Assemblée de Corse : le bicentenaire de Napoléon, un sujet sensible

Selon le groupe Andà Per Dumane, la majorité territoriale "réécrit l'histoire de la Corse", en refusant de saluer comme il se doit la mémoire de Napoléon. Du côté de Corsica Libera, on parle de "pitreries" venues de l'opposition. 

"Depuis décembre 2015, on peut célébrer Pascal Paoli, la bataille de Ponte-Novu, les pendus du Niolu ou Maria Gentile, mais pas Napoléon". Quelques jours après la session de l'assemblée de Corse du 26 février dernier, Andà Per Dumane et son président, Jean-Charles Orsucci, ne décolèrent pas.

La raison du mécontentement du groupe d'opposition, le sort réservé à la motion qu'elle portait, concernant la commémoration en Corse du bicentenaire de la mort de l'Empereur.

Une commémoration qui divise

Andà Per Dumane revient sur les raisons qui ont présidé à sa rédaction : "ll nous semblait anormal que le Collectivité de Corse, en sa qualité de premier acteur institutionnel et culturel de l'île, ne s'associât pas à cet événement, et n'ait à ce jour entrepris aucune démarche"

Tentative de réécriture éhontée de l'histoire de Corse.

Andà Per Dumane

Seulement voilà : au moment de l'examen de la motion, Jean-Guy Talamoni a "souhaité déposer en dernier ressort, juste avant l'examen (...), un amendement remplaçant l'ensemble de nos considérants par un simple visa." Une grande première, selon le groupe d'opposition, qui y voit une manoeuvre contraire "à l'usage démocratique de l'assemblée de Corse". 

Pour Petru Antone Tomasi, la réaction de l'opposition est "una carnavalata". "La motion en elle-même ne posait aucun problème ! Il n'a jamais été question de dire qu'il ne fallait pas commémorer. Mais de toute évidence, Jean-Charles Orsucci et les siens cherchaient l'incident.
De quelle manière ? 

"Référence quasi-sacrilège"

En inscrivant, au sein de la motion : "Considérant que Napoléon a consacré le lien indéfectible entre la France et la Corse". "Une référence quasi-sacrilège pour la majorité territoriale", reconnaît Andà Per Dumane dans son communiqué. 

Sur cela au moins, les deux camps sont tombés d'accord. "Comment voulez-vous que l'on puisse laisser passer cela, vu notre positionnement politique ?", s'anime le président du groupe indépendantiste.

"On ne pouvait pas voter un tel considérant. Alors il nous semblait plus judicieux de se mettre d'accord sur une motion plus consensuelle. C'était le sens de l'amendement de Jean-Guy Talamoni. Mais Jean-Charles Orsucci a préféré retirer la motion. Nous appelons cela une tentative d'instrumentalisation politicienne".

Une commémoration, ce n'est pas une célébration.

Jean-Guy Talamoni

Jean-Guy Talamoni ne dit pas autre chose. "A Corsica Libera, cela fait des années qu'on travaille sur les commémorations, la recherche historique, l'idée de tourisme mémoriel. On a fait plus que bien d'autres n'ont fait, au sujet de Napoléon. Y compris la Droite la plus napoléonienne. Et on vient nous présenter une motion bancale, rédigée sur un coin de table...."

 Le président de l'assemblée de Corse l'assure, "il y aura des commémorations. Commémoration, ce n'est pas célébration. On peut être d'accord ou pas avec ce que Napoléon a fait, mais cela n'entre pas en ligne de compte. On n'est pas là pour dire ce qui est bien et ne l'est pas. Mais pour travailler sur la mémoire..." 

Les territoriales en ligne de mire

Une chose est sûre, au-delà de la simple question mémorielle autour de la figure controversée de Napoléon, d'autres enjeux sous-tendent la polémique. 

L'opposition a reproché à la majorité territoriale, ces dernières semaines, un durcissement de son discours vis-à-vis de Paris. Et Andà Per Dumane, n'a pas manqué l'occasion d'enfoncer le clou avec son communiqué de presse :  
"Les Corses apprécieront à sa juste valeur cette lecture sélective et partiale des héros de la Corse, où après avoir enlevé les drapeaux tricolores des frontispices et des bureaux officiels de notre collectivité, on réécrit son histoire". 

Le groupe a également fait savoir qu'il ne participera plus aux débats futurs sur les motions, "dont l'usage démocratique à géométrie variable aura fini d'achever la crédibilité déjà largement entamée par des sujets exotiques ou fantaisistes".

Si on en doutait encore, maintenant on en est sûrs. La campagne des territoriales de juin 2021 est bien lancée. 

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