Michel Cazalas, en détention provisoire depuis fin 2018 en l'attente de son procès pour le meurtre d'Arnaud Girard, est remis en liberté pour raisons médicales, ce vendredi 7 mai. Il souffre d'un cancer du foie en phase terminale. La partie civile dénonce, elle, "un chantage" du détenu.

Un soulagement pour sa famille et sa défense, après plusieurs semaines de combat. Michel Cazalas, accusé du meurtre d'Arnaud Girard, en octobre 2018 à Sartène, et en détention provisoire depuis novembre 2018, a été remis en liberté, vendredi 7 mai, pour raisons médicales. 

L'homme, âgé de 55 ans, souffre d'un cancer du foie en phase terminale, inopérable, et devrait être transféré dans une unité de soins spécialisés, "où il va pouvoir être pris en charge et bien sûr se soigner, a réagi son conseil, Me Anna-Maria Sollacaro. C'est ce que l'on demandait."

Incompatibilité avec la détention

Le délibéré de la chambre de l'instruction de la cour d'appel est tombé le jour-même en début d’après-midi, après une audience qui s'est déroulée le 5 mai. Lors d'une première audience sollicitée par ses avocats - Me Anna-Maria Sollacaro, Me Dominique Paolini, et Me Paul Sollacaro -, le 28 avril dernier, la remise en liberté de Michel Cazalas avait été refusée, sur motif que les certificats médicaux alors présentés ne démontraient pas une incompatibilité avec la détention.

"Nous avons cette fois produit un certain nombre d'éléments médicaux qui étaient peut-être plus précis et ont certainement pesé dans la balance, analyse Me Anna-Maria Sollacaro. C'est en tout cas un soulagement, parce qu'on sait maintenant qu'il y a une petite chance que Monsieur Cazalas soit soigné, survive, et puisse s'expliquer lors de son procès."

Un regret néanmoins pour la défense : que la décision ait traîné au cours des dernières semaines, pour un homme dont le pronostic vital est engagé à très court terme. "Je déplore qu'on ait perdu une semaine, entre la première audience et ce délibéré, au cours de laquelle son état de santé s'est considérablement dégradé. Les spécialistes avaient été très clairs sur le fait que nous avions encore une chance de sauver Monsieur Cazalas grâce à une thérapie pointue qui devait être réalisée sans délai, ce qui n'a pas été le cas."

La date de procès reportée

Le détenu devait être jugé devant la cour d'assises de Corse-du-Sud le 17 mai prochain. Mais la date a depuis été reportée. "Nous disposons d'un certificat d'inaptitude à comparaître du fait de son état de santé, et la présidente de la cour d'assises s'orientait déjà vers un renvoi. Il était seulement question à mon sens pour acter cette décision de savoir s'il serait remis en liberté ou non."

Un report nécessaire selon l’avocate, aussi bien pour le détenu que pour la partie civile, en quête de réponse sur le drame qui s'est déroulé le 18 octobre 2018. "Monsieur Cazalas veut aller mieux pour s'expliquer. Il attend cela depuis des mois, et même des années. La partie civile aussi, et c'est son droit absolu. Mais aujourd'hui, pour garantir cette justice, qui est due à tous, nous sommes obligés de passer par une mise en liberté, qui donne accès à ces soins spécifiques, sans quoi c'était la mort."

La famille d’Arnaud Girard dénonce un "chantage" du détenu

Des affirmations contre lesquelles se dresse néanmoins la partie civile. Julien Zavani, le frère d’Arnaud Girard, déplore ainsi une décision de remise en liberté "dénuée de sens". "Comment peut-on passer du tout au tout, en affirmant dans une audience le 30 avril que son état de santé n’est pas incompatible avec la détention, et le 7 mai que finalement, si ?"

La famille dénonce un "chantage" supposé du détenu. Et s’appuie pour se faire sur une expertise médicale en date du 3 mai 2020 réalisée au centre hospitalier de Bastia, et dans laquelle il est précisé qu’une "greffe hépatique a été proposée à Mr Cazalas qui, étant donné sa situation judiciaire, ne l’aurait pas acceptée."

"Il a refusé la greffe, le seul traitement envisageable selon les médecins, parce qu’il ne voulait pas rester en prison. On ne nie pas le fait qu’il est très malade. Mais il avait des possibilités de soins qu’il a refusées parce qu’il voulait juste être libéré."

Plus encore, au 13 mai, soit près d’une semaine après la libération de Michel Cazalas, le lieu de résidence de ce dernier n’est selon Julien Zavani toujours pas connu, comme l’ordonne pourtant l’arrêt de la cour d’appel de Bastia, en date du 7 mai dernier.

"On ne demande pas que Michel Cazalas ne soit pas soigné. Qu’il guérisse, je n’ai rien contre, insiste Julien Zavani. Je veux juste qu’on me rende justice, à moi, à ma belle-sœur et à ma nièce de 10 ans, qui a perdu son père il y a deux ans et pour laquelle personne n’a eu de mot. Personne n’a pensé à elle. Pourtant, dans cette histoire, c’est elle la vraie victime."

"Il a besoin de répondre des actes qu'on lui reproche"

Contactée ce jour, la défense de Michel Cazalas parle de propos "aberrants". "Aucune greffe effective ne lui a jamais été proposée. S'il avait eu cette chance, nous l'aurions bien évidemment acceptée, et il aurait dans tous les cas dû être libéré, puisque les suites de soins après greffe ne sont pas possibles dans les conditions de détention", assène Me Anna-Maria Sollacaro. 

Quant à l'adresse de résidence de son client, celle-ci a bien été communiquée à la cour, assure-t-elle. "Michel Cazalas reçoit en ce moment des soins, et sera adressé à un centre spécialisé dans le courant de la semaine prochaine. Il n'y a pas de doutes existants sur l'endroit où il se trouve."

Michel Cazalas, répète-t-elle, est aujourd'hui "dans la contrition. Il s'en veut énormément et a besoin de répondre des actes qu'on lui reproche. Le procès doit avoir lieu, mais il doit se tenir dans de bonnes conditions, et pour ce faire, il doit être soigné." Car dans le cas contraire, s'il venait à mourir très prochainement faute de traitements suffisants, "il décéderait présumé innocent", conclut-elle.

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