L'association des éditeurs de Corse, sous l'égide de l'infatigable Alain Piazzola, tente de se réinventer, pour mieux faire connaître ses publications au-delà des rivages de l'île. Elle sera à Lyon demain et après-demain.
A la veille de l'ouverture de la manifestation Saveurs Corses à Lyon, on pensait que notre appel téléphonique trouverait Alain Piazzola sur les bords de la Saône, en train de s'assurer que les palettes de livres sont bien arrivées à la mairie du 8e, où se dérouleront les deux jours de rencontres.
Mais l'éditeur ajaccien est toujours chez lui, en Corse : "je n'ai pas pu partir, en raison des grèves... C'était trop risqué. Mais je m'assure de loin que tout se déroulera comme prévu, avec l'association Les amitiés corses de Lyon, qui organise l'événement".
Au programme, vendredi et samedi, à l'occasion de repas et animations mis en place par l'association lyonnaise, les ouvrages de plusieurs éditeurs corses, des derniers publiés aux classiques du catalogue, seront en vente sur plusieurs stands. L'historien Michel Vergé-Franceschi, auteur de nombreux ouvrages consacrés à la corse, tiendra pour sa part une conférence, samedi 22 avril, de 16 heures à 18 heures. Elle portera sur "Les maréchaux d'Ornano".
Moins cher, plus souvent
Traditionnellement, hormis quelques opérations très ponctuelles, la présence de l'édition corse hors de l'île reposait sur le stand qui était monté au coeur du salon du livre de Paris, porte de Versailles.
"A l'époque des majorités précédentes à la région, c'était le rendez-vous incontourable, chaque année", rappelle Alain Piazzola, le président de l'association Editeurs de Corse, qui est financée par la Collectivité de Corse. "Et la facture pouvait s'élever A 100.000 euros, pour 17 ou 20 mètres carrés."
C'est une époque totalement révolue. La Corse n'est plus présente au salon du livre, et si elle n'a pas renoncé à faire entendre sa voix à Paris, c'est sous une autre forme.
"Depuis l'année dernière, on organise Lire la Corse ! Onoccupe un très beau lieu de 200 mètres carrés, au centre de Saint-Germain des Prés, à quelques mètres du Café de Flore, pour 20.000 euros ! C'est beaucoup plus rentable, vous l'imaginez bien... Et puis, contrairement au salon du livre, on peut y organiser des conférences. Ce qui est beaucoup plus intéressant. Sans compter que cela a un effet non négligeable sur les ventes de livres".
Car, l'association des éditeurs n'en a jamais fait mystère, sa présence sur le continent, voire même à l'étranger, comme récemment à Bruxelles, a pour but de faire connaître la culture corse et son patrimoine, mais également de soutenir l'activité économique du monde du livre insulaire.
Relancer la machine
Une activité qui peine à se remettre du Covid. "On est encore dans le cadre d'un redémarrage, et ce n'est pas vraiment facile... Alors on fait tout ce qui possible pour relancer la machine".
Cette nouvelle manière de promouvoir le livre corse semble commencer à porter ses fruits. Les éditeurs corses, en s'appuyant sur des associations corses dynamiques et motivées, avant Lyon, ont organisé des journées de rencontres à Marseille, Ouessant ou Antibes. "A Antibes, on a vendu 2.000 euros de livres en 2 jours. Croyez-moi, c'est considérable", se réjouit Alain Piazzola.
L'éditeur, sur lequel les années ne semblent pas avoir de prise, fourmille de nouvelles idées. Et espère que, bientôt, l'association des éditeurs corses pourra s'aventurer "du côté du Bordelais !"