Zonza fait partie des 22 communes corses à organiser un second tour des élections municipales. Deux listes s'y font face avec un enjeu majeur : la gestion de l’urbanisme et du tourisme.
Alors qu’au niveau départemental, le taux d’abstention au premier tour des élections municipales a dépassé les 52 %, le village de Zonza, lui, a voté. Le taux de participation y a atteint 75 %.
Après l’annonce du maire sortant, Henri-Paul Agostini, de ne plus se représenter, trois listes se sont opposées le 15 mars dernier : Via nova pà Zonza Santa Lucia, menée par Georges Fani (43,66 %) ; Pà Cambià, avec à sa tête Nicolas Cucchi, (43,22 %) et D'umani, d’Antoine Carli (13 %).
Une alliance contre-nature ?
Depuis, le premier et le troisième homme ont décidé de faire cause commune non sans surprendre. Car si Georges Fani, médecin à la retraite, se présente pour la première fois au fauteuil de maire, il a été conseiller municipal de la majorité de 1989 à 2014. Et son nouvel allié, Georges Fani, militant de Femu a Corsica, est l’opposant historique à Zonza.
Ce dernier justifie son choix par une recomposition totale sur le plan politique. « Aujourd’hui, les cartes sont redistribuées, la majorité sortante n’existe plus. Nous sommes tombés d’accord sur l’urbanisme, le traitement des déchets, sur le rattrapage historique du village de montagne de Zonza qui a besoin d’être repris en main », estime-t-il.
Mais cette union n'est pas du goût de Nicolas Cucchi et de son équipe, qui la qualifient même de contre-nature. Leur liste Pà Cambià se décrit bien volontiers comme la seule d'opposition de Zonza. Une démarche sans étiquette, mais dans laquelle se trouve Paul-André Colombani, en 3e position, député PNC de Corse-du-Sud.
Leur message est clair : il faut rompre avec la gestion passée. « On se rend compte qu’au point de vue de l’urbanisme, et qu’au point de vue social, le bilan est catastrophique. Il faut bien qu’il y ait des responsables sur ce bilan, aujourd’hui, c’est clairement Monsieur Fani », lance Nicolas Cucchi.
Contraste entre mer et montagne
Un des enjeux majeurs du scrutin : l’urbanisme. Le territoire, qui compte 2.700 habitants, est en plein développement et le contraste entre mer et montagne n’a jamais été aussi marqué. Administrer Zonza, village perché à 750 mètres d’altitude, c’est aussi administrer son littoral : Sainte-Lucie de Porto-Vecchio. 48 kilomètres les séparent, l’équivalent d’une heure de route.
Si le village de montagne était autrefois le cœur battant de la commune, qui s’étend sur plus de 13.000 hectares, il enregistre actuellement moins de 200 habitants et tend à devenir une annexe de Sainte-Lucie. Pour Georges Fani, le développement de la montagne pourrait donner un second souffle au village. « Il faut absolument que l’on maîtrise le tourisme, faire un étalement, faire un éco tourisme plus responsable pour protéger nos sites, nos sites remarquables que ce soit sur le littoral ou en montagne, développer notre montagne qui a des atouts extraordinaires en développant des sentiers de randonnées, du VTT », assure-t-il.
Car avec le temps, l’activité a été vampirisée par le littoral. Mais sans plan local d’urbanisme, la carte communale prévaut toujours et Sainte-Lucie est en pleine expansion. Sur la route qui mène à la mer, les panneaux annonçant de nouveaux complexes immobiliers se multiplient. Des logements qui viendront, pour la plupart, étoffer le nombre de résidences secondaires qui représentent actuellement 70 % des habitations de la commune.
Et ce modèle de développement Nicolas Cucchi n’en veut plus. « On se rend compte que ce développement est quand même anarchique, il n’y a pas de règles de construction harmonieuses, il n’y a pas de charte paysagère, on sait que le document d’urbanisme, aujourd’hui, est à bout de souffle. On sait également que ce qui a été proposé ne tient pas la route et je regrette que nos adversaires veuillent rester dans cette continuité de construction », déplore-t-il.
La commune compte 2.472 inscrits.