À l'initiative du comité régional des pêches, quatre jeunes diplômés de l'Université de Corse ont été recrutés pour composer la Brigade bleue. Une nouvelle unité destinée à sensibiliser et à faire de la prévention auprès des usagers de la mer et du littoral.
Ils s'appellent Alice, Charlotte, Matteo et Jérémy. Ils ont entre 20 et 25 ans et sont tous issus de l'Université de Corse. Tous les quatre ont été recrutés par le comité régional des pêches pour former la Brigade bleue.
"Nous avons reçu une trentaine de CV, indique Jessica Dijoux, directrice du comité. Nous voulions absolument des gens qui avaient suivi un cursus scientifique et halieutique. Pour nous, il était impensable que quelqu'un aille faire de la diffusion d'informations sur la pêche et de la réglementation halieutique sans reconnaître les poissons."
Cette nouvelle brigade a commencé ses premières actions il y a une dizaine de jours.
Directrice du comité régional des pêches de Corse, Jessica Dijoux déroule les missions de cette unité qui sera présente dans chacune des quatre prud'homies de l'île.
"Diffuser les bonnes pratiques et la réglementation"
France 3 Corse : Comment se présente cette nouvelle Brigade bleue ?
Jessica Dijoux : Déjà, il faut savoir que ça n'existe nulle part ailleurs. Le comité des pêches a déposé un projet qui a été accepté dans le cadre des plans de relance nationaux pour la création de cette Brigade bleue.
Elle est composée d'agents de terrain du comité régional des pêches de Corse. Leur but est de faire de la sensibilisation et de l'information sur les bonnes pratiques de pêche. Ce n'est donc pas pour faire de la répression mais vraiment pour diffuser de l'information.
Quelles seront les différentes actions ?
Il y en aura plusieurs : elles auront lieu sur le terrain et surtout en période estivale pour aller au devant des usagers de la mer et du littoral (plaisanciers, pêcheurs amateurs etc.). La mission de cette brigade est de diffuser les bonnes pratiques de pêche, la réglementation et d'avoir une présence sur le littoral.
Les quatre personnes recrutées interviendront également auprès des scolaires pour faire une fois de plus de la sensibilisation, tout en essayant de susciter des vocations pour les métiers de la pêche.
Quatre salariés - un par prud'homie - composent la Brigade bleue. Ils sont engagés en CDD pour une durée de 18 mois. Comment les avez-vous recrutés ?
Le recrutement s'est effectué en janvier dernier. Les agents ont été choisis par le comité des pêches. Nous avons reçu une trentaine de demandes.
Dans un premier temps, ils ont été formés au lycée maritime de Bastia sur la réglementation et l'information générale qu'ils doivent diffuser. Ensuite, ils ont travaillé en interne pour créer toutes les plaquettes de diffusion sur la réglementation et sur les bons gestes écologiques, ainsi que tous les supports pour aller au devant des scolaires. Nous étions donc dans une "phase de bureau" avec la préparation de ces supports. Récemment, le 17 mars, ils ont effectué leur toute première action officielle sur le terrain avec des scolaires de Borgo et Lucciana.
Désormais, ils seront donc sur le terrain au quotidien à partir du 1er avril ?
Oui. Leur présence n'a pas pour but de renforcer les équipes de contrôle déjà en place mais d'aller là où il y a beaucoup moins de monde, de pression, et de contrôle pour aller au devant des usagers et ainsi distribuer les plaquettes et toutes les informations nécessaires.
Cela signifie que leur champ d'action s'effectuera également en dehors des espaces dits "aire marine protégée" ?
Oui, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne pourront pas intervenir dans une "aire marine protégée" (AMP). Je le rappelle, le but n'est pas à nouveau de renforcer les équipes de contrôle. C'est vraiment d'aller sur des territoires où, justement, il n'y a pas beaucoup d'agents, pas de présence continue et donc pas beaucoup de sensibilisation pour pouvoir faire le relai sur ce terrain-là.
Vos agents vont certainement croiser ceux de l'Office de l'environnement, du Parc Naturel Régional, des services de l'État qui peuvent dresser des procès verbaux. Y aura-t-il un travail en commun ?
Nous sommes en train de présenter notre Brigades bleue à l'ensemble des gestionnaires pour qu'ils se connaissent. Il pourra y avoir potentiellement des échanges sur le terrain mais nous travaillerons plutôt en parallèle sur des thématiques différentes. Nos quatre salariés ne sont pas assermentés. Ils vont distribuer les documents et porteront une tenue officielle "Brigade bleue" du comité des pêches.
Cette initiative pédagogique répond également à des problématiques, comme celle de la surfréquentation qui a notamment un impact sur l'activité des pêcheurs professionnels...
Oui. D'ailleurs, les pêcheurs professionnels se plaignent souvent qu'il n'y a pas assez d'informations et de diffusion des connaissances au sujet de la réglementation pour le touriste lambda et même pour les locaux. On passe tout de suite à la phase de répression avec des contrôleurs. Nous avons pris le pari d'informer pour pouvoir limiter les nouvelles actions.
Les pêcheurs professionnels demandaient la création de cette brigade depuis plusieurs années. Si l'expérience s'avère probante, sera-t-elle renouvelée ?
Oui. Notre souhait est de pérenniser ces quatre emplois. Maintenant, il nous restera à trouver les financements nécessaires pour y parvenir. À travers cette démarche, on essaie aussi d'aller vers les jeunes générations afin de susciter des vocations aux différents métiers de la pêche.