Déchets en Corse: "en cas de nouvelle crise, le site de St-Antoine ne sera pas la solution", prévient Laurent Marcangeli

Mercredi 30 juin, un rapport sur le prix et la qualité du service public de prévention et de gestion des déchets ménagers du pays ajaccien a été présenté au conseil communautaire. Entre 2019 et 2020, le tonnage de déchets enfouis a baissé de 6 % à mesurer avec le contexte de crise sanitaire.

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Un bilan en apparence positif. Entre 2019 et 2020, le tonnage de déchets enfouis, pour les 10 communes de la communauté d’agglomération du pays ajaccien (Capa), a diminué de 6 %. Un chiffre révélé dans le rapport 2020 sur le prix et la qualité du service public de prévention et de gestion des déchets ménagers et assimilés, présenté lors du conseil communautaire de l’institution mercredi 30 juin.

Dans le détail, durant l'année écoulée, chaque habitant de la Capa a globalement produit 563 kg de déchets, dont 386 kg enfouis et 177 kg de matière valorisée. Des statistiques qui font dire à l'institution que "la production globale des déchets du Grand Ajaccio amorce une baisse".

Mais dans un contexte de crise sanitaire, la Capa se veut cependant prudente et précise : "il est à espérer que la baisse des déchets non valorisés ne provienne pas uniquement des effets de la crise sanitaire et de son impact sur l'activité économique." À titre d'exemple, si une diminution des déchets produits est aussi observée sur la collecte sélective, la production d'emballages a quant à elle augmenté de 4 kg par habitant l'année dernière.

Un fait s'expliquant par la fermeture des commerces durant les diverses périodes de confinement et la hausse de la vente par correspondance. "Cette année a été difficile en la matière, mais l'institution n'a pas à rougir de son bilan", commente Laurent Marcangeli, président de la Capa et maire d'Ajaccio.

74 % du contenu des poubelles encore à valoriser

Le pays ajaccien souligne dans le même temps "un taux de valorisation de 31 %, qui a plus que doublé depuis 2015." Un chiffre qui ne satisfait pas pleinement l'institution qui estime à 74 % le contenu des poubelles pouvant être encore valorisé.

Selon le rapport, un sac-poubelle d'un habitant du pays ajaccien contient : 12.1 % des textiles ; 12.5 % de carton ; 21.73 % d'emballages ; 8.8 % de journaux ou de papiers ; 4.7 % de verre ; 14.2 % de déchets putrescibles et 25.97 % de déchets ultimes. Un taux de recyclage faible qui est lié, d'après l'institution, "au milieu et à la forme d'habitat". "Il est bien plus difficile d'obtenir de bons résultats en habitat collectif et vertical, qui représente 85 % des habitants sur le territoire de la Capa", note le rapport.

Un coût de traitement en augmentation de 21 %

Entre 2019 et 2020, les charges liées au traitement des déchets dans les communes de la Capa, et notamment celle du Syvadec, sont passées de 9.5 millions d'euros à 11.5 millions. Soit une augmentation de 21 %, expliquée notamment par la crise des déchets qui a une nouvelle fois frappé l'île l'an passé, la réouverture du site de Saint-Antoine et l'exportation de balles vers Nice.

Dans quelques mois, nous risquons de nous retrouver avec des déchets dans nos rues, je ne veux pas relancer la presse à balles et le stockage à Saint-Antoine. Il faudra trouver une autre solution.

Laurent Marcangeli, président de la Capa

Pour rappel, en avril dernier, suite à la fermeture administrative du centre d'enfouissement des déchets de Prunelli-di-Fium'orbu et le blocage du second site, à Viggianello, par un collectif de riverains, la Corse ne sait plus quoi faire de ses ordures qui s'entassent dans les rues. Le site de Saint-Antoine est alors rouvert et les presses à balles réactivées. Huit tonnes de déchets y sont stockées, 10.000 balles, jusqu'à la mi-mai. Date à laquelle elles ont été exportées en région Provence-Alpes- Côte d'Azur pour incinération.

Un geste que Laurent Marcangeli ne compte pas réitérer. "L'année dernière, la Capa a fait preuve de solidarité puisqu'elle a mis en balles des déchets qui ne venaient pas de son territoire. Mais de crise en crise, la situation ne peut pas toujours revenir sur la même solution. Il n'y a pas d'automaticité à la réquisition de Saint-Antoine, prévient-il. Dans quelques mois, nous risquons de nous retrouver avec des déchets dans nos rues, je ne sais pas ce qu'il va se passer, mais je ne veux pas relancer la presse à balles et le stockage à Saint-Antoine. Il faudra trouver une autre solution."

Selon les estimations de la communauté d'agglomération du pays ajaccien, une nouvelle crise des déchets pourrait survenir dès le mois d'octobre prochain. 

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