Le président de la République est en déplacement en Corse ces 27,28 et 29 septembre. Emmanuel Macron est attendu ce soir au palais Lantivy pour un dîner républicain avec plus élus insulaires, qui espèrent désormais, avec sa venue, obtenir des "clarifications" sur le devenir du processus de Beauvau.
Le président de la République n'est pas encore arrivé, mais à la préfecture de Corse-du-Sud, ils sont nombreux représentants politiques insulaires à l'attendre. Le programme de la soirée est succinct : un dîner Républicain au sein du palais Lantivy. Ou l'occasion, peut-être, pour les élus corses, de prendre la température quant à la suite du processus de Beauvau, avant la tenue d'un discours demain, du chef de l'Etat devant les élus de l'Assemblée de Corse à ce sujet.
Il faut dire que plus d'un an désormais après l'ouverture de ce cycle de discussions vers une possible évolution institutionnelle de l'île, les attentes sont encore nombreuses.
"On attend une impression forte par rapport à la délibération du 5 juillet qui a été votée par une large majorité d'élus", glisse Jean-Christophe Angelini, président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse.
"On souhaite un certain nombre de clarifications, poursuit Paul-André Colombani, député PNC de la seconde circonscription de Corse-du-Sud. Peut-être pas dès ce soir, mais savoir dans un premier temps dans quel état d'esprit le président arrive en Corse, avant la phase importante de demain."
"On sait que vraisemblablement, nous n'aurons pas tout ce que nous demandons. Mais j'espère quand même que cela va aller assez loin."
Paul-André Colombani
Avec l'espoir, justement, d'annonces conséquentes lors de cette prise de parole d'Emmanuel Macron, dont le contenu n'a pas été dévoilé. "On a quelques idées, reprend Paul-André Colombani. On sait que vraisemblablement, nous n'aurons pas tout ce que nous demandons. Mais j'espère quand même que cela va aller assez loin."
Reste que ce déplacement du président, accompagné notamment du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, est un signe positif pour les élus insulaires, reconnaît le député Paul-André Colombani. "Bien évidemment. Et je pense que sa venue à l'Assemblée de Corse est très importante, et on a quand même bon espoir qu'elle marque les années à venir."
"Il est maintenant au président de dire ce qu’il est possible de faire et ce qui est désormais derrière nous."
À la droite de l'hémicycle insulaire, Jean-Martin Mondoloni assure, lui, son intention de réaffirmer, ce soir, face au président de la République "quelles sont [les positions d'Un Soffiu Novu]". "Elles ont forcément été mal comprises par la majorité. [...] Au mois de juillet, la majorité a exprimé de façon stratosphérique l’absolu d’une demande historique. Nous n'étions pas dans cet exercice-là."
"Nous avons exprimé la volonté d'avancées dans le champ du possible, c’est-à-dire en tenant compte des contraintes politiques, mais aussi dans le droit fil de ce qu’il est très probablement entendu comme contraintes à la fois à l’Assemblée nationale et au Sénat. En tenant compte de l’ensemble de ces balises de contraintes, nous avons réfléchi à ce qu’il était possible d’obtenir, insiste l'élu et co-président du groupe. C'est ce que j'ai expliqué au président de la République. Après, il lui appartient tout à fait librement, en vertu de la légitimité qui lui est acquise, de dire demain quelles sont les grandes orientations qu’il fixe pour ce débat."
"Que les choses soient claires une fois pour toutes, et qu'on siffle la fin de cette récréation où chacun y est allé de son couplet ou de son article de la Constitution."
Jean-Martin Mondoloni
Jean-Martin Mondoloni ajoute : "Nous avons assez peu parlé en réalité de ce qui nous paraît essentiel c’est-à-dire l’aspect infrastructurant. Nous avons beaucoup parlé des institutions, et assez peu de nos besoins en matière énergétique, hydraulique, d’équipements, routiers, de formation. Et j’insisterai auprès du président de la République sur cet angle mort des négociations."
Concernant le discours attendu demain à l'Assemblée de Corse, l'élu de droite fait le vœu que "les choses soient claires une fois pour toutes, et qu'on siffle la fin de cette récréation où chacun y est allé de son couplet ou de son article de la Constitution. Il est maintenant au président de dire ce qu’il est possible de faire et ce qui est désormais derrière nous."
Des déclarations "contraires aux attentes des Corses" pour Core in Fronte
Il est à noter qu'une chaise restera vide, pour ce dîner républicain : celle de Paul-Félix Benedetti, chef de fil du parti indépendantiste Core in Fronte.
Ce dernier a indiqué dans un tweet qu'il n'y prendrait pas part, considérant "la déclaration, émanant de la Présidence de la République, hier à l'AFP, contraire aux attentes des Corses. Le seul consensus à prendre en compte est celui de la délibération, des 73% des élus de la Corse, du 5 juillet dernier. Avec le groupe Core In Fronte, nous serons attentifs, jeudi à l'Assemblée de Corse, à la réelle portée politique de la déclaration d'Emmanuel Macron."