Le marché des locations d'appartements et de maisons explose, dans l'ombre du géant airbnb, en Corse comme ailleurs. 1.800 meublés de tourisme sont recensés à Ajaccio. la municipalité entend réguler ce développement spectaculaire, et parfois anarchique.
"Il faut juguler Airbnb. Ce nouveau tourisme devient une catastrophe planétaire". Cette déclaration alarmiste, on ne la doit pas à Christelle Combette, la conseillère municipale de la majorité qui a rédigé le rapport. Mais à Jean-André Miniconi, élu d'Aiacciu pà tutti.
Le sujet, une fois n'est pas coutume, a fait l'unanimité lors du Conseil municipal ajaccien, lundi 26 avril. Et la volonté de réguler le marché des meublés de tourisme a été adopté en quelques minutes, sans abstention ni vote contre.
Un parc immobilier "fantôme"
La volonté de la majorité, a expliqué Christelle Combette, qui est également présidente de l'Office Intercommunal de Tourisme, c'est "d'encadrer ce type d'hébergement par la mise en place d'une procédure d'autorisation du changement d'usage des locaux".
Le changement d'usage, en clair, c'est, selon le code du tourisme, "le fait de louer un local meublé destiné à l'habitation de manière répétée pour de longues durées, à une clientèle de passage qui n'y élit pas domicile".
Pour l'heure, des locaux de ce type, on en recense 1.800 dans la cité impériale.
"Un parc immobilier fantôme", selon Christelle Combette, qui veut démontrer que "cela induit la raréfaction des logements à destination de la population ajaccienne, et transforme la dynamique des quartiers, alors que la municipalité s'est engagée dans la revitalisation du centre-ville".
Les chiffres ont de quoi inquiéter. "82 % des nuitées consommées par la clientèle touristique le sont dans des logements informels. Et ces derniers représentent une concurrence déloyale pour les hôtels et autres hébergeurs professionnels, qui sont, eux, soumis à des charges".
Un manque à gagner important
Cette concurrence, qui se développe de manière anarchique, est un vrai manque à gagner pour Ajaccio, et les Ajacciens, à en croire la majorité, qui précise que 85 % des appartements loués n'ont aucune existence légale.
82 % des nuitées consommées par la clientèle touristique le sont dans des logements informels.
"Le versement de la taxe de séjour est la principale recette des offices de tourisme, dont la mission est la valorisation du territoire. Il est important que cette clientèle participe à sa promotion". Et si la loi du 29 décembre 2014 oblige à collecter la taxe de séjour, le manque de vraie régulation permet tous les abus.
Ce à quoi Jean-François Casalta, de Pà aiacciu, acquiesce. "Ce rapport va dans le bon sens, il convient de réguler, on a tous constaté que certains administrés faisaient n'importe quoi."
Aller plus loin
Pour autant, si l'opposition ne manque pas de saluer la démarche de la municipalité, elle doute que cela suffira à faire face au changement profond de fonctionnement provoqué par le succès des plate-formes de location de tourisme.
"Si on s'en contente, on aura un panorama de ce qui se passe mais on n'aura pas les moyens d'aller plus loin...Et pourtant, il faut aller plus loin. En imposant un seul appartement destiné à la location par foyer fiscal, en limitant le nombre par quartier, comme cela se fait à Lyon, Bordeaux ou Nice, ou encore en donnant une date limite de 5 ans à l'autorisation d'usage", propose Jean-André Miniconi, qui ne voit dans la démarche de la municipalité que "la première pierre de l'édifice".