L'écrivain Christian Chatillon dédicaçait aujourd'hui à Ajaccio son tout nouvel ouvrage : "Relations corses". Il y raconte les liens parfois étroits entre les politiques et les voyous corses.
Il a un de ces parcours que l'on décrirait comme étant « atypique ». Professeur de lettres classiques au collège Gérard Philipe d’Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne, depuis 1980, Christian Chatillon a aussi fait son nid dans le journalisme, en signant des papiers pour des titres aussi divers que La Vie, 30 millions d'amis ou encore VSD.
Et depuis quelques années, il a ajouté une nouvelle fonction à son CV : celle d'écrivain.
Après « Strass et Voyous » en 2009, qui plonge dans les souvenirs de cinéma et paillettes de François Marcantoni; et « Contre-enquête sur l'affaire de Broglie », en 2015, qui s'interroge sur la version officielle de l'assassinat du député Jean de Broglie...
Christian Chatillon signe un tout nouvel ouvrage : « Relations corses, politiques et voyous, intérêts croisés, destins tragiques ».
Politique et grand banditisme
Dans cet ouvrage qui vient de paraitre aux éditions L'Artilleur, Christian Chatillon s'intéresse à tous ces « hommes d'affaires », patrons de bars ou de casinos, voire même piliers de la vie politique française, liés de près ou de loin avec ce qu'on a coutume d'appeler le « milieu ».
Il raconte ainsi comme certains insulaires, poussés par l'appât du gain, ont cherché en partant sur le continent à devenir « quelqu'un ». Parmi eux, Antoine Guerini.
« Quand Antoine est arrivé à Marseille, il avait une lettre de recommandation d'un Corse, raconte l'auteur. Et la lettre était adressée aux frères Renucci.» Figures du grand banditisme français, ils étaient aussi, explique Christian Chatillon, « des agents électoraux du président de la chambre des députés Ferdinand Bouisson.»
Echanges de bons procédés
A partir de documents et de témoignages, l'auteur décrit, au fil du temps, l'implication de grands noms mafieux corse dans la vie politique de la Ve République.
Je ne crois ni au saint, ni au salaud
On y retrouve notamment Francois Marcantoni, Jean-Dominique Fratoni, Marcel Francisci, mais aussi Alexandre Sanguinetti et Charles Pasqua.
Il faut dire que pour l'écrivain, le monde n'est jamais ni tout noir, ni tout blanc : « Il y aura toujours des voyous, parce que la nature humaine est ce qu'elle est, avec des gens plus ou moins malhonnêtes et d'autres qui sont très bons. Mais je ne crois ni au saint, ni au salaud.»
Sur 192 pages, Christain Chatillon décrit une multitude d'échanges de bons procédés entre politique et « milieu », de la libération à 2017. D'ailleurs, pour lui, homme politique et truand accompli ont deux points communs : celui d'avoir réussi à « se trouver un bon "parrain", et être capable de tuer ».
Tuer qui se décline ici dans son sens le plus strict, et celui de savoir dézinguer un rival en politique.
L'auteur finit son ouvrage sur une citation de Napoléon Bonaparte : "l'histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d'accord ».
De quoi inviter le lecteur à pousser sa réflexion encore un peu plus loin.