"Je ne reconnais plus mon village et mon pays. C'est inhumain" : l'incompréhension de la propriétaire de la résidence détruite par un incendie criminel à Pianottoli

Dans la nuit de mardi à mercredi, une résidence secondaire a été en partie détruite par un incendie criminel sur la commune de Pianottoli-Caldarello. Cette maison appartient à la famille de Madeleine Istria, octogénaire originaire de Corse et installée en Suisse, et qui se dit profondément attristée.

La gorge serrée et les yeux embués de larmes, Madeleine Istria témoigne de son choc, et surtout de sa "très grande tristesse". Dans la nuit de mardi à mercredi, sa résidence secondaire, située sur la commune de Pianottoli-Caldarello, a été en partie détruite par un incendie criminel

Les flammes ont lourdement endommagé l'intérieur. Et sur les murs de l'habitation, des inscriptions "Per tè Yvan", "Fora Francia", "IFF", "Action des jeunes pour la renaissance de la Corse", et le sigle "AJRC" ont été bombés.

Un geste incompréhensible pour cette octogénaire - elle fête ses 89 ans demain -, qui se dit Corse depuis "500 ans". Cette maison, explique-t-elle, est une résidence familiale qu'elle a récemment légué à sa fille. Biologiste à l'institut polytechnique, celle-ci habite en Suisse avec son époux, journaliste franco-suisse, mais séjourne régulièrement en vacances en Corse. Tout comme Madeleine Istria et le reste de leur famille.

"J'ai élevé mes enfants dans l'amour de la Corse"

"Je ne reconnais plus mon pays. Je ne reconnais plus mon village, où tout le monde était sympathique, agréable, je ne sais plus ce qui se passe, c'est inhumain", souffle Madeleine Istria, la voix rendue trébuchante par l'émotion. "Ma maison de famille est à Moca-Croce. J'ai passé mon Bac à Ajaccio, ma mère a été professeure à Ajaccio pendant 20 ans, et elle était adorée. Mes grands-mères étaient de Campile, Cacciaguerra ; et de Zonza, Giudicelli. J'ai élevé mes enfants dans l'amour de la Corse. Parlu corsu tutti i ghjorni. Mes fils et ma fille ont appris le corse, tous mes petits enfants le comprennent et chantent le Dio Vi Salvi Regina à toutes les grandes manifestations."

Profondément attristée, l'octogénaire s'interroge : "Pourquoi une famille qui est Corse depuis si longtemps a-t-elle été attaquée ? Je pense à tous mes amis Corses qui sont expatriés. Ma fille, effectivement, elle est expatriée en Suisse [pour le travail, ndlr]. Est-ce vraiment un crime de partir loin, quand malheureusement en Corse il n'y a pas les structures [pour son métier, ndlr] ?"

La propriété, précise-t-elle, est "une petite maison au bord de l'eau où il y a trois chambres, ce n'est quand même pas un palais. Je ne comprends pas pourquoi cela nous touche nous", soupire-t-elle. Avant de reprendre : "Je ne dis pas que ça devrait être pour les autres, jamais. C'est aussi monstrueux pour les autres que pour nous."

Plus encore, Madeleine Istria ne comprend pas les tags mentionnant Yvan Colonna. "Moi, j'ai prié pour Yvan Colonna et pour sa famille. Et ce n'est pas une question de politique, je n'ai jamais fait de politique. Je ne comprends pas ce que cela a à voir. Je ne comprends pas ce que ma fille et mes petits-enfants ont à voir avec ces jeunes Corses qui devraient peut-être essayer d'être à la hauteur de notre pays plutôt que de le détruire."

L'enquête pour déterminer les responsables de l'incendie est en cours. La brigade de recherches de gendarmerie de Porto-Vecchio est saisie de l'affaire, avec l'appui de la brigade territoriale de Bonifacio et des services de gendarmerie d'Ajaccio, dont les techniciens en identification criminelle.

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