INTERVIEW. Hervé Berville en Corse : "Il faut valoriser et soutenir la pêche artisanale"

Le secrétaire d'État en charge de la mer et de la biodiversité Hervé Berville était en déplacement en Corse les 16 et 17 mai, pour évoquer notamment l'avenir de la pêche insulaire. En marge de cette visite, il a répondu aux questions de France 3 Via Stella.

De nombreux sujets ont été abordés lors de votre visite. Notamment, le renouvellement de la flotte, avec un budget de deux millions d’euros. Ce financement est-il concret, va-t-il arriver rapidement ?

Oui, c’est quelque chose de concret, parce que ce sont des fonds privés, cela a été fait dans le cadre de la stratégie de l'État pour la transition énergétique des navires. Il y a eu les mêmes deux millions d'euros en Guyane - j’y étais il y a deux mois - dans le cadre d'une stratégie de renouvellement et de reverdissement de la flotte. Ce qu'il nous faut maintenant, et c'est une belle avancée aussi de cette rencontre, c'est que d'ici la fin de l'année, la Collectivité de Corse, avec les pêcheurs et le lycée maritime, propose un bateau-type. On pourra ensuite aller chercher des financements. Dans le cadre de la taxe sur l'éolien en mer, l'État disposera de 750 millions d'euros pour pouvoir accompagner dans les dix prochaines années le verdissement de la flotte. C'est du concret, cela a déjà été réalisé, il faut maintenant qu’on travaille tous ensemble et qu'on sorte ce bateau-type avant la fin de l'année.

Le reverdissement de la flotte et le reverdissement du carburant sont-ils deux sujets différents ou liés ?

Ils sont liés, parce que lorsqu’on verdit la flotte, on peut changer des moteurs pour avoir des moteurs qui consomment moins, donc cela permet aussi de polluer moins et de réduire les émissions. Mais c'est aussi avoir des propulsions hybrides, c’est-à-dire électriques et avec du pétrole. Et puis ce sont aussi des navires qui ont une technologie totalement différente. Dans un plus long terme, c'est l’hydrogène, mais cela peut être aussi un carburant alternatif et nous y travaillons, notamment avec Total, avec Engie, pour sortir le plus rapidement possible cette nouvelle technologie.

Comment avancer sur la reconnaissance des spécificités corses, notamment sur la représentativité et la commercialisation ?

Sur la question de la prise en compte de la spécificité des prud'homies, les pêcheurs le savent : j’y suis très attaché, et nous l’avons fait. Maintenant, il faut dépoussiérer ce texte-là, parce qu'il est parfois un peu méconnu par les pêcheurs. Le travail que nous allons mener, c'est de dépoussiérer ce texte et de donner à voir tout le potentiel des pouvoirs qui existent actuellement et qui sont utilisés peut-être peu ou pas assez. Et puis, parce qu’une fois que vous avez des pouvoirs, il faut pouvoir contrôler et sanctionner, il faudra travailler avec les polices locales, avec les services de l'État, avec les parcs marins pour mutualiser le contrôle, la surveillance et les sanctions.

Sur la commercialisation, c'est le rôle des filières. Ce n'est pas à l'État de l'organiser. En revanche, l'État sera présent pour continuer avec les collectivités sur la sanction de toutes les filières illégales qui vendent et commercialisent de la pêche. Il y a une responsabilité de tout le monde : les restaurateurs, la restauration collective... Autre élément important concernant la commercialisation : il nous faut des frigos, avec des outils modernes pour que les jeunes et les moins jeunes puissent venir transformer le poisson. La Collectivité le fait à travers le fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l'aquaculture, et nous pouvons accompagner notamment sur la structuration au niveau régional de ce réseau de points de débarque, ce qui permettra de valoriser le poisson. Parce qu’un poisson connu, c'est un poisson qui est vendu et on ne peut pas accepter que 80% du poisson en France soit issu de l'importation.

Il y a 150 pêcheurs en Corse actuellement. Est-ce suffisant, en faut-il davantage et si oui, combien ?

Il faut surtout que les jeunes entrent dans le métier en se disant qu'il y a des perspectives de pêche et de commercialisation. Ce n'est pas à moi de définir le nombre de pêcheurs. Je souhaite que les pêcheurs puissent être heureux, accompagnés, qu'ils puissent valoriser le poisson et continuer de faire la fierté de ce territoire, de cette magnifique île de beauté. Et je souhaite que chaque jeune pêcheur qui a envie de rentrer dans le métier, au lycée maritime de Bastia, puisse avoir l'opportunité d’avoir un navire, d'avoir des quotas et d'avoir un point de commercialisation.

Autrement dit, de la qualité plus que de la quantité ?

Ici, on est plutôt sur la qualité, on voit bien qu'on a des poissons d'exception et on n'est pas dans une pêche industrielle. On est dans une pêche artisanale qu'il faut valoriser, qu'il faut soutenir parce que c'est ce qui fait la richesse et c’est ce qui permet de préserver aussi la biodiversité.

Le reportage de Marc-Antoine Renucci et Franck Rombaldi :

durée de la vidéo : 00h02mn28s
M.-A. RENUCCI - F. ROMBALDI / FTV ©France Télévisions

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