Incarcéré depuis 1999, Pierre Alessandri a vu la Cour de cassation annuler son refus d'aménagement de peine. Une décision qui a déjà suscité quelques réactions politiques.
La décision est survenue près d'un an après le pourvoi en cassation par les avocats du détenu. Le 21 juillet 2021, le tribunal d'application des peines antiterroristes s'était prononcé en faveur de la seconde demande de semi-liberté, avant que la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Paris ne s'y oppose.
Entre temps, Pierre Alessandri s'était vu refuser pour la troisième fois en appel sa demande de semi-liberté, cet arrêt rendu aujourd'hui concernait sa deuxième demande de libération conditionnelle.
Les premières réactions
La décision rendue ce mercredi a engendré quelques réactions dans le monde politique et associatif. Le premier mouvement à se distinguer est le Partitu di a Nazione Corsa via un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Le parti autonomiste dit "prendre acte avec intérêt et satisfaction de cette décision".
En revanche, le parti de Jean-Christophe Angelini dit se vouloir "prudent" et appelle plus largement à la libération de Pierre Alessandri. Le PNC se positionne finalement pour la reprise des discussions avec le gouvernement "cette opportunité peut s'inscrire dans la démarche voulue par les élus de la Corse, aux fins de reprise d'un dialogue sincère de la construction d'une solution politique" est-il écrit.
Du côté de la majorité territoriale, Gilles Simeoni a également pris la parole. C'était à l'occasion d'une conférence de presse de l'exécutif sur la politique de langue corse.
"Je crois que c'est une victoire judiciaire très importante. La cour de cassation vient d'apporter un démenti cinglant au juge d'appel qui avait pris la décision de maintenir Pierre Alessandri en détention, contre l'avis des premiers juges. C'est aussi un démenti sur la motivation et précisément sur la notion de trouble à l'ordre publique que les juges d'appel sont sanctionnés par la plus haute juridiction."
En dehors de la sphère politique, la Ligue des Droits de l'Homme a également communiqué, rejoignant le propos de Gilles Simeoni plus tôt dans l'après-midi.
Dans le camp indépendantiste, Core in Fronte sur twitter appuie sur le fait que des "juges appliquent le droit". Le mouvement, indique que "le Gouvernement doit cesser sa vengeance d'Etat contre Pierre Alessandri et Alain Ferrandi".
Corsica Libera tempère également, indiquant que "prudence et mobilisation restent de mise".
"La Cour dit enfin la loi"
La Fédération de Corse du Parti Radical a réagi via un communiqué :
"Nous prenons acte avec satisfaction de la décision de la Cour de cassation d’ordonner le réexamen de la demande d’aménagement de peine de Pierre Alessandri. On peut souhaiter que les risques de trouble à l’ordre public opposés jusqu’ici à cette demande, apparaissent, en fonction des plus récentes informations, suffisamment limités pour qu’une décision favorable soit prise. Elle permettrait de reprendre le dialogue en cours entre le Gouvernement et la Corse dans un climat apaisé et positif, et de prévenir les tentations de violences ou récupérations toujours possibles."
Pour la Ligue des Droits de l'Homme Corsica, "la Cour de cassation dit enfin la loi [...] Désormais, il revient à la Cour d'appel de statuer dans un délai de deux mois."
"Il semble aujourd'hui difficile qu'elle puisse refuser une libération conditionnelle de Pierre Alessandri, sauf à vouloir s'entêter et ainsi résister par quelque moyen artificiellement invoqué, à l'arrêt de la Cour de cassation et donc à la loi. La Ligue des droits de l'Homme, ose espérer qu'il n'en sera pas ainsi", conclut le communiqué de la LDH Corsica.