Le pape François est attendu à Ajaccio le 15 décembre prochain. Une visite au cours de laquelle il observera notamment un arrêt devant les vestiges du baptistère Saint-Jean, découverts en 2005, et datés du Ve siècle.
C'est là que se trouvait, jadis, le siège épiscopal de la Corse, mentionné pour la toute première fois dans l'une des lettres du pape Grégoire le Grand, en 601. Découvert dans un état de "conservation exceptionnelle" et classé aux monuments historiques, le baptistère Saint-Jean sera l'un des points d'étape du pape François, lors de sa visite de la cité impériale, le 15 décembre prochain.
Situé, donc au cœur du quartier Saint-Jean, la découverte des vestiges de cet édifice paléochrétien remonte à 2005. Une équipe de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) y effectue alors des fouilles préventives, en vue de la construction d'un parking et d'un immeuble.
"L'intérêt archéologique du quartier [avait] été souligné à maintes reprises depuis 1738", rappelle alors l'Inrap dans sa notice consacrée au monument, "et les découvertes réalisées au gré des travaux agricoles et d'urbanisation ont conduit les historiens à localiser dans ce secteur l'agglomération antique d'Ajaccio."
Associé à la première cathédrale d'Ajaccio, le baptistère est composé d'une grande cuve cruciforme (2,68 m x 1,39 m, profondeur 1,34 m) et d'un bassin cylindrique plus petit (80 cm de diamètre), qui pouvait être "destiné au lavement des pieds des catéchumènes, avant le baptême proprement dit", estime l'Inrap.
La fouille d'un dépotoir associé au complexe permet de plus aux chercheurs de mettre au jour "près de 5 000 fragments de céramique. La diversité de leur provenance montre que le site a été, au VIe et VIIe siècles, et peut-être encore au VIIIe siècle de notre ère, pleinement intégré dans les réseaux commerciaux méditerranéens."
Antiquarium
Les vestiges découverts, le propriétaire du terrain s'engage rapidement à créer un petit musée, à condition de perçevoir des subventions publiques. Il faut pour cela que le baptistère soit classé aux monuments historiques : c'est chose faite en 2013. Les travaux débutent, mais s'interrompent rapidement, faute de financements.
Il faut attendre décembre 2020 pour que redémarre la construction : la municipalité reprend avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) le projet et modifie la structure initiale - des grands murs en béton gris, camouflant le site et ne remportant pas l'enthousiasme des commerçants et habitants du quartier -.
Le projet de création d'un petit "Antiquarium", directement inspiré de celui de Séville, est alors acté. Plutôt que des murs fermés, on pense à une coupole ouverte et d'une structure en verre courbée. L'objectif, explique alors Simone Guerrini, adjointe à la culture à la mairie d'Ajaccio : faire en sorte que le site "soit visible pour tous". L'ensemble étant pensé entouré de gradins pour en faire "un lieu de vie et d'échanges", et illuminé "de jour comme de nuit" par un éclairage spécifique pour rester toujours bien en vue.
Coût total estimé des travaux par la mairie d'Ajaccio en 2021 : 1,2 million d'euros, dont 150.000 euros pour l'ouvrage en verre. Un montant global co-financé entre l'Etat (60 %), la Ville d'Ajaccio (27 %) et l'agence de tourisme de la Corse (13 %).
Les travaux sont désormais achevés. Mais l'antiquarium San Ghjuvà, lui, attend toujours d'être officiellement inauguré.