Des associations s’insurgent contre l’installation d’antennes 4G sur le plateau du Cuscionu et aux aiguilles de Bavella, projet défendu par les élus pour sécuriser la zone et résorber les zones blanches.
Polémiques, pétitions, désaccord entre élus et associations. Le projet d’installation d’antennes 4G sur le plateau du Cuscionu et aux aiguilles de Bavella, à proximité du village de Quenza en Corse-du-Sud, fait débat.
D’un côté, des associations, des écologistes et des citoyens s’insurgent contre ces grandes antennes de 18 mètres de haut qui vont "dénaturer l’un des plus beaux sites vierges de la Corse" et craignent un impact environnemental - une pétition a été lancée par Global Earth Keeper (près de 2 000 signataires), et affirme "que le préfet et certains élus locaux ont la volonté de vouloir dénaturer un des plus beaux sites vierges de la Corse".
De l’autre, des élus qui défendent un projet qui permettra de sécuriser la zone en offrant du réseau et en limitant, donc, le risque d’accident sur une zone prisée par les randonneurs. Ces élus ont d’ailleurs demandé une couverture 4G lors de la venue en Corse de l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en février, lors des incendies entre Quenza et Solaro.
Des études sont en cours pour installer plusieurs antennes 4G (quatrième génération des standards pour la téléphonie mobile) sur ces territoires du programme Natura 2000 (sites naturels à grande valeur patrimoniale), dans le cadre du programme de couverture des zones blanches voulu par l’Etat.
"Je comprends l’inquiétude des gens qui sont montés au créneau et qui ont peur de l’arrivée d’un flux de touristes inconsidéré" - Paul-André Colombani, député de la 2e circonscription de Haute-Corse
Le projet est notamment soutenu par la maire de Quenza Roselyne Balesi, ou encore le député de la 2e circonscription de Haute-Corse Paul-André Colombani, interrogé par France 3 Corse ViaStella : "Difficile de pouvoir s’en passer, pour des raisons de sécurité. Je comprends l’inquiétude des gens qui sont montés au créneau et qui ont peur de l’arrivée d’un flux de touristes inconsidéré. Sur le plan de sécurité, le médecin que je suis est obligé de dire que l’antenne 4G est probablement nécessaire."
"C’est une fausse solution", répond Marie-Jo Andreucci, membre de U Cumitatu di u Rughonu di l’Alta Rocca et l’associu A Funtanedda, à l’origine d’une allocution publique ce jeudi 30 juillet. Pour elle, l’installation de ces antennes 4G va "emplâtrer la montagne". Elle invite à trouver d’autres solutions : régularisation de la fréquentation touristique, équipement des professionnels en téléphonie satellitaire, solutions humaines comme les gardes à cheval.
Dans un communiqué de presse paru ce vendredi, la Collectivité de Corse fait elle la distinction entre les deux projets, estimant que "les problématiques concernant ces deux sites et les solutions à mettre en perspective ne se posent pas exactement dans les mêmes termes."
Projet d’implantation d’antennes de téléphonie mobile à Bavedda et au Cuscionu : le respect et la protection de ces sites remarquables doit rester une priorité absolue dans les choix à effectuer ? pic.twitter.com/sZBS1ne49B
— Cullettività di Corsica - Collectivité de Corse (@IsulaCorsica) July 31, 2020
A Bavella, ce serait la nécessité d'implanter une antenne téléphonique qui primerait, compte tenu des "enjeux de sécurité dans une zone à haut risque (incendies, sécurité baignades, forte fréquentation touristique...). En revanche, le site actuellement retenu ne faisant pas l'unanimité, la Collectivité de Corse estime que le choix final devra être celui qui permet de préserver au mieux un "site exceptionnel."
En revanche, le communiqué avance l'argument selon lequel, le "caractère ras de la végétation" sur le plateau du Cuscione augmenterait l'impact visuel de l'installation des pylônes et les risques d'atteinte "à la qualité paysagère et esthétique du territoire". La collectivité estime également que l'électrification du site "fait l'objet d'une opposition légitime".
Free à l'origine du dispositif, encore à l'état de projet
"Avec une présence humaine (pour la surveillance), on créerait des emplois et on proposerait des solutions durables. C’est un cercle vicieux cette histoire de sécurité. Nous on dit « régulons et encadrons la fréquentation", c’est ça qui va résoudre les problèmes de sécurité."
Son association, qui a rassemblé une soixantaine de citoyens pour une allocution, ce jeudi sur le plateau de Cuscionu, pense que ces antennes vont servir aux "touristes qui prendront des selfies devant les aiguilles de Bavella", et profiter à l’opérateur Free, à l’origine du dispositif qui n’est encore qu’un projet. Les travaux pourraient débuter cet automne, avec une mise en service en juillet 2021.
De son côté, le mouvement Core in Fronte a inqiqué rester attentif à la "stratégie économique en Corse" du patron de Free Xavier Niel, précisant "qu'on ne peut accepter que nos plus beaux sites soient potentiellement saccagés pour les raisons économiques d'un opérateur".
#CoreInFronte s'oppose à l'implantation d'antennes de #Free,
— Core in Fronte (@coreinfronte) July 31, 2020
sur le #Cuscionu pour des raisons économiques.
Xavier Niel, patron de Free, a une stratégie en #Corse. Il est aussi en négociation, via son groupe médias NJJ Presse, pour le rachat de @laprovence et de @Corse_Matin. pic.twitter.com/Rq7oM8wSZO