Une semaine avant l’arrivée d’Emmanuel Macron en Corse, les contacts politiques s’intensifient. Selon nos informations, Gilles Simeoni devrait s’entretenir avec le chef de l’État en amont de sa visite.
Si Gérald Darmanin a refusé toute prise de parole officielle durant sa visite la semaine dernière, en coulisses le ministre de l’Intérieur a, en revanche, fait passer un message clair. Les élus corses doivent trouver un nouveau compromis, encore plus large, concernant le projet d’autonomie, avant l’arrivée du président Macron dans l’île.
Et en sa qualité d’interlocuteur principal, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, a été le premier destinataire de ce message. « Plutôt que le terme compromis, je pense qu’il faut rechercher un accord politique. Un accord politique en Corse et un accord politique avec le gouvernement et avec l’État. Notre base de discussion, à la recherche de cet accord, c’est la délibération de l’Assemblée de Corse. L’Assemblée de Corse a débattu, a voté, a délibéré. Et cette délibération est pour nous le fil rouge des discussions que nous aurons à mener, étant précisé que nous allons vers ces discussions avec un esprit d’ouverture », précise Gilles Simeoni.
À défaut de lignes rouges, le président de l’exécutif parle donc de fil rouge. Les discussions s’annoncent intenses. Selon nos informations, Gilles Simeoni devrait entrer en contact téléphonique, ou même être reçu, par le président de la République dans les prochaines heures.
« Il faut faire un pas vers le Parlement »
Il rencontrera également la Première ministre ainsi que Gérard Larcher, le président du Sénat après le renouvellement de la chambre haute prévu dimanche 24 septembre. Car avec la nécessité de convaincre les 3/5 du Parlement, c’est bien au palais du Luxembourg, ainsi qu’au palais Bourbon, que se joue la réussite du processus.
« Les échanges existent, ils sont fréquents. J’ai eu au téléphone, à plusieurs reprises le président de l’exécutif et il va falloir aussi faire un pas vers le Parlement pour rendre le projet acceptable par le Sénat disons les choses très clairement. Le Sénat a des exigences assez fortes », indique Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale.
« On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière »
Convaincre le Sénat, et la majorité de droite qui le gouverne par l’intermédiaire peut-être de l’un de ses représentants sur l’île : Jean-Jacques Panunzi. La semaine dernière, lors de la visite de Gérald Darmanin, le sénateur de la Corse-du-Sud avait pourtant des mots assez durs envers le processus d’autonomie en cours.
« On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. À partir du moment où demain la Corse entrera dans un cadre d’autonomie, il faudra qu’on s’assume dans beaucoup de domaines de compétences, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Est-ce que le fait d’être autonomes nous permettra d’être plus riches ? », s’était-il interrogé.
« Il faut que l’on s’affranchisse des postures »
Coté nationalistes de l’opposition, Jean-Christophe Angelini, président du groupe Avanzemu à l’Assemblée de Corse, déclare avoir eu des contacts avec d’autres forces politiques ces derniers jours et parle de compromis à trouver. « Le moment est venu et il faut que l’on s’affranchisse des postures, qu’elles soient ultra républicaines ou qui pourraient émaner de notre propre famille politique. Et enfin, avec l’État et le gouvernement, sans se renier, sans se compromettre, trouver un chemin de paix. »
Core in Fronte et son leader, Paul-Felix Benedetti, n’ont quant à eux amorcé aucune discussion. « Je ne vois pas le besoin d’en avoir. Un président de la République vient, il connait le problème corse, il y a eu une délibération de l’Assemblée de Corse à plus de 70 % de ses membres pour demander un statut d’évolution vers une autonomie. Je crois que ça ne se décline pas. Sinon ce n’est pas de l’autonomie, c’est un peu plus d’autonomie, c’est une petite salade à la Française, c’est une revoyure que nous n’accepterons pas. »
Emmanuel Macron arrivera en Corse mercredi prochain. Les élus corses ont une semaine pour tenter de se mettre d’accord.