Durant 1H30, Gilles Simeoni a défendu l'idée d'une plus grande autonomie de la Corse au sein de la République française devant la chambre haute du Parlement. L'occasion de prendre le pouls du Sénat, qui sera le premier à se prononcer sur le texte.
"C'était un beau plaidoyer". Voilà le commentaire qui revenait le plus souvent, dans la bouche des sénateurs, dans les couloirs du palais du Luxembourg, à la sortie de l'audition de Gilles Simeoni devant la commission des lois.
Peu importe le bord politique, les élus saluaient un exposé "remarquable", mené par "un homme qui connaît parfaitement son sujet".
Lignes rouges, toujours
Sur la forme, le président de l'exécutif a donc reçu les félicitations du jury.
Sans surprise, sur le fond, c'est plus nuancé.
D'abord, il y a bien sûr les quatre points les plus sensibles, ceux du pouvoir législatif, mais également du peuple corse, de la coofficialité de la langue, et du statut de résident. Elles ont soulevé de nombreux débats, pas encore tranchés, entre les élus corses et Paris, durant les discussions de Beauvau.
Tout ce qui viserait finalement à détruire l'unité de la République, je m'y opposerai
Francis Szpiner
Certains ne font pas mystère de leurs réticences, à l'image du sénateur Francis Szpiner. "Voter le statut d'autonomie de la Corse ne me pose pas de problème. Ce qui me pose problème c'est le contenu. Et tout ce qui viserait finalement à détruire l'unité de la République, je m'y opposerai".
Une position conforme à celle de sa famille politique, les Républicains, qui est majoritaire au Palais du Luxembourg...
Mais au-delà de ces "barrières politiques et symboliques", ajoute le sénateur de Paris, il y a des questions bien plus terre-à-terre qui vont bientôt se poser, et qu'il faut prendre en compte dans la réflexion que doit mener la commission :
Trouver des solutions
Pour autant, l'espoir demeure.
Écouter, débattre, et réfléchir, sans entrer dans la polémique. C'était la volonté affichée hier par la commission des lois, comme nous l'expliquait son président, François-Noël Buffet, également LR : "Le Sénat est l'institution des collectivités locales. Il est toujours très sensible à ce qui se passe sur les territoires. C'est également une institution de dialogue, et de construction. Ce n'est pas un lieu où l'on casse, mais un lieu où l'on essaie de trouver des solutions".
Nous sommes décentralisateurs, et nous sommes favorables à étudier des solutions qui permettent de trouver un aboutissement à ce qu'a voté l'assemblée de Corse
Hervé Marseille
Du côté de la majorité, le groupe Union centriste va même plus loin, par l'intermédiaire de son président, Hervé Marseille : "nous sommes décentralisateurs, et nous sommes favorables à étudier des solutions qui permettent de trouver un aboutissement à ce qu'a voté l'assemblée de Corse".
Match retour en Corse
Après une heure et trente minutes d'audition, devant les quinze sénatrices et sénateurs, Gilles Simeoni semblait satisfait de cette première étape dans la longue conquête du soutien des parlementaires qui débute :
"J'attendais ce moment avec impatience, on a pu aller au bout de la discussion, se parler de manière très directe. J'ai essayé de le faire avec sincérité, sans rien taire de nos attentes, de nos espoirs, de la dimension historique et politique de notre idéal, et en essayant de dire qu'il faut impérativement que nous trouvions les points d'équilibre, notamment tels qu'exprimés dans le projet d'écriture constitutionnelle et puis en arrière-plan la loi organique, le statut d'autonomie, et la solution politique globale".
La prochaine étape, c'est la venue de la commission des lois du Sénat en Corse, lundi et mardi prochain, afin de prendre la température sur le terrain...