Les réactions se multiplient depuis l’évacuation de l’immeuble "Le Patio", à Ajaccio, menacé par un risque d'effondrement. Associations de défense de l’environnement et élus, notamment nationalistes, dénoncent une politique d’urbanisation jugée "anarchique".
Après l’évacuation de l’immeuble "Le Patio" à Ajaccio, suite à un glissement de talus, les réactions se multiplient du côté des élus, notamment nationalistes, et des associations de défense de l’environnement. Tous dénoncent une politique d’urbanisation "anarchique".
"Un moratoire de 10 ans sur les nouvelles constructions", pour Core in Fronte
Sur les réseaux sociaux, Core in Fronte livre une critique acerbe de l’urbanisation en région ajaccienne. "Chaque jour le béton envahit un peu plus la ville, amenant avec lui ses cohortes de primos débarquants français", fustige le parti indépendantiste.
Il demande, en conséquence, l’arrêt des constructions. "Le chantier de la rocade menaçant un immeuble doit cesser et ne plus reprendre. Dans un second temps, un moratoire de 10 ans sur les nouvelles constructions doit être acté."
Pà Aiacciu : "Les ravages de l’urbanisation anarchique"
Le groupe nationaliste d’opposition municipale Pà Aiacciu, mené par Jean-François Casalta, dénonce pour sa part "les ravages de l’urbanisation anarchique".
"I paganacci sò sempri i listessi, i manghjoni dinù !", ajoute le groupe sur sa page Facebook.
Femu a Corsica dénonce "une logique générale"
À l’instar des autres partis nationalistes, Femu a Corsica met en exergue les "limites d’une urbanisation anarchique et frénétique" en région ajaccienne. "C’est une logique générale que nous dénonçons : celle qui consiste à urbaniser sans respecter et sans prendre en compte le territoire et les gens qui y vivent, leur histoire, leurs usages, les exigences environnementales, la topographie et même la toponymie", écrit le parti dans un communiqué.
Pour Femu a Corsica, "la construction de quartiers sans cohérence d’ensemble et sans aménagement aucun va entraîner de nombreuses problématiques économiques, sociales, culturelles et sécuritaires". Le parti réaffirme donc son "attachement à la philosophie et à l’esprit du PADDUC, notamment dans sa recherche d’équilibre entre l’impératif de développement économique et social, l’exigence d’une agriculture de production, et la nécessité de préserver notre environnement et notre identité".
Il rappelle par ailleurs que "le PLU (plan local d’urbanisme) d’Aiacciu a été partiellement annulé par le TA de Bastia en avril 2021, dans une procédure pour laquelle la Collectivité de Corse s’était constituée intervenant volontaire".
"Overdose de béton", pour François Filoni (RN)
Sur sa page Facebook, le chef de file du Rassemblement National en Corse dénonce une "overdose de béton". Pour l’ancien élu municipal, "la nature envoie des messages aux promoteurs et à la mairie".
"Qui contrôle ces constructions ?"
"Ce qui devait arriver, arriva", estime Le Garde. Image aérienne à l’appui, l’association de protection de l’environnement s’interroge : "Qui contrôle ces constructions ? Qui doit veiller à la sécurité ?". Avant d’ajouter : "Les roseaux en premier plan indiquent incontestablement la présence d’une zone humide donc instable et fragile par nature".
Pour rappel, le parquet d’Ajaccio a ouvert une enquête préliminaire pour "mise en danger de la vie d’autrui". Celle-ci aura notamment pour objet "de vérifier que toutes les prescriptions réglementaires ont bien été prises par les professionnels de la construction pour assurer l’intégrité des fondations de l’immeuble, y compris en cas d’intempérie", précise le procureur d’Ajaccio Nicolas Septe, dans un communiqué.
"Responsabilité du constructeur et du syndic"
En fin de journée, la ville d'Ajaccio nous a fait parvenir un communiqué. Si celui-ci ne répond pas aux critiques formulées plus haut par les élus et les associations, il retrace l'historique du dossier. Et renvoie aux compétences de chacun des acteurs.
"Il est désormais de la responsabilité du constructeur et du syndic de copropriété du Patio1 de justifier des travaux entrepris à proximité immédiate de l’immeuble le Patio1 et d’apporter les éléments techniques permettant de déterminer s’il est menacé dans son intégrité (tout ou partie), est-il indiqué dans le texte. Le cas échéant, ils devront préciser la nature des travaux envisagés et leur calendrier. Il s’agira alors de les réaliser, dans les meilleurs délais, afin de garantir le retour des résidents en parfaite sécurité dans la résidence. L’accès à l’immeuble sera subordonné à cette exigence."
Et d'ajouter : "Les services municipaux et intercommunaux, et plus particulièrement le Centre Intercommunal d'Action Sociale (CIAS) demeurent pleinement mobilisés pour venir en aide aux familles sinistrées."
Ce lundi soir, les habitants de l'immeuble sont toujours dans l'attente d'une solution de relogement.