Depuis quelques mois, le pays est touché par une forte inflation. Elle se répercute notamment sur les prix de l’alimentation. Dans les supermarchés ajacciens, chacun essaye de trouver des techniques pour limiter les dépenses.
Sur le parking d’un supermarché de la région ajaccienne Sylvie range, péniblement, ses sacs de courses dans le coffre de sa voiture. Presque sans surprise, lorsqu’il est question de ses dépenses, elle sourit et répond : "Je ne vais pas dire que c’est donné !"
Pour son "plein", cette mère de deux adolescents a déboursé près de 190 euros. "C’est de plus en plus compliqué, commente-t-elle. Je fais toujours attention de les faire manger équilibré, mais là, je fais très attention à la viande et je regarde de plus en plus les prix." Des prix que Mickaël, trentenaire, regarde lui aussi depuis quelques mois. "Avant, je n’y faisais pas trop attention. Là, je commence parce que le ticket de caisse grimpe et je n’achète pas spécialement plus."
Marques distributeur et cagnotte
Car avec l’inflation qui touche le pays depuis quelques mois, le pouvoir d’achat des ménages est fortement impacté. Au mois d’octobre 2022, cette inflation a atteint 6.2 %. Ainsi, rien que sur l’alimentation les prix sont 12 % plus élevés que l’an dernier à la même époque.
Pour tenter d’y faire face, certains modifient leurs habitudes de consommation. Rencontré dans un autre supermarché de la région ajaccienne, Jean-Marc achetait principalement des produits de marque, mais se tourne désormais davantage vers les marques distributeur. "Ça me fait faire des économies, et les produits sont presque pareils", souligne-t-il.
En plus des économies qu’il fait immédiatement, il se félicite de ce choix et a remarqué que la cagnotte de sa carte de fidélité augmentait plus rapidement. "Je cumule des remises qui vont sur ma carte. Je l’utiliserai pour les Fêtes de fin d’année", indique-t-il. Malgré ces dispositions, d’autres ne vont "qu’au nécessaire" et ne "sui[vent] que la liste".
Les supermarchés se réorganisent
Une situation qui est prise en compte par certains supermarchés. "Nous sommes très vigilants sur les prix. Nous avons des hausses imposées par les fournisseurs notamment sur les matières premières avec, par exemple, une augmentation de 40 % pour la farine, explique Fabrice Bouillard, directeur de l’hypermarché Auchan-Atrium. Pour ne pas que la répercussion soit trop importante, nous rognons plus sur nos marges."
L’enseigne a également réorganisé ses rayons. Elle met notamment en avant les produits distributeurs et redimensionne les "têtes de gondoles", le bout des rayons, "afin de coller à la problématique du pouvoir d’achat". "Nous avons également accentué la vente à l’unité pour les rayons boucherie, ou même la lessive. Cela évite les lots et permet de faire des remises unitaires directes", continue Fabrice Bouillard.
Si l’inflation n’a pas fait perdre de clients à l’enseigne, le directeur de l’hypermarché remarque une réorientation des achats. "Les espaces self-discount que nous proposons sont très plébiscités", commente-t-il.
"La fin de l’aide au carburant va impacter mon budget"
La majorité des personnes interrogées pointe du doigt un contexte général de plus en plus difficile. Au cœur des inquiétudes, en plus de l’alimentation, le coût de l’énergie, mais surtout celui des carburants d’autant que la voiture est indispensable dans l’île.
Mickaël qui ne ressent, pour l’heure, que modérément l’augmentation du coût de son panier appréhende la fin de l’aide gouvernementale au carburant. "Je pense que si le prix de l’essence remonte vers les deux euros ça impactera mon budget. Peut-être que là, je ferai encore plus attention à mes courses", livre-t-il.
En Corse, cette aide gouvernementale s’élève à 28.25 centimes par litre ; elle est de 30 centimes sur le continent, et prendra fin ce mercredi 15 novembre.
En 2019, suite au mouvement des gilets jaunes, la conférence sociale avait permis la création d’une charte avec le but de définir un panier type de 250 produits en deçà des prix du marché. Les enseignes signataires avaient ainsi accepté d’aligner les prix de ce panier sur le premier quartile, soit sur les 25 % des prix les plus bas pratiqués sur le territoire français, hors Île-de-France. Une mesure qui ne s’est pas inscrite dans le temps.