Lors de la cérémonie d’hommage, Franck Robine s’est adressé à Gilles Simeoni. Un fait exceptionnel qui témoigne d'une volonté d'apaisement de la part de l'Etat, à deux jours d'une passe d'arme entre le président de l'exécutif et l'ex-préfète de Corse.
Une première. Lors de la cérémonie d’hommage au préfet Claude Erignac, assassiné à Ajaccio il y a 22 ans, le préfet de Corse, Franck Robine, s’est directement adressé, dans son discours, à Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse.
Un discours qui en a surpris plus d'un
« Monsieur le Président Simeoni, chacun sait votre amour et votre engagement pour la Corse dans l’exercice de vos responsabilités et les valeurs d’humanité qui guident votre action. Elles nous sont communes et l’État sera votre partenaire », a déclaré le préfet de région.Une volonté d’apaisement que le représentant de l’État dans l’île affichait plus clairement encore quelques secondes plus tôt : « L’avenir se bâtira sur une Corse apaisée, sur une Corse fière de ses spécificités. Cet apaisement, je crois profondément qu’il s’obtient par le dialogue, par le respect mutuel, par l’écoute et l’attention portée aux autres », a-t-il prononcé.
Un préfet, une préfète, deux tonalités
Une tonalité bien éloignée de celle du dernier courrier envoyé par Josiane Chevalier, en fin de semaine dernière, à Gilles Simeoni.Celle qui était encore préfète de Corse pour quelques jours y concluait près de deux ans de relations plutôt tendues entre le palais Lantivy et l'Assemblée de Corse, d'une manière peu amène :
"Alors que vous prônez la paix, l'apaisement, la bienveillance pour "sortir d'un conflit" qui opposerait la Corse au reste de la France, je constate que pour vous l'exécution sordide d'un préfet apprécié de la population et la douleur infligée à sa famille ne justifient pas ce geste d'humanité qui s'inscrirait dans cette philosophie d'apaisement.", y écrivait-elle notamment.
Les mots du préfet Robine, et son adresse à Gilles Simeoni sont en soi étonnants, et n'ont pas manqué d'interpeller les nombreuses personnes réunies pour rendre hommage au préfet Erignac.
Mais dans ce contexte particulier, ils prennent encore plus de poids.
"Ce sont des mots très forts, certainement très importants, qui m'ont été adressés mais qui au-delà de ma personne étaient adressés à l'ensemble des Corses et à l'ensemble du peuple corse, a réagi Gilles Simeoni. J'espère que ce discours et l'arrivée de ce nouveau préfet seront des actes fondateurs pour ouvrir un nouveau cycle entre la Corse et l'Etat."
Franck Robine a également rappelé la mobilisation de l'île au lendemain de l'assassinat du préfet Erignac, alors que plus de 40.000 personnes manifestaient dans toutes les villes de l’île pour clamer leur condamnation de l'acte.
« La Corse avait le visage de cette foule digne et recueillie qui, du Palais Lantivy à l’aéroport, s’est inclinée au passage du cortège funèbre, en hommage au préfet, à l’homme, à l’ami. Ce fut sans équivalent. »