L’histoire tumultueuse des bus à Ajaccio

La société publique locale Muvitarra, dont dépendent les bus ajacciens, pourrait passer en cessation de paiement au mois de mai prochain. Un épisode supplémentaire dans l’histoire mouvementée des transports collectifs de la cité impériale.

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Coup dur pour les salariés de Muvitarra le 1er février dernier. Le conseil d’administration de la société publique locale (SPL) dévoile des capitaux propres négatifs. La Dreal (direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement), chargée de s’assurer de la solidité financière des transporteurs, met l’entreprise en demeure et le commissaire aux comptes émet une procédure d’alerte. 

L’an dernier, Muvitarra, dont dépend le réseau de bus ajaccien Muvistrada, enregistre un million d’euros de pertes et risquerait de passer en cessation de paiement au mois de mai prochain. Selon les chiffres publiés par l’entreprise pour l’année 2022, si le chiffre d’affaires atteint 10.7 millions d’euros, la dette cumulée, elle dépasse les trois millions d’euros. 

Rassemblés en assemblée générale extraordinaire, le 15 février dernier, certains syndicats réclament une recapitalisation de la SPL. 700.000 euros seraient nécessaires. « L’expert-comptable nous a dit qu’il fallait, pour que la société soit pérennisée, une recapitalisation. C’est inévitable. Sur ce sujet de recapitalisation, bien évidemment, nous n’avons pas eu de réponse », expliquait alors Sébastien Cerati, délégué syndical STC.

Deux millions d’euros de recapitalisation en 2018

Depuis la création de la SPL en 2016, les contributions financières annuelles de ses deux actionnaires ne cessent d’augmenter. Ainsi, en quatre ans, elles ont augmenté de 24 % passant de 6.6 millions d’euros à 8.2 millions d’euros. 

Une somme à laquelle doit être ajoutée deux millions d’euros, en 2018, au titre d’une recapitalisation. La somme permet de couvrir les déficits accumulés en seulement deux ans et est répartie au prorata des niveaux d’actionnariat, soit 1.2 million d’euros pour la Capa, qui finance Muvitarra à hauteur de 60 %, et 800.000 euros pour la mairie d’Ajaccio, actionnaire à 40 %. 

On a des taux d’absentéisme qui sont encore trop importants, entre 22 et 23 %, même si ce n’est pas l’essentiel du déficit.

Jean-André Miniconi

élu du conseil d'administration, élu de l'opposition à la Capa

À cette date, salariés et élus s’accusent mutuellement de la situation. Les premiers avancent un trop grand nombre de salaires non-budgétés, dont des cadres. Les seconds pointent un trop fort taux d’absentéisme qui impliquerait un recours à des effectifs supplémentaires, en contrats à durée déterminée, mais aussi des paiements en heures supplémentaires. Ces positions sont peu ou prou identiques dans la crise que traverse Muvitarra en ce début d’année 2024. 

Selon les chiffres de 2020, le taux d’absentéisme au sein de la société s’élevait à 23 %, avec des pics saisonniers à 30 %, contre 7.5 % au niveau national dans le même secteur. Un signe, selon Jean-André Miniconi, élu du conseil d’administration et élu de l’opposition à la Capa interrogé le 15 février dernier, d’un certain mal-être au travail. Il note néanmoins : « Les salariés doivent faire des efforts, on a des taux d’absentéisme qui sont encore trop importants, entre 22 et 23 %, même si ce n’est pas l’essentiel du déficit. »

De longs mouvements de grève

Avant d’entrer dans le giron de la Capa, en 2004, les autobus de la cité impériale étaient exploités par une filiale du groupe Transdev, sous la marque commerciale TCA pour transports collectifs ajacciens, sous forme de délégation de service public depuis 1984. Un contrat renouvelé en 2010, pour une durée de cinq ans pour un coût de 5.2 millions d’euros par an. 

Durant cette période, déjà, le réseau d’autobus de la cité impériale est perturbé par les conflits sociaux. Trois d’entre eux ont marqué l’histoire de l’entreprise de par leur durée : en 1995 un mouvement de grève immobilise les engins durant deux mois, en 1996 une autre mobilisation s’étale durant 27 jours et enfin en 2011, les chauffeurs de bus débrayent durant plus de trois semaines. 

Ces conflits sociaux récurrents, accompagnés de nombreux retards, de bus qui, parfois, ne passent tout simplement pas, et de lignes défectueuses noircissent aux yeux de certains usagers l’image de l’entreprise. 

Pour l’heure, aucune solution ne semble avoir été trouvée par la communauté d’agglomération du pays ajaccien quant à la remise à flot de Muvitarra. Stéphane Sbraggia, président de la Capa et maire d’Ajaccio, a simplement indiqué au micro de France 3 Corse ViaStella le 16 février dernier, « travailler à un plan d’actions afin de redonner à cette entreprise ses moyens d’action ». Il souligne « qu’aucun levier n’est écarté ». De leur côté, les syndicats intiment aux élus de leur communiquer une réponse « très rapidement » sans quoi, assurent-ils, un préavis de grève sera déposé. 

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