Le Conseil exécutif a présenté jeudi son plan de sortie du confinement pour la Corse. Objectif : une sortie par paliers pour concilier offre touristique et sécurité sanitaire face à la crise du coronavirus.
Pour le conseil exécutif de Corse, le déconfinement doit se faire sur l’île par paliers, "dans une logique d’apprentissage et de capitalisation des expériences de sortie du confinement, avant de passer à la relance des activités économiques et touristiques."
C’est le but de son plan de sortie du confinement, présenté jeudi devant l’Assemblée de Corse, au moment où le gouvernement annonçait des mesures pour l’ensemble du territoire. En Corse, le déconfinement pourrait s’organiser en deux temps
Du 11 mai au 23 juin : limitation des flux et préparation de la saison estivale
Entre le 11 mai et le 23 juin, le Conseil exécutif veut continuer à limiter la propagation du Covid-19. "Cette période permettra également et concomitamment de se doter des moyens permettant d’accueillir sans risque sanitaire des flux plus importants de visiteurs pendant la période estivale", précise le rapport.Durant cette période, le Conseil Exécutif de Corse considère que la limite des 100 km d’éloignement de son domicile n’a pas à s’appliquer à l’intérieur du territoire insulaire car elle est sur l’île "sans fondement objectif. "
Il a proposé que la rentrée dès le 11 mai en école primaire ait lieu selon la libre décision des maires et que la rentrée générale des crèches, collèges et lycées se passe en septembre.
Consulter le plan de sortie du confinement de l'exécutif de Corse
Dans le même temps, Gilles Simeoni souhaite une politique de tests massive, "au-delà des objectifs gouvernementaux". Il préconise la généralisation du port du masque, en précisant qu’une nouvelle commande a été passée par la Collectivité.
A partir du 23 juin : accueil des touristes sous conditions
Si les mesures précédemment évoquées parviennent à contenir l’épidémie, un "GreenPass" serait mis en place pour les touristes présentant un test négatif au Covid-19.La Corse mettra également en œuvre un dispositif de gestion des flux de passagers entrants pour limiter tout risque de rebond épidémique tout en permettant d’organiser la saison touristique.
Car, rappelle le rapport,de la Collectivité, la communauté scientifique estime que "les brassages importants de population en période d’épidémie" est l’un "des facteurs principaux de risque d’aggravation."
Dans cette seconde période, le Conseil exécutif propose donc une "ouverture maîtrisée de la Corse à des flux de personnes extérieures à la population résidente (par exemple Corses de la diaspora et autres touristes affinitaires, touristes d’agrément ; touristes professionnels)."
Le «Plan de sortie du confinement pour la #Corse» du Conseil exécutif adopté par l’@AssembleeCorse
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) May 7, 2020
Priorités :
1) Continuer à faire reculer le virus
La Corse est aujd. le territoire présentant un coefficient de propagation du virus parmi les plus bas (0,15 pour 0,6 en moyenne) pic.twitter.com/RQ1Vg6v1Kg
Réactions mitigées
Pour Jean-Martin Mondoloni, Président du groupe Groupe Per l'avvene à l’Assemblée de Corse, " on invente un système de Green pass, de passeport sanitaire, qui juridiquement est impossible à mettre en œuvre et qui retarde, alors que toutes les régions se préparent stratégiquement en tenant compte évidemment de l’enjeu sanitaire, à la reprise d’activité, la Corse diffère. Je crains qu’on ait là les conditions d’un krach sanitaire, économique, financier, social à la rentrée prochaine."
"Si j'en crois les spécialistes, c'est une aberration juridique et scientifique de plus, qui tuera définitivement le peu de saison touristique, réagit sur son compte Twitter Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio. La Sardaigne qui avait imaginé un dispositif similaire au green pass y a ensuite renoncé devant la difficulté de mise en place et l'inefficacité constatée par les scientifiques locaux. Aucune mesure n'est à ce jour à 100% fiable hormis la mise en quarantaine de chaque arrivant. On va passer du risque zéro au touriste zéro ! Veut-on détourner la Corse des destinations estivales ? "
Des mesures difficilement applicables pour l’instant
Hors de la question de l’ouverture des écoles, laissée à l’appréciation des maires, le gouvernement a décidé de centraliser les mesures de déconfinement. Mais certaines suggestions émanant de collectivités locales, notamment sur la question des plages, ont été entendues. Adopté par l’Assemblée de Corse le plan de sortie du confinement présenté par le Conseil exécutif devra donc être validé par l’Etat.Sur la question du port du masque, par exemple, Le Conseil d’État avait rappelé aux maires qu’ils ne peuvent pas prendre d’autres mesures que celles décidées par l’État et donc le rendre obligatoire.
Sur la mise en place de tests pour les touristes, le gouvernement a présenté des mesures de quatorzaine, notamment pour la Corse, qui pourront être mises en place par les préfets. Elles devront être clarifiées par décret dans les prochains jours.
Ce qu'on sait du déconfinement en Corse
L'agence régionale de santé (ARS) et la préfecture de Corse ont, ce mardi 5 mai, dévoilé leur plan sanitaire.Ainsi, la sortie du confinement se fera par paliers, toutes les trois semaines. « J’ai confiance dans ce qu’il va se passer. À la fois du fait de l’attitude exemplaire des Corses dans le respect du confinement. Il faut la conserver jusqu’au 11 mai », espère Franck Robine, préfet de Corse.
Tester, tracer, isoler
La stratégie mise en place par l’ARS réside en trois mots : tester, tracer et isoler. « Il faut se préparer au fait qu’au moment de la sortie du confinement de nouveaux cas apparaissent », prévient tout de même Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l’ARS.Il est ainsi demandé à toute personne qui présenterait des symptômes de Covid-19 de consulter son médecin traitant. Ce dernier pourra alors prescrire un test et donner des indications de comportement. « Le médecin va donner une indication d’isolement et identifier les personnes contact du foyer », précise Marie-Hélène Lecenne. Le but : réduire au maximum les délais entre une consultation et le résultat des analyses afin d’éviter les chaînes de transmission.
Tout est fait pour que les conditions de l’isolement soient favorables.
Les cas contacts trouvés seront aussi isolés. « Tout est fait pour que les conditions de l’isolement soient favorables. Les personnes concernées recevront tout l’accompagnement nécessaire pour que ce soit faisable », complète la directrice générale de l’ARS.
500 tests quotidiens
Selon les simulations de l’Institut Pasteur, au début du déconfinement, la Corse devra être capable de pratiquer 500 tests par jour sur l’ensemble de l’île.Actuellement, la capacité est de 1.000 tests quotidiens rappelle l’ARS. « Nous sommes au rendez-vous. Toute l’offre de laboratoires privés insulaires est en capacité à faire les tests RTPCR, c’est aussi le cas du laboratoire hospitalier et c’est en développement au centre hospitalier d’Ajaccio qui sera également en mesure de les pratiquer dans les jours à venir », précise Marie-Hélène Lecenne.
En cas d’une forte demande, ces structures pourront recevoir l’appui du laboratoire universitaire.
« Une seconde vague est possible »
Actuellement, l’épidémie de Coronavirus semble s’atténuer en Corse. « On n'a quasiment plus de cas positifs. Nous n’hospitalisons plus de nouveaux patients. On est vraiment dans une situation où le virus ne circule vraiment plus sur l’ensemble de l’île », affirme la directrice générale de l’ARS.On est vraiment dans une situation où le virus ne circule vraiment plus sur l’ensemble de l’île
Mais il ne faut pas relâcher la vigilance pour autant. « Tout repose sur l’engagement et la responsabilité individuelle. L’application des mesures barrières, élément clef de la protection et de la défense contre le virus tant qu’on n’a pas de vaccin », insiste Franck Robine.
Il alerte : « Le retour d’une seconde vague est crédible et possible. »
730 millions d’euros d’aides de l’Etat
Depuis le début du confinement, l’Etat a consacré 730 millions d’euros à la Corse au titre de la solidarité nationale :- 230 millions d’euros pour le chômage partiel
- 360 millions d’euros de prêts garantis par l’Etat pour le dispositif bancaire
- 57 millions d’euros de report des charges fiscales
- 52,5 millions d’euros pour les charges sociales