Un incendie s'est déclaré dans un appartement au 2e étage de la résidence Kennedy à Ajaccio, dans la nuit du 5 juin. Si 8 personnes, intoxiquées par les fumées, ont été transportées pour examen à l'hôpital d'Ajaccio, aucun blessé grave n'est à déplorer. Un miracle pour les secours et les habitants.
Il était autour de 3h du matin, dans la nuit du 5 au 6 juin, quand les fumées ont été aperçues dans le quartier Saint-Jean. Un incendie s'est déclaré dans un appartement situé au deuxième étage de la résidence Kennedy, à Ajaccio, inoccupé au moment du sinistre.
"Au début, j'ai pensé que c'était un feu de voiture ou de poubelles. J'avais entendu un petit "boum", mais c'était très léger, rien de très impressionnant", raconte Emeline Alata. Habitante d'un immeuble situé en face de celui incendié, elle est l'une des premières à avoir joint les secours pour les alerter. "J'ai appelé les pompiers, et deux minutes après, j'ai vu les flammes qui sortaient par la fenêtre de l'appartement, et je leur ai dit qu'il fallait venir plus vite."
Explosion d'une unité de gaz
Les sapeurs-pompiers d'Ajaccio sont arrivés rapidement sur les lieux. Quelques habitants, réveillés par les importantes fumées, étaient alors déjà sortis par leurs propres moyens de l'immeuble, mais une grande partie des personnes présentes restait encore à évacuer.
C'est une grande chance qu'ils ne soient pas entrés deux secondes avant, sinon on aurait eu deux, trois morts.
Les pompiers se sont dirigés vers l'appartement incendié. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à pénétrer à l'intérieur, une unité de gaz de 13 kilos qui s'y trouvait a explosé, entraînant des dégâts importants dans l'habitation et les logements attenants. "C'est une grande chance qu'ils ne soient pas entrés deux secondes avant, sinon on aurait eu deux, trois morts", souffle un sapeur-pompier présent sur les lieux au matin de l'incendie.
"Ça s'est joué à peu de choses près : ils ont eu un noeud dans le tuyau d'eau et ont dû s'arrêter rapidement pour s'en occuper, et ce temps qu'ils ont perdu à le défaire les a sans doute sauvés."
Cinquante personnes évacuées
Les habitants de l'immeuble ont tous été secourus. Au total, 50 personnes ont été évacuées, dont 13 à l'aide d'échelles aériennes, et 2 avec des échelles à main. "Ce sont les personnes qui se trouvent aux derniers étages, indique un sapeur-pompier. C'était une véritable fournaise dans les couloirs, et ce sont pour une bonne partie des gens plutôt âgés, donc on prend beaucoup de précautions. On ne va pas les sortir d'un lieu sain chez eux pour les mettre dans une cage d'escalier en fumée."
Les autres personnes ont elles été sorties de l'immeuble par la cage d'escalier et avec une cagoule de protection, qui permettent de filtrer une partie des fumées et substances toxiques.
J'ai entendu crier, crier, crier, et là j'ai compris qu'il y avait quelque chose.
Jeannette Casalta, qui réside au cinquième étage, fait partie des personnes évacuées depuis leur balcon. "J'ai eu très peur. Quand j'ai entendu la grosse explosion, j'ai eu le réflexe de fermer ma chaudière à gaz. Mais avant ça, j'entendais des bruits, je pensais que c'était des gens qui se battaient. Et puis j'ai entendu crier, crier, crier, et là j'ai compris qu'il y avait quelque chose. Mon détecteur de fumée s'est déclenché, j'ai vu la fumée rentrer par-dessous la porte. Je me suis mise dans la salle de bain, mais il y avait encore de la fumée qui rentrait. Les pompiers ont tapé à la porte, et j'ai dit, oui, je suis là, ils m'ont dit d'aller sur le balcon, et sont venus me chercher."
Huit habitants légèrement blessés
Comme 7 autres personnes, Jeannette Casalta a été conduite à l'hôpital d'Ajaccio. Plusieurs sont depuis sortis, les autres se trouvent dans un état stationnaire, et ont été légèrement intoxiquées par les fumées. "Ils m'ont fait des prélèvements de sang, j'ai eu la tension qui est montée à 19 avec le stress."
Après deux heures de contrôles, elle a finalement été déclarée apte à quitter l'établissement de soin. Et si elle est revenue sur place pour récuperer quelques affaires, ce dimanche matin, elle n'est plus sûre de revenir un jour habiter dans l'appartement. "Psychologiquement, ça va beaucoup me marquer je pense. Je ne suis pas sûre d'en être capable."
Marie-Josée Salmon, qui vit elle au sixième étage, a également été prise en charge au centre hospitalier puis libérée en début de matinée. Elle nécessite une oxygénation en continu, et est revenue, ce matin, chercher son traitement. "Les sapeurs-pompiers nous accompagnent chercher nos sacs. Il n'y a pas de dégâts chez moi, mais avant de nous laisser revenir nous installer, ils vérifient que tout va bien pour être sûrs que ça ne va pas s'effondrer."
Les dégâts matériels, c'est une chose, mais on a eu vraiment beaucoup de chance de tous s'en tirer.
L'une comme l'autre s'accordent à dire que l'absence de blessés graves, et même de morts, tient presque du miracle. "Imaginez un peu si quelqu'un avait paniqué et sauté depuis son balcon, glisse un résident. Quand on a entendu l'explosion, on a aussi vu nos murs trembler. Les dégâts matériels, c'est une chose, mais on a eu vraiment beaucoup de chance de tous s'en tirer."
L'état de la structure à l'étude
Six appartements restent à cette heure totalement inaccessibles en raison des dégradations causées par l'incendie. Les fondations de la structure auraient néanmoins été épargnées.
"On avait une inquiétude quant à l''état de la structure après l'explosion, et nous avons été rassurés après les premières analyses de l'organisme de sécurité. Pour l'instant il semblerait que l'immeuble ne soit pas touché dans ses fondations, ce qui laisse entendre que tous ces gens vont pouvoir récupérer leur logement, en fonction, bien sûr, de l'état des installations", détaille Stéphane Sbraggia, premier adjoint de la ville d'Ajaccio.
En l'attente, les services municipaux vont s'atteler à "un recensement des besoins pour les personnes concernées" afin de déterminer ceux qui nécessiteraient une solution d'hébergement.
Au cours de la nuit, l'école primaire située en face de l'immeuble a été ouverture pour accueillir les habitants. "C'était une base de repli, et ça nous a en même temps permis de faire un point d'information à l'intention des habitants, indique Stéphane Sbraggia. L'école reste ouverte et est à disposition des habitants de l'immeuble le temps que les choses se remettent en place, progressivement."
Les travaux d'étayage de l'immeuble ont débuté aux environs de 9h30, ce dimanche matin. "L'objectif, c'est de s'assurer que le retour des habitants puisse se passer en toute sécurité", insiste un sapeur-pompier.
Le commissariat d'Ajaccio a ouvert une enquête pour tenter de déterminer les causes de l'incendie.