Le parquet d'Ajaccio a confirmé à France 3 Corse avoir ouvert une enquête confiée à la Police Judicaire sur le fonctionnement de la CCI 2A après la démission de son président et d'une vingtaine d'élus mercredi 29 mars. Objectif : éclaircir le "contexte de tension" dénoncé, mais pas seulement...
Que se passe-t-il derrière les murs de la Chambre de Commerce de Corse-du-Sud ? Qui dirige vraiment l’institution et à quelles fins ?
Ce sont désormais des questions que se pose la justice.
Pressions et intérêts particuliers
Après sa démission et celle d’une vingtaine d’autres élus consulaires en milieu de semaine dernière, l'ancien président Jean-André Miniconi a été entendu ce jeudi 30 mars par la police judiciaire tout comme le directeur de la chambre.
Une information confirmée par le procureur de la République d’Ajaccio qui se borne à reconnaître qu’une enquête a été ouverte : « je me suis autosaisi au vu des éléments de contexte évoqués après ces démissions » a déclaré Eric Bouillard à la rédaction de France 3 Corse ce samedi.
La justice veut comprendre les circonstances dans lesquelles cette série de démissions intervient.
Savoir s’il y a eu des pressions pour servir certains intérêts particuliers, comme le laissent entendre les démissionnaires qui ont répété « vouloir servir uniquement l’intérêt général » et dénoncent un climat fait de « pressions et de tensions » au sein de l’institution. Une thèse réfutée par les élus restés en fonction.
Des flux financiers qui interessent les enquêteurs
Mais selon nos informations, l’enquête préliminaire ouverte par le parquet d’Ajaccio pourrait avoir un but plus large.
Elle s’intéresserait aussi à des flux financiers concernant la gestion des aéroports de Corse-du-Sud.
L'enquête a d’ailleurs été confiée à la brigade financière de la DRPJ de Corse spécialisée en la matière, mais reste entre les mains du parquet d’Ajaccio et pas du pôle économique et financier de Bastia pour l’instant.
Au-delà des discours officiels ces questions sur le fonctionnement de la CCI transpirent depuis de nombreuses années, 25 ans au moins durant lesquels la chambre n’a pas trouvé sa stabilité.
Assassinat de Jacques Nacer, démissions en cascade, tensions et menace de mise sous tutelle…L’enquête qui débute à peine tentera de lever le voile sur ce contexte pesant qui paralyse l’institution et sur d'eventuelles dérives.
La liste noire de la présidence...
En 2000 son président nationaliste Gilbert Casanova est incarcéré pour banqueroute et doit démissionner.Son successeur Raymond Ceccaldi connait le même sort dans l’affaire de la SMS, Société Méditerranéenne de Sécurité, où il est condamné.
En 2012, Jacques Nacer sera lui assassiné alors qu’il préside la chambre, le Premier ministre d’alors parle de "mafia en Corse".
Nathalie Carlotti qui lui succède tiendra à peine plus de deux ans avant de jeter l’éponge officiellement pour épuisement.
Jean-André Miniconi réélu en novembre 2016 démissionne le 29 mars 2017 dénonçant le "climat de tension".