A travers un communiqué authentifié par nos confrères du Corse-Matin, le mouvement clandestin signe sa première action violente depuis son retour sur le devant de la scène politique insulaire.
Le 2 septembre dernier, une quarantaine de militants, cagoulés et lourdement armés, brandissaient le spectre d'un retour à la lutte armée, lors d'une conférence de presse vindicative.
On sait désormais que c'était plus qu'une menace. Le FLNC a revendiqué, aujourd'hui, la tentative d'attentat qui a visé quatre bungalows de Capo di Feno, tout près d'Ajaccio. La date de cette tentative d'attentat ? Le 1er septembre dernier. A la veille de la conférence de presse.
On peut s'interroger sur les raisons pour lesquelles le FLNC n'a pas profité de cette conférence de presse initiale, où aucun journaliste n'était présent, pour revendiquer l'action de la veille.
Il est possible que ce silence ait eu pour but de laisser toute la place médiatique à la longue analyse politique des dernières élections territoriales, qui était au cœur de la communication du mouvement ce jour-là.
Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête
Le communiqué d'aujourd'hui, lui, est consacré à la spéculation dont serait victime la Corse. De la part de "propriétaires", "d'une partie du monde agricole", et des "étrangers". Mais le FLNC a choisi de se concentrer sur une cible : la SCI Capo di Feno comme "un symbole éclairant" de cette spéculation.
Communiqué de revendication du FLNC.
"Notre jeunesse qui veut produire sur sa terre ne trouve pas de surface agricole pour travailler mais un spéculateur français, lui, en trouve aisément. Et sans notre intervention rien ne se passait. Nous revendiquons l'action contre les constructions de la SCI "Capo di Feno" et exigeons le départ de Corse de la famille Mirand. SPECULATORI FORA", conclut le FLNC.
Le lendemain, le parquet antiterroriste a indiqué ouvrir une enquête "suite au dessaisissement du parquet d'Ajaccio pour association de malfaiteurs terroriste et destruction et tentative de destruction par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste". Les investigations ont été confiées à la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et à la Direction territoriale de la Police judiciaire (DTPJ) d'Ajaccio.
Action isolée ou première d'une série ?
Indéniablement, les deux principales organisations clandestines, qui sont apparues massivement armés et pour la première fois unies, voulaient marquer les esprits par une véritable démonstration de force, le 2 septembre dernier. Aujourd'hui, cette revendication d'une action avortée pose la question de la réelle capacité d’action du FLNC, au-delà d'avoir clairement affiché sa volonté de suspendre son processus de démilitarisation et de passer à nouveau à l’action.
Les prochains mois nous diront si cette première action violente menée à Capo di Feno était une manière de souligner que les menaces proférées étaient à prendre au sérieux, ou si elle est le coup d'envoi d'une véritable reprise de la lutte armée...