En marge du sommet des pays du sud de l'Union européenne qui se tient jeudi en Corse, la venue du Président de la République suscite forcément des attentes, notamment dans la sphère économique, mais aussi, déjà, beaucoup de déceptions chez les nationalistes.
 

Le programme officiel ne prévoit pas de passage par la case Collectivité de Corse, mais nous avons appris mardi que le Président de la République a bien proposé au Président du Conseil Exécutif un rendez-vous en tête-à-tête.

La rencontre est prévue jeudi matin 8h30 pendant une demi-heure, nous a précisé Gilles Simeoni qui rencontrera ensuite les ministres présents.

Hostilités envers les élus nationalistes pour Femu a Corsica

Pas de quoi apaiser le ressentiment de Femu a Corsica, formation autonomiste, majoritaire à la Collectivité de Corse.

Lundi, lors d’une conférence de presse, Jean-Félix Acquaviva a évoqué "le mépris du président de la République vis-à-vis des institutions locales".

Le secrétaire national de Femu et député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse estimait alors que le Président de la République faisait preuve "d’hostilités envers les élus nationalistes", dans la droite ligne de la politique menée par Paris depuis 2017.

Ce mardi, il n’a pas changé d’avis. Pas plus qu’après avoir reçu lundi soir, une invitation au diner républicain organisé mercredi soir à Ajaccio. Le député compte y assister "sans trop d’espoir" en terme d'avancées politiques.

Jean-Félix Acquaviva tacle en outre l’escale à Bonifacio, ville du LREM Jean-Charles Orsucci. Selon le député nationaliste, c’est le signe d’une "volonté de privilégier certains dans un processus électoral. C’est donc un Président en campagne électorale".

Dans les rangs des inquiets, on trouve aussi le parti des nationalistes de Core in Fronte. Le mouvement indépendantiste a été le premier à déplorer la tenue du sommet des pays du sud de l'Union européenne en Corse, alors que l''île est "est la seule grande île de Méditérrannée à n'avoir aucun statut politique lui conférant de réels pouvoirs de gestion dans les domaines non-régaliens".

Le parti indépendantiste Corsica Libera dénonce pour sa part qu'aucun élu corse ne soit invité à cette réunion internationale. Cela "nous invite à douter sur les intentions du président de la République Française, concernant l'avenir institutionnel de notre île", a déclaré le parti du président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.

Pour le PS, la Corse n’est que le territoire de réception

Ce constat est partagé par la secrétaire du parti socialiste de Haute-Corse. Emmanuelle De Gentile qui est aussi la première adjointe au maire nationaliste de Bastia, indique ne "pas attendre grand-chose, notamment puisque Bastia est complètement écarté de cette visite".

"En allant qu’à Ajaccio et Bonifacio, le Président vient lancer la campagne des régionales. Quand on vient en Corse, ce n’est jamais anodin. Or, là, la Corse n’est que le territoire de réception, elle n’est pas partie prenante de la réflexion sur la Méditerranée".

La Corse, un territoire de réception, et alors semble considérer Jean-Jacques Panunzi. "Ce n’est pas d’actualité, estime le sénateur membre du groupe Les Républicains puisqu’il vient pour le Med7. J’ose imaginer qu’il y aura plus tard une réunion avec les élus et les socioprofessionnels et le ministre de l’économie pour discuter d’un plan de relance de la Corse".

Priorité à l'économie pour les LR de Haute-Corse

Dans le contexte de tensions extrêmes liées à la crise sanitaire de la Covid-19, c'est en économie que les annonces sont attendues par François Xavier Ceccoli.

Pour le conseiller territorial et secrétaire général LR de Haute-Corse, "ce qu'on attend du gouvernement aujourd'hui c'est une solidarité pour la Corse avec des mesures particulières pour l'économie des entreprises, mais aussi pour les particuliers, avec ce qui s'annonce en terme de chômage dans les prochaines semaines. Le président de la République ne vient pas pour cela, mais il y a urgence".

Cette urgence, la sphère économique l'a bien surligné. Lundi, la chambre de commerce et d’industrie de la Corse a ainsi lancé un appel solennel à Emmanuel Macron pour mettre en oeuvre un plan de relance et ainsi sortir l’économie locale de la crise dans laquelle l’a enfoncée la Covid-19.

Besoin estimé : 2,5 milliards d’euros avec 500 millions très vite pour financer les 70 mesures prévues.

"Les plus urgentes, explique Jean Dominici, président de la CCI de Corse, sont le report dans 18 mois du remboursement des PGE (prêt garanti par l’Etat) et le prolongement du chômage partiel jusqu’en avril 2021 au moins".

Tourisme ... à Bonifacio

Une modeste partie de la visite présidentielle concernera, a priori, l’économie ou plus précisément l’un de ces piliers : le tourisme.

À Bonifacio, le Président de la République va rencontrer plusieurs acteurs du tourisme, réunis par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie.

Mais on l’a vu, le choix de cette ville de l’Extrême-Sud, s’apparente pour beaucoup d’observateurs à une façon à peine déguisée de venir soutenir le maire LREM, à six mois des élections territoriales.

Reste que le programme reçu par les rédactions n'est pas figé. D'autres rendez-vous plus "corses" pourraient venir se glisser entre deux moments officiels.
 
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