Refus d'accession du Handball Pays Ajaccien : "C'est triste pour tout le monde"

Le Handball Pays Ajaccien (HPA) s'est vu refuser l'accession de son équipe féminine en championnat de Nationale 2. Une décision qui fait suite à l'application d'un règlement fédéral et qui plonge le club corse et ses licenciés dans l'incertitude.

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Le président du Handball Pays Ajaccien, Philippe Tormen, a décidé de jeter l’éponge et de déposer le bilan. Son club est empêché d’accéder en Nationale 2 féminines malgré des résultats sportifs le permettant.

Une décision qui résulte de l’application d’un règlement fédéral difficile à mettre en œuvre sur l’île. Et pour lequel la Corse avait jusque-là toujours bénéficié d'une dérogation. 

L'appel du club devant le CNOSF n'a pas permis de débloquer la situation.

Au sein du HPA, on se dit "triste" et "écoeuré" après cette décision.

Le reportage de Sylvie Wolinsky et Jennifer Cappaï-Squarcini : 

durée de la vidéo : 00h02mn18s
Le club de handball ajaccien s'est vu refuser son accession en championnat national. Son avenir reste très incertain. ©S. Wolinsky - J. Cappaï-Squarcini - D. Lameta

Renaud Baldacci : "On l'a su au dernier moment"

Président de la Ligue Corse de Handball, Renaud Baldacci revient sur cette décision qui émane des instances nationales. Le dirigeant corse évoque un "règlement qui existe depuis toujours, mais qui n'avait jusque-là jamais été appliqué pour la Corse". Il fait part de son incompréhension.

Sportivement, le HPA a gagné le droit à son accession au championnat de France de N2 féminines. Pourtant, il ne pourra pas y participer. Pourquoi ?

Jusqu'à maintenant, chaque Ligue régionale avait droit à un accédant. C’était acquis depuis 30 ans. Néanmoins, la Corse n'a présenté que très peu d'accédants parce que nous étions conscients des difficultés.

Cependant, les propositions de la Ligue - Corte, Bastia, le HAC par deux fois, le HPA - avaient toujours été acceptées. Là, on nous sort un règlement fédéral qui nous dit que la Ligue corse n'ayant pas six clubs évoluant dans un championnat régional, on ne peut accéder au niveau national. Ce règlement existe depuis toujours, mais n'a jamais été appliqué pour la Corse en raison de sa spécificité. Mais cette année, alors que cette fédération était au courant depuis des mois de la proposition du HPA d’accéder en Nationale 2, il n'a jamais été fait mention que ce règlement serait appliqué. On l’a su au dernier moment.

Comment expliquez-vous cela ?

Je ne voudrais pas tomber dans la paranoïa, mais je mets ça en relation avec un vœu qui a été adopté lors de l’assemblée générale fédérale de cette année : il stipule que, dorénavant, les clubs ne pourront accéder au niveau national qu'à la seule condition qu'un club évoluant déjà au niveau national soit relégué à l’échelon régional. Sur les 13 territoires, nous sommes le seul dans ce cas-là. C’est donc un règlement qui ne s'applique qu’à la Corse. Je ne vois pas de raison objective de nous proposer ça, à part une discrimination absolument notoire.

Que voulez-vous dire ?

Je m’exprime à titre personnel et je n’ai pas pour habitude de pratiquer la langue de bois. Sincèrement, les clubs corses, on nous tolère. "Vous êtes là, on ne peut pas faire autrement. On ne peut pas en accepter plus ; vous avez votre quota, vous vous débrouillez. Soyez content d'être déjà là et on se débrouille comme ça."

Derrière cela, il y a quand même un sentiment qui est en train de se répandre comme quoi ça embête beaucoup de monde de venir jouer contre les Corses, pour des raisons financières et autres. Je rappelle que l’on n’usurpe pas notre présence dans les championnats nationaux. Je vous invite à regarder les classements du GFCA, du HAC, de Corte et d'autres pour voir que nous finissons dans le haut du tableau. Sans vouloir parler au nom des autres disciplines, j’ai l’impression que l’on embête beaucoup de monde à ce niveau-là.

Comment se prépare la proposition d’accéder à l'échelon national pour un club ?

Il y a eu des discussions depuis des mois avec la Fédération afin de préparer les championnats, les arbitrages, les dates afin que ça ne bloque pas au niveau des clubs présents. Il n’a jamais été fait mention que cet article-là allait être appliqué. J'ai eu la Fédération parce que le club du HPA avait demandé à jouer dans une autre poule pour éviter justement que les clubs du continent n’aient à se déplacer deux fois dans une saison ; j'ai des réponses écrites du président qui me dit "oui oui, d'ailleurs c'est à l'ordre du jour demain". Et, le soir même, ils ont pris la décision d'appliquer ce règlement. Je le répète, ce n’est pas la Ligue qui décide de l’accession.  La Ligue propose un accédant. Nous avons proposé cette année le HPA. Nous ne l’avions pas fait l’année précédente car nous estimions que l’on n’était pas prêt. Nous avons donc proposé le HPA. Jamais il nous avait été fait état de l'application de ce règlement.

"Je suis dirigeant depuis 30 ans ; c'est la première fois que je vois un rejet de cette sorte."

Renaud Baldacci

Président Ligue Corse de Handball

Cette décision a des conséquences graves sur l’avenir du club qui pourrait déposer le bilan...

Le HPA avait préparé cette montée, pris des contacts, fait venir des joueuses, fait signer des contrats. Puis, la veille de la reprise du championnat, le club s’entend dire "Non, vous ne montez pas !". Je peux comprendre la colère du président et des administrateurs du club qui se donnent à fond pour intervenir auprès de notre jeunesse.

Tout cela aurait-il pu être évité ?

Il suffisait simplement au mois de juin ou avant qu’on nous dise que cette année le règlement serait appliqué. Là, tout le monde aurait pris ses dispositions. Tandis que là, lorsque nous avons demandé  en juin une réunion avec le président de la Fédération nationale, il nous a été répondu que fin juillet pour nous proposer une date au mois de septembre. Grosso modo, on va laisser traîner, traîner pour qu'il ne puisse rien se passer.

Quel recours reste-t-il au HPA ?

Le HPA a donc intenté une action devant toutes les commissions fédérales : la commission nationale des réclamations et litiges, puis le jury d’appel qui, évidemment, ne pouvait se retrancher que derrière cet article. Pour eux, il y a ce règlement, on ne peut pas aller contre, mais ils comprennent tout à fait la situation. Et, comble de l’ironie, le Comité National Olympique et Sportif Français - qui normalement est un organe de conciliation - n'a même pas jugé utile d'étudier l'appel du club. Je suis dirigeant depuis 30 ans et c'est la première fois que je vois un rejet de cette sorte. Le club est donc en difficulté et on va essayer de voir comment au moins sauver les jeunes. On va se rencontrer avec le président du HPA et voir ce qu’on peut faire de mieux.

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