Grand banditisme : les collectifs anti-mafia partagés par les annonces d'Emmanuel Macron en Corse

Le président de la République a annoncé jeudi 10 septembre, à l'occasion d'un point presse à Ajaccio, un renforcement des moyens de lutte contre le grand banditisme en Corse. Des annonces qui ont laissé les collectifs anti-mafia de l'île mitigés.

Depuis la tribune installée dans la cour de la préfecture d’Ajaccio, au matin du deuxième jour de sa visite officielle en Corse, le président de la République a tenu à être clair : les instances gouvernementales seront "très vigilantes" à ce que les 1,4 milliard d’euros investi dans l’économie Corse "ne soient pas captés par le grand banditisme".

À l’occasion d’un point presse, jeudi 10 septembre, Emmanuel Macron s’est ainsi arrêté sur l’épineuse question de la lutte contre le crime organisé et le trafic de stupéfiants. Et a promis un renforcement des moyens mis en place dans cet objectif.

 "Il est clair que la pression demeure, que nous voyons des velléités du retour du crime organisé et que les chiffres mesurés ne sauraient nous rendre trop optimistes", a constaté le chef de l’Etat.

"Il faut en la matière continuer à être très vigilant en soutien de l’ensemble des élus de la République, en soutien de l’ensemble des services de l’état. J’ai demandé aux ministres de continuer à accompagner cette vigilance pour que les résultats s’améliorent."

Des propos qui divisent au sein des collectifs anti-mafia insulaires.

"Un bon début" pour A Maffia Nò, a Vita Ié

Léo Battesti, membre fondateur du collectif A Maffia Nò, a Vita Ié, estime que ces annonces sont "un bon début".

Le collectif, reçu en préfecture de Corse-du-Sud ce jeudi 10 septembre après-midi, a eu l’occasion de présenter ses analyses sur la situation insulaire et ses propositions auprès d’un conseiller en charge de la sécurité du gouvernement.

"Le fait que nous ayons été reçus est déjà très positif, et l’échange a été passionnant." Pour autant, "nous restons vigilants parce que nous avons été tellement déçus en Corse de propos qui ne sont pas suivis par des actes, mais on note qu’il y a une avancée."

On ne parle pas encore de mafia. Mais ça viendra un jour.

Léo Battesti

Un regret cependant : "On ne parle pas encore de mafia. Mais ça viendra un jour."

"Une vraie déception" pour le collectif Massimu Susini

Du côté du collectif Massimu Susini, le constat est plus amer. Jean-Toussaint Plasenzotti, son fondateur, qualifie cette intervention de "vraie déception".

"Ce sont des déclarations trop générales, il n’y a rien de concret. On aurait aimé qu’il dise qu’il va s’intéresser à la reconnaissance du crime d’association mafieuse, que les biens mafieux confisqués ne seront plus revendus aux enchères, mais donnés au profit d’association..."

"Aujourd’hui, nous avons besoin d’outils juridiques performants pour détruire quelque chose qui est en train de devenir une société parallèle en Corse. C’est un problème de vie ou de mort."

Plus encore, l’homme se dit étonné que pas une seule fois dans son discours, le chef de l’Etat n’ait mentionné "les citoyens qui se sont élevés contre le crime organisé, en créant des collectifs, jusqu’à recevoir des menaces de mort".

Nous avons besoin d’outils juridiques performants pour détruire quelque chose qui est en train de devenir une société parallèle en Corse. C’est un problème de vie ou de mort.

Jean-Toussaint Plasenzotti

"Le président a parlé des élus, mais ce ne sont pas eux qui sont à la pointe de la lutte contre le crime organisé. Il y a bien une évolution depuis quelques années chez les politiques corses, qui auparavant avaient du mal à utiliser le terme de mafia, mais c’est justement grâce à la mobilisation des citoyens."

Jean-Toussaint Plasenzotti regrette également ne pas avoir été invité, comme l'a été A Maffia Nò, a Vita Ié, en préfecture de Corse-du-Sud pour présenter son ressenti et ses projets. "Inviter un collectif anti-mafia et un peu l'autre, c'est un peu étrange comme démarche. À la veille des un an de l'assassinat de Massimu, cela me paraissait normal."

Un an après l'assassinat de Massimu Susini

Le discours du président de la République s'est tenu presque un an jour pour jour après de l'assassinat de Massimu Susini, le 12 septembre 2019.

L'homme, âgé de 36 ans, a été tué alors qu'il se rendait sur son lieu de travail, sur la plage de Peru, à Cargèse. Un événement qui avait amené à la création du collectif éponyme, visant à dénoncer les phénomènes d'emprise mafieuse en Corse, et réclamer des actions de la part des autorités.

Le collectif A Maffia Nò, a vita iè est créé peu de temps après, le 25 septembre 2019. Avec un souhait de la part de ses fondateurs : "éveiller les consciences" à l'égard de "la mafioisation de la société".
 
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