CARTE. Combien ça coûte de manger au restaurant en Corse ?

En été sans doute plus encore que le reste de l'année, les touristes comme les locaux apprécient aller dans les restaurants plutôt que de batailler des heures derrière les fourneaux. Des plaisirs qui peuvent néanmoins présenter un budget conséquent pour les consommateurs, et qui en période d’inflation peuvent même devenir un luxe ou en décourager certains… Nous avons voulu en estimer le prix.

Plus simple, plus rapide, parfois même meilleur, manger au restaurant coûte aussi plus cher qu'à la maison. Mais combien faut-il débourser exactement pour déguster un repas complet en Corse cet été ? France 3 Corse ViaStella a établi une moyenne de la facture à débourser pour les consommateurs.

[Lecture de carte : en bleu, les prix moyens répertoriés pour les restaurants "milieu de gamme", en violet, ceux des restaurants "haut de gamme". Cliquez sur la carte pour l'agrandir et accéder à sa légende.]

Les prix pour l’ensemble des villes et des restaurants ont été répertoriés entre le 17 et le 18 août 2023. Ils sont donc susceptibles de varier entre les mois, les saisons, et les possibles variations de carte des établissements.

De 26 à presque 40 euros par personne (sans boissons)

Pour faciliter la lecture, le choix s’est porté sur neuf villes : Ajaccio, Bastia, Bonifacio, Calvi, Cargèse, Corte, Porto-Vecchio, Saint-Florent et Ile-Rousse. Pour une partie, elles sont parmi les plus peuplées – à l'année – de l’île ; pour l’autre, elles sont de celles qui connaissent le plus fort afflux touristique au cours de la saison estivale.

Pour chacune de ces villes, deux catégories de restauration ont été distinguées : celle classique ou à thème et dite de « milieu de gamme » (c’est-à-dire aux tarifs généralement plus « accessibles ») ; et celle considérée comme plus "haut de gamme" (gastronomique). Pour l'une et l'autre catégorie, les cartes de trois restaurants distincts ont été étudiées dans chaque ville pour en tirer une moyenne.

Dans chacun des cas, il s'agit d'un repas pour une personne, le soir, avec une entrée, un plat et un dessert.

Pour les établissements proposant une formule entrée-plat-dessert, c’est celle-ci qui a été retenue. Pour les autres, ce sont les produits les moins onéreux de la carte – à savoir l’entrée la moins chère, le plat le moins cher, et le dessert le moins cher – qui ont été sélectionnés.

Données et limitations

Si ces données permettent d'avoir une idée générale du prix moyen d’un repas au restaurant en Corse cet été 2023, certaines limitations restent à prendre en compte.

D’abord parce que la sélection d’établissements est nécessairement subjective : d’autres établissements pourraient modifier ces moyennes.

Ensuite, parce que le menu type ici sélectionné, à savoir entrée-plat-dessert, ne comprend pas de boissons, alcoolisées ou non, boissons qui font mathématiquement grimper la note – d’autant plus que les prix des vins et autres softs connaissent une augmentation conséquente depuis plusieurs mois -.

Des factures toujours plus salées

Reste un constat généralisé : qu'il s'agisse de restauration rapide, à thème ou gastronomique, les prix sont plus élevés par rapport à l'an dernier. Des factures passant parfois du simple au double à menu équivalent, reprochent certains clients. En cause, sans surprise, l'inflation généralisée constatée depuis l'été 2021, impliquant des coûts plus élevés des transports, de l'eau, de l'énergie, ou encore des matières premières.

Des hausses que les restaurateurs se trouvent contraints de répercuter sur leurs additions, défendait en mai dernier auprès de France 3 Corse ViaStella Angela D'Oriano, vice-présidente de la branche restauration au sein de l'UMIH - Union des métiers et de l'industrie - de Corse.

En parallèle, depuis la fin du Covid, "on a enregistré dans la restauration une hausse de 19% du salaire net des employés, 30% en ajoutant les charges", détaillait-elle, estimant qu'en moyenne, et sur l'ensemble des établissements de restauration insulaires confondus, la hausse des prix à la carte depuis l'an dernier serait de l'ordre de 30%.

Contactée, la branche régionale de l'UFC que Choisir indique ne pas détenir de chiffres précis permettant de faire une comparaison des prix des additions entre 2022 et 2023 au restaurant. Mais une récente étude INSEE, basée sur des données de 2022, confirme qu'outre l'inflation, les prix sont plus élevés de 7% en Corse qu'en France de province, +14% pour l'alimentaire, avec un surcoût jusqu'à +12% pour les produits de consommation essentiels (laitages, viandes, fruits et légumes).

Un écart des prix par rapport à la province qui a doublé depuis 2015. Ceci, alors que la Corse pâtit de salaires plus bas (-17% que la moyenne française en Haute-Corse, -14% en Corse-du-Sud).

La Corse est-elle encore une destination concurrentielle ? 

Depuis le début de l'été, les professionnels de la restauration déplorent une baisse globale de fréquentation cet été, citant par endroits jusqu'à -50% de consommation pour le mois de juillet. Des données à mettre en perspective néanmoins avec celles des transports : pour le même mois, les aéroports de l'île ont bien enregistré une baisse par rapport à l'an dernier... mais de l'ordre de 5%.

Faut-il alors comprendre que les touristes, bien présents quoi qu'un peu moins nombreux, et les locaux bouderaient les restaurants, devenus trop onéreux pour leur budget ? À écouter certains clients, l'inflation ne justifie pas toutes les hausses à la carte. Ces derniers soupçonnent ainsi des établissements d'en "profiter" pour gonfler démesurément leurs prix, et ainsi augmenter leurs marges.

Des prix qui en deviennent par endroits rebutants, la qualité des produits et la prestation dans son ensemble ne suivant pas forcément. Le comparatif est parfois d'autant plus douloureux quand il est effectué avec des destinations touristiques concurrentes et rapprochées, comme l'Italie. Un exemple : à taille et qualité d'ingrédients similaire - voire supérieure -, les pizzas y sont en moyenne 20 à 30% moins chères qu'en Corse.

De quoi poser la question, en filigrane, du caractère concurrentiel de la Corse.