Pour préserver la ressource de poissons, il existe des zones protégées, sanctuaires de la biodiversité. En Corse, la réserve naturelle des bouches de Bonifacio en est une. Les agents de l'office de l'environnement y mettent en place un programme européen en concertation avec les pêcheurs.
C'est une technique qui remonte à la préhistoire et que l'on croyait oubliée : la pêche à la nasse est à nouveau utilisée à titre expérimental dans la réserve naturelle des bouches de Bonifacio. Cette méthode, qui nécessite une cage en jonc et en bambou, est beaucoup plus respectueuse pour la ressource que ne le sont les filets.
C’est le fruit d'une collaboration entre la prudhommie de Bonifacio et l'office de l'environnement dans le cadre d'un projet européen baptisé DACOR.
« On identifie les espèces communément pêchées par les pêcheurs -du sar commun, de la daurade grise, et on va pouvoir aussi observer des espèces plus rares. Des espèces nouvelles, comme des espèces thermophiles, des espèces qui deviennent envahissantes… Ça va permettre de faire un suivi des nouvelles espèces arrivées dans la réserve », explique François Cesari, observateur en mer pour l'Office de l'environnement de la Corse.
Suivi
Les espèces présentes font l'objet d'un suivi scientifique scrupuleux depuis 1999, date de la création de la réserve. 80 000 hectares au large de Bonifacio scrutés par les patrouilleurs de l'office de l'environnement qui multiplient les contrôles chaque jour.« Un effort très important est fait par la surveillance pour aller rencontrer les pêcheurs, pour les informer sur la règlementation, pour les sensibiliser aussi », précise Marie-Catherine Santoni, scientifique à l'Office de l'environnement de la Corse.
Certaines zones de protections sont partielles et d'autres sont intégrales. La pêche professionnelle y est règlementée. La pêche sous-marine est interdite partout dans la réserve.
« Aujourd’hui ce qu’on peut voir c’est particulièrement les indices d’abondance de poisson, sur un pool de 23 espèces sédentaires, on a des augmentations de biomasse qui sont, à l’échelle de la Méditerranée, 1,5 fois plus importante dans ces zones de protection partielles. Elles sont 5 fois plus importantes dans les bouches de Bonifacio. Sur la zone de la Vacca, sur la zone des Cerbicale, en zone de protection renforcée également, on a des indices d’abondance qui ont été multipliés par 10 en moins de 10 ans », note Marie-Catherine Santoni.
Une abondance de poissons multipliée par 10 sur certaines zones
Bonifacio fait figure d'exemple, mais dans le reste de la Corse la situation est plus contrastée. Notamment concernant la langouste : 50 % de la ressource a disparu au cours de ces 20 dernières années, principalement à cause de la surpêche en été. Des pistes sont à l'étude pour inverser la tendance.« On peut demander aux pêcheurs de faire des efforts en matière de gestion, de diminuer leur effort de pêche au filet, ou de se reconvertir vers d’autres techniques de pêche à la langouste –je pense particulièrement à la nasse. Ou vers d’autres espèces –grand pélagiques ou espèces de poissons moins menacées. En revanche, on ne peut pas leur imposer à mon sens, des restrictions fortes du jour au lendemain, si on ne les accompagne pas économiquement », estime Jean-Noël Livrelli, responsable du département écosystème marin à l' Office de l'environnement de la Corse.
Tout l'enjeu de ses prochaines années et de trouver un équilibre entre la préservation de la biodiversité et l'essor économique de la pêche et des activités touristiques. En haute saison, jusqu'à 20 000 personnes visitent chaque jour le panorama unique des bouches de Bonifacio.