Alors que l'Assemblée de Corse évoquait l'avancement de la préparation des programmes européens pour la période 2021-2027, Paul Quastana, élu Core in Fronte a évoqué la problématique de la pêche, bien moins subventionnée que l'agriculture.
"On a 1000 km de côte, on est une île, et on a une pêche qui est à l'agonie. On a des bateaux vétustes, on a des puissances de moteur bridées pour ne pas pouvoir sortir des eaux territoriales. On a des barques en bois. Quand le moteur tombe en panne, bientôt il va falloir naviguer à la voile ou à la rame. On a des filets qui coûtent très cher. Il n'y a plus personne pour les ramander. Et à côté de ça, l'aquaculture est florissante."
A l'Assemblée de Corse, Paul Quastana veut lancer le débat sur les aides européennes allouées à la pêche.
Des subventions inférieures à celles de l'agriculture
"Il semblerait que l'aquaculture récolte la plupart des subventions destinées à un enveloppe de pêche déjà ridicule", note-t-il. Pour lui, le manque de moyen et d'accompagnement du secteur a deux raisons principales. La première, c'est qu'en Corse, c'est l'Office de l'environnement qui s'occupe des pêcheurs. La pêche devrait être rattachée à l'Odarc (l'Office du développement agricole et rural de la Corse), selon Paul Quastana. "Parce que l'Odarc dispose de moyens d'ingénierie, d'administration, une connaissance du type de dossiers à monter nettement supérieur à celle de l'office de l'environnement, dont ce n'est pas le travail de s'occuper de la pêche, des bateaux et des pêcheurs." Paul Quastana note par exemple la disparité des subventions allouées, "à juste titre", insiste—il, à l'agriculture et celles touchées par les pêcheurs, notamment lorsqu'ils sont soumis à des catastrophes météorologiques.
La deuxième raison sur laquelle insiste l'élu Core in Fronte, sont les préconisations du Feampa (Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l’aquaculture), qui donne la part belle à l'aquaculture.
Pour lui, la question de la pêche doit revenir au centre des débats, alors que l'île doit s'adapter à la disparition et à l'apparition de nouvelles espèces, "qu'on ne connaît pas, dont on ne sait même pas si elles sont comestibles pour certaines."
Développer le pescatourisme
Il évoque comme solution possible la transformation des produits de pêche, notamment en conserve, et le développement du pescatourisme, l'embarquement de passagers à bord de navire de pêche.
La présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, reconnaît un "déséquilibre énorme": "je vous donne juste deux chiffres sur la dernière programmation, et encore une fois, ce n’est pas pour critiquer les aides à l’agriculture, la question n'est pas là, les agriculteurs en ont besoin. Il y a 200 millions d’euros pour l’agriculture et 5 millions pour la pêche."
"C'est la grosse pêche industrielle qui se bat à Bruxelles et ce n’est pas la petite pêche côtière comme la nôtre et celle d’autres villes côtières de méditerranéenne", détaille-t-elle.
De son côté, Flora Mattei, conseillère exécutive en charge des affaires européennes promet que la question sera évoquée en commission "dans les semaines à venir". Elle reconnaît que dans le cadre des programmes européens les élus corses doivent "essayer de rentrer des spécificités insulaires dans un cadre communautaire." "Les grands axes sont donnés par l’Europe, précise-t-elle, et c’est à nous de les enrichir et de rentrer dans le concret, dans les spécificités territoriales et insulaires". Pour elle, le Feampa permet au contraire d'investir dans la modernisation des équipements de pêche. Sur la question de la pêche, un nouveau point sur l'avancement des programmes européens aura lieu à l'Assemblée de Corse dans le courant du mois de mars.
Le débat est disponible ici, à partir de 1h27.