Christophe Castaner l’a annoncé ce jeudi dans le cadre de la présentation du plan de déconfinement : les plages pourront rouvrir sous condition dès le 11 mai. Franck Robine met en place des groupes de travail avec les maires pour définir les conditions d'ouverture.

"La règle générale reste la fermeture", a annoncé le ministre "mais le préfet pourra donner accès sur demande des maires" à condition que ces derniers présentent des conditions d’accès suffisamment sécurisées. Cette mesure fait suite à la demande de nombreux maires de communes littorales, notamment en Corse.


Des discussions entre les maires et le Préfet

Le préfet de Corse a déjà engagé des discussions avec les maires des communes littorales de l’île qui, encouragés par leurs administrés, veulent accélérer le déconfinement du bord de mer.
Franck Robine et François Ravier, préfet de Haute-Corse, se disent prêts à poursuivre "le dialogue engagé depuis plusieurs jours avec les maires pour préparer la sortie progressive du confinement la plus adaptée au territoire corse".

Un groupe de travail va être mis en place en Corse-du-Sud et un autre en Haute-Corse pour définir "les conditions d’ouverture des plages, dans de bonnes conditions sanitaires".  Ils se réuniront dès le début de la semaine prochaine.
 

Communiqué de presse de la préfecture de Corse


La consultation semble nécessaire, tant la perspective d'une ouverture des plages divise.
Joints par téléphone, les maires de Porto-Vecchio et d’Ajaccio se montrent prudents et craignent une surfréquentation de leurs plages. A Bonifacio, Bastia ou San-Giuliano, les maires sont d’accord sur le principe.

Quelles conditions ?

Selon le maire de Bastia, Pierre Savelli, on pourrait envisager de ne "pas pouvoir y stationner mais pouvoir y marcher ou y courir ". Il pourrait également envisager une " contrainte horaire", "entre le lever et le coucher du soleil".

Jean-Charles Orsucci, maire LaRem de Bonifacio, a promis de faire des propositions dans ce sens dès mercredi 6 mai : "On a déjà tout l’arsenal juridique d’arrêtés d’accès aux plages", explique l’élu. Il a immédiatement salué les propos de Christophe Castaner.


Déconfiner et éviter la propagation du virus

Pour lui, plusieurs pistes également évoquées dans certaines communes du continent peuvent être étudiées en Corse pour éviter la propagation du virus : "Il y a l’idée que l’on peut distinguer les plages dynamiques (sur lesquelles les gens arriveraient pour se jeter à l’eau et pratiquer une activité sportives) des plages où on pourrait mettre des serviettes. Il peut y avoir la fermeture de certaines plages et notamment une réflexion plus approfondie sur les plages urbaines ou pas."

Dans sa commune de Bonifacio l’élu évoque par exemple l’idée (pour l’instant théorique) de fermer la plage de Sutta Rocca, seule plage urbaine de la ville, trop petites pour envisager une distanciation sociale. "Je réfléchis aussi à un système de kits biodégradables ou en produits réutilisables signifiant au sol un espace suffisant pour que les gens soient à distance les uns des autres."
 

Selon Jean-Charles Orsucci, ces idées ne sont pas plus difficiles à mettre en œuvre à l’échelle locale que les mesures de confinement : "les outils dont je dispose sont la gendarmerie nationale, la police municipale et l’ensemble d’autres fonctionnaires qui pourraient s’assurer ensuite du respect des arrêtés municipaux."
 

Des demandes largement partagées

Avec le printemps, ils sont nombreux ceux qui réclament un accès au bord de mer. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus de monde partage le #RendezNousNosPlages. En Corse, une pétition circule demandant le retour aux plages et une autre pour l’accès à la nature. Dans les régions classées vert sur la carte du déconfinement, on pourra accéder aux parcs et jardins. Le littoral sera ouvert sous conditions.
Pourquoi ? La question a été largement discutée mardi au Sénat. Lors de l'examen du projet de loi prolongeant l'état d'urgence sanitaire, les sénateurs ont en effet débattu de deux amendements en faveur de la pratique sportive dans les grands espaces. Le premier émanait d'élus socialistes, qui proposaient que le maire et le préfet puissent autoriser l'accès aux plages et plans d'eau, uniquement pour des pratiques sportives.
Il a été rejeté.
 

Un amendement voté en faveur du sport individuel à la plage

Le Sénat a en revanche adopté, contre l'avis du gouvernement, un amendement d'élus centristes prévoyant que dès la publication de la loi, un décret définisse les conditions dans lesquelles les plages et forêts seront ouvertes pour la pratique d'une activité sportive individuelle. Olivier Véran, le ministre de la Santé, a alors rappelé qu’il est déjà "possible de décider d’ouvrir les plages par un décret, signé par le Premier ministre". Il voit dans cet amendement du Sénat une "injonction qui serait faite au gouvernement pour que la pression soit encore plus mise par les élus qui souhaitent ouvrir les plages."
 

"Tout le monde aimerait aller à la plage, mais personne n'a envie d'attraper le virus"

"Tout le monde aimerait aller à la plage, mais personne n'a envie d'attraper le virus", a répondu aux sénateurs Olivier Véran. Pour lui, l’accès au plage est synonyme d’afflux touristique : "Faire repartir le tourisme, c'est formidable pour l'économie... et pour le virus. Nous vous demandons encore un délai, un effort, avant de pouvoir - comme j'y aspire moi aussi - marcher les pieds dans l'eau et se dorer au soleil."

Mais pour Jean-Charles Orsucci, cet argument ne vaut pas pour la Corse : "Au moment où nous parlons, on n’a pas le droit de s’éloigner à plus de 100km de son domicile à partir du 11 mai. Pour l’instant en Corse, entre le 11 mai et une date qu’on ne connaît toujours pas il n’y aura pas de touristes donc la question ne se pose pas."
 

Les touristes locaux, venus d’autres communes de Corse ? Pas un problème selon le maire de Bonifacio : "Nous sommes 300.000 et sur 1000km de côte, la probabilité qu’on soit les uns sur les autres est impossible, surtout si on fixe des règles. En Corse, aujourd’hui, l’argument du ministre n’est pas recevable."

Nous sommes 300.000 et sur 1000km de côte, la probabilité qu’on soit les uns sur les autres est impossible, surtout si on fixe des règles.

En réponse à l’amendement voté par le Sénat, La Fédération Les Républicains de Haute-Corse a partagé un communiqué en faveur de la réouverture des plages.

"On aimerait que nos élus de l’Assemblée de Corse et députés partagent nos opinions et fassent preuve de lobby", explique François-Xavier Ceccoli, maire de San-Giuliano.

Le cas de la Haute-Corse

Pour lui, le gouvernement devrait prendre en compte la spécificité de son département : "Actuellement en Haute-Corse il y a eu moins de morts en mars et avril 2020 qu’en mars et avril 2019 et 2018 -je dis ça pour poser le débat, je ne m’amuse pas avec les morts. Par contre on sait très bien, même si ça ne se dit pas trop, qu’il y a des personnes battues, des parents à bout avec des enfants chez qui le confinement peut entraîner malheureusement des gestes inconsidérés. Moi je me demande si à un moment donné, la non-prise en compte de tout cela est forcément une bonne chose. On sait très bien que chez nous, le fait de se promener sur la plage, marcher, se balader avec son chien c’est de nature aussi à atténuer les tensions."

Selon l’édile, la Haute-Corse pourrait être un département pionnier :"Ça peut être une première étape assez rapide à la mi-mai qui aurait valeur de test pour voir ce qu’il en est de l’ouverture des commerces et du reste."


 
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