Emmanuel Macron en Corse : après des déclarations "contraires aux attentes", Core in Fronte décide de ne pas rencontrer le président

Emmanuel Macron sera en Corse ces 27, 28 et 29 septembre. Une visite organisée pour les 80 ans de la libération de l'île. Elle prendra également une dimension plus politique avec un discours très attendu du chef de l’État à l’Assemblée de Corse, jeudi matin.

Trouver un point d’équilibre. Depuis quelques semaines, les réunions et les rendez-vous s’enchaînent dans l’île et à Paris. En Corse, les élus insulaires tentent de trouver un point de compromis entre les partis nationalistes et la droite quant au projet d’autonomie. Sur le continent, Gilles Simeoni multiplie les rencontres au plus haut sommet de l’État.

Ainsi, après une discussion de deux heures avec Emmanuel Macron, vendredi dernier, le président du conseil exécutif de Corse a, selon nos informations, rencontré la Première ministre, Élisabeth Borne, ce mardi à Matignon. Des échanges qui ont pour but de trouver un point d’accord entre la délibération de l’Assemblée de Corse votée le 5 juillet dernier et la position du gouvernement. Une position qui comprend, selon les mots du chef de l’État, des « lignes rouges ». Celles-ci comprennent notamment la coofficialité de la langue Corse et le refus de créer deux catégories de citoyens, soit le statut de résident.

Des espoirs institutionnels et financiers

Malgré ces « lignes rouges », de nombreux élus locaux attendent des réponses concrètes concernant la sauvegarde de la langue corse, le logement et d’autres problématiques spécifiques à l’île. Outre les attentes institutionnelles en matière de transfert de compétences défendu par les nationalistes, de nombreux élus de droite et communaux se concentrent sur l’aspect financier.

Ils espèrent notamment un nouveau PEI (Programme exceptionnel d’investissement), désormais appelé PTIC (Plan de Transformation et d’Investissements de la Corse). Les besoins se font sentir dans tous les domaines : les infrastructures, routières, hydrauliques, énergétiques, la santé, l’éducation. Un retard tellement important qu’il a été à peine compensé par le PEI, voté en 2002, et qui représentait deux milliards d’euros financés à 70 % par l’État. Les élus espèrent actuellement un financement de l’État à 100% avec un montant supérieur à celui du PEI.

Ces questionnements pourraient trouver des réponses lors du très attendu discours d’Emmanuel Macron à l’Assemblée de Corse prévu jeudi 28 septembre à 10 heures. Cette prise de parole sera retransmise en direct sur France 3 Corse ViaStella et sur le site internet de la chaîne.

Core in Fronte boude un dîner en préfecture

Sans attendre ce moment, le chef de fil du parti nationaliste indépendantiste Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti, a indiqué dans un tweet qu'il ne participera pas au dîner prévu, entre le chef de l'État, les présidents de groupe à l'Assemblée de Corse et le parlement, ce mercredi à la préfecture d'Ajaccio.

Il écrit : "Je considère la déclaration, émanant de la Présidence de la République, hier à l'AFP, contraire aux attentes des Corses. Le seul consensus à prendre en compte est celui de la délibération, des 73% des élus de la Corse, du 5 juillet dernier. Avec le groupe Core In Fronte, nous serons attentifs, jeudi à l'Assemblée de Corse, à la réelle portée politique de la déclaration d'Emmanuel Macron."

Ainsi, quelques heures avant l'arrivée d'Emmanuel Macron dans l'île, l'Elysée a délivré aux journalistes plusieurs informations de contexte dans échange repris par l'AFP : 

"Tout n'est pas encore stabilisé", "il y a encore des calages", mais le président pourrait se prononcer sur une évolution du statut de l'île si un accord est trouvé entre les élus corses", notant que les "positions évoluent dans le sens d'un rapprochement acceptable". "Nous pensons, d'après les informations que nous avons, notamment les plus récentes, qu'un accord peut être possible entre une majorité des groupes qui siègent à l'Assemblée corse pour engager des évolutions institutionnelles conformes au cadre républicain", a souligné la présidence citée par l'AFP.

Si un accord est trouvé, "le président de la République dira certainement qu'il est prêt à envisager une évolution institutionnelle conforme à ce cadre", a-t-on ajouté dans l'entrourage du Président.

Pour l'Elysée, la co-officialité de la langue n'est pas recevable, ce "qui n'exclut pas qu'on fasse un effort en matière de bilinguisme". Le statut de résident constitue également "une ligne rouge" car il reviendrait à "créer deux catégories de citoyens dans la République", de même que la "volonté de prioriser l'emploi pour les habitants de l'île".

80 ans de la Libération de la Corse

Pour sa cinquième visite en Corse, Emmanuel Macron s’est déjà rendu dans l’île une fois en tant que candidat à la présidentielle et trois fois en tant que président de la République, le chef de l’État commémorera également les 80 ans de la Libération de la Corse.

Avant lui, deux autres présidents de la République ont participé à ces cérémonies. Des moments qui ont quelques fois donné lieu à des propos politiques.

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A.Stromboni ; F.Guichard ©France Télévisions

Selon le programme d’Emmanuel Macron, le chef de l’État rendra hommage aux Corses engagés dans la Résistance.

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