application du droit" a déclaré Gilles Simeoni.
Evoquant le rapprochement des trois hommes condamnés au titre de leur participation à l’assassinat du préfet Erignac, "l’application du droit doit conduire à leur rapprochement dans un premier temps. Nous ne voulons pas en faire un enjeu politique de crispation, mais nous demandons simplement l’application du droit".
Déplacement à Bonifacio sous l'angle éco et Med7
Le Président de la République doit se rendre jeudi en fin de matinée à Bonifacio pour y rencontrer des responsables du tourisme.Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni et le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, qui n'avaient pas prévu initialement de participer à ce déplacement, se déplaceront aussi
En fin d'après-midi, Emmanuel Macron participera à Porticcio, près d'Ajaccio, au septième sommet du Med7, un forum informel des pays du sud de l'UE, avec les dirigeants italien Giuseppe Conte, espagnol Pedro Sanchez, grec Kyriakos Mitsotakis, portugais Antonio Costa, chypriote Nikos Anastasiades et maltais Robert Abela.
Ils discuteront notamment des tensions en Méditerranée orientale entre la Turquie et la Grèce.
L'ambition est de refaire "une pax mediterannea, c'est-à-dire un espace de circulation des cultures, des savoirs (...) et non pas un espace de conflits ou de misère", a-t-il déclaré.