Suite à un risque d’effondrement, l’immeuble « Le Patio », à Ajaccio, a été totalement évacué lundi 12 décembre. Depuis, propriétaires et locataires cherchent à se reloger. Victoria et Virginie occupent, avec leur famille, une maison prêtée par des amis. Elles témoignent.
Victoria et Virginie sont mère et fille. Toutes deux sont propriétaires d’appartements au sein de l’immeuble « Le Patio », à Ajaccio. Depuis lundi, elles ont dû quitter leur logement face au risque d’effondrement de la résidence.
Avec Tino, le conjoint de Victoria, elles sont hébergées dans une maison prêtée par des amis. « Il était hors de question que l’on se sépare. Je ne peux pas partir loin de ma fille et de mon beau-fils », lance Virginie. « Mon fils m’a proposé de le rejoindre sur le continent pour Noël, mais je lui ai dit : ‘je ne laisse pas ta sœur’. Et puis si on a des papiers à faire ici, on ne peut pas. On est obligé de rester. Vous avez quand même le souci, la résidence est vide, on ne sait pas s’il y a une astreinte », continue-t-elle.
Listes
Si la famille a pu trouver une solution provisoire, elle reste fortement marquée par les nuits passées. « Même si on est logé, on ne dort pas. Cette nuit, j’ai entendu des bruits, j’ai eu la sensation que c’était comme ceux que j’avais entendus dans l’immeuble. Je me suis demandée où j’étais. Je me suis dit : ‘est-ce que je suis toujours dans l’immeuble ou est-ce que je suis en sécurité ?’ », livre Victoria.
Alors en attendant les comptes-rendus du syndic et des experts, Victoria et Tino font des listes de ce qu’ils pourraient récupérer dans la résidence sinistrée. À commencer par les couches, le lait et les vêtements de leur petite fille d’un mois. « C’est la seule chose qui me donne envie d’avancer pour l’instant, souffle Victoria. C’est un nourrisson, je ne peux pas dire qu’elle va être traumatisée, mais elle ressent tout le stress. »
« Cette nuit, des habitants, on fait des rondes »
Depuis l’évacuation de l’immeuble, les propriétaires et les locataires ont créé un groupe sur les réseaux sociaux. « C’est pour que l’on puisse s’entraider. Moralement, on est tous atteint », commente Victoria. Un groupe qui est aussi un moyen de se tenir informé. « Pour le moment, on doit se débrouiller. Cette nuit, des habitants ont fait des rondes, pour surveiller, voir s’il n’y avait pas des gens qui rôdaient. »
Si Victoria et Virginie sont satisfaites de la mobilisation de la mairie lors de l’évacuation, elles reprochent au promoteur de ne pas être venu à la rencontre des habitants. « On pensait qu’il allait peut-être louer un hôtel pour que l’on puisse rester tous ensemble, on se connaît tous mutuellement. Mais là, on est à la rue comme des malpropres. Là, c’était prenez vos affaires et débrouillez-vous » regrette Virginie.
Pour l’heure, impossible de savoir si les habitants pourront réintégrer leur logement. « Et si on ne le réintègre pas… qu’est-ce qu’on fait ? », s’interroge, les yeux dans le vide, Virginie.