Dimanche dernier, le ministre de l’Économie a annoncé le maintien de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires. Un choix qui fait notamment le bonheur des promoteurs immobiliers et des communes. Illustration à Porto-Vecchio.
« Ici, nous allons construire 45 logements. Principalement, des maisons mitoyennes », explique Philippe Santoni. Il est promoteur immobilier à Porto-Vecchio depuis 17 ans. Pour lui, conserver la taxe d’habitation sur les résidences secondaires est une nouvelle preuve de soutien politique à son secteur d’activité.
« La résidence secondaire, c’est une grosse partie de l’économie en France, et en Corse particulièrement. Ca fait travailler des architectes, ça fait travailler des constructeurs, des entreprises générales de bâtiments, ça fait travailler des vendeurs de meubles. C’est toute une activité économique, notamment sur la microrégion de Porto-Vecchio, qui fonctionne grâce à la résidence secondaire et grâce à l’immobilier », estime-t-il.
En Corse, les résidences secondaires représentent 37 % de l’habitat, contre 9 % en moyenne nationale. À Porto-Vecchio, ce taux grimpe jusqu’à 57,4 %. Une manne financière non-négligeable pour la commune. « La taxation sur la résidence secondaire, si j’osais, je dirais que j’étais peut-être le premier maire de Corse à y penser. D’ailleurs, ça m’a permis de diminuer de façon sensible le coût de l’eau pour le résident permanent. Il s’est vu enregistrer une baisse de sa facture d’eau de pratiquement 10 % », explique Georges Mela, maire de Porto-Vecchio.
« C’est la classe moyenne qui prend »
Pour les professionnels de l’hôtellerie, les résidences secondaires sont une concurrence sur la location estivale. Ils se disent favorables à cette mesure. « Afin de réguler le marché et d’impacter ceux qui font cette location, bien souvent au noir, il faut le reconnaître, ça permettrait de leur donner des charges supplémentaires et de nous permettre de ne pas être en concurrence avec des tarifs avec lesquels nous ne pouvons pas lutter », note Roland Dominici, président de la coordination des industries touristiques de la Corse.
Pour les petits propriétaires, en revanche, le maintien de cette taxe est injuste. « Quand on a travaillé toute sa vie pour économiser un peu d’argent, on investit dans une résidence secondaire, on n’a pas forcément les moyens immenses. Donc ce n’est pas normal de taxer des résidences secondaires, encore une fois, c’est la classe moyenne qui prend », précise Pierre Lecourtois, propriétaire d'une résidence secondaire à Porto-Vecchio.
Outre le maintien de l’impôt, les propriétaires craignent de le voir augmenter pour équilibrer les projets municipaux.