Samedi 29 juin, sur la commune de Coti-Chiavari, un important incendie a ravagé près de six hectares de végétation. Une famille avec deux jeunes enfants a été évacuée, elle a perdu sa maison et son abri agricole. Il faut, aujourd'hui, tout reconstruire.
Tout s'est déroulé en quelques minutes à peine. Samedi dernier, en début d'après-midi, vers 14h30, Raphaël Bianchi est sur son terrain, à Acqua Doria, sur la commune de Coti-Chiavari. Il aperçoit derrière sa bergerie une légère fumée. Le père de famille réagit rapidement, court chercher des tuyaux de pompier, mais les flammes sont plus rapides que lui. "En trente secondes, nous sommes passés d'une fumée aux flammes qui léchaient déjà les arbres", décrit Raphaël Bianchi.
Dans la précipitation, sa femme et leurs deux petites filles courent se mettre à l'abri, loin de la maison. Ils craignent pour leur vie."Moi j'ai fui en chaussettes, je disais à Iris (sa sœur, ndlr) de courir et de se tourner pour ne pas que les flammes la fassent pleurer", se souvient, avec sa voix d'enfant, la fille de Raphaël.
Tout son matériel brûlé
Le père de famille est paysagiste, son abri agricole est ravagé. Son matériel d'élagage est réduit en poussière, son véhicule de travail et sa moto sont aussi détruits. "Il ne me reste plus rien pour travailler, tout a disparu intégralement", s'alarme l'homme. Pire encore : l'intérieur de leur habitation est brûlé, fortement endommagé.
Plus aucun réseau électrique ni d'eau, les fosses septiques ont fondu. La famille va devoir s'armer de patience pour tout débarrasser et espérer s'y réinstaller, d'ici cet hiver.
Pour l’heure, les Bianchi se trouvent sans grandes solutions, et les dossiers administratifs peinent à avancer. Seul l’expert de l’assurance auto et moto s’est déplacé, personne pour l’heure concernant la maison et leurs bergeries restaurées à la main depuis 2014.
En attendant, ils ont trouvé refuge dans un hangar agricole près de leur propriété où il y a l'eau chaude et l'électricité. Ils dorment dans une tente afin d'être au plus proche de l'exploitation et avancer dans les travaux.
Le feu attisé par les rafales de vent
L'incendie s'est étendu à d'autres maisons. En tout, ce sont près de six hectares de végétation qui sont partis en fumée. Le feu, circonscrit à un relief vallonné avec une végétation importante, mais clairsemée, "a été contenu dans une enveloppe de 10 hectares, avec 5 à 6 hectares qui ont brûlé", a précisé le SIS 2A.
"C'était la folie, avec la tornade qu'il y avait", se souvient Raphaël Bianchi. Le feu a été attisé par un vent tourbillonnant de 60 à 70 kilomètres par heure. Pour l'éteindre, d'importants moyens ont été déployés : une dizaine de camions du SIS 2A et une soixantaine de pompiers des casernes d'Ajaccio, de Pietrosella, de Petreto, du Rizzanesi et d'Ocana ont lutté contre l'incendie qui a été fixé vers 20 heures.
Dans leur viseur : EDF
Pour l’exploitant agricole, cela ne fait aucun doute : c’est le mauvais entretien des pylônes éléctriques qui dateraient de 1986 et l’absence de débroussaillage qui ont conduit à cet incendie. "Le bois du poteau électrique est dans le sol depuis 1986, en plein maquis, inaccessible. Comment EDF peut entretenir une ligne, qui est inaccessible ? C'est impossible. Tout le réseau EDF de Coti est dans cet état-là. Nous sommes pourtant en zone noire incendie et rien n'est entretenu", s'insurge l'homme.
Si Raphaël Bianchi a simplement fait constater le pylône par un huissier, il n’a pas porté plainte contre EDF et ne s’est pas constitué partie civile, il se réserve la possibilité de le faire.
De son côté, la direction d’EDF n’a pas souhaité donner suite à nos sollicitations.
Pour rappel, l’entreprise avait été condamnée en février dernier pour manquement à une obligation de sécurité par négligence pour les feux de l’Ortolu et de Saint-Eustache en 2009 à cause d’un manque d’entretien des lignes.
Voici le reportage complet de Jean-Philippe Mattei et Jacques Paul-Stefani :