Tentative d'assassinat d'Olivier Sauli en 2014 : des collectifs dénoncent un traitement judiciaire différencié pour les Corses et militants nationalistes

Olivier Sauli, Ghjuvan'Battista Acquaviva, Yvan Colonna... Pour les collectifs Aiutu Paisanu et Aiutu Patriotticu, le traitement judiciaire réservé aux assassinats ou tentatives d'assassinats n'est pas le même quand les victimes sont des militants nationalistes. Un point qu'ils ont dénoncé samedi 12 novembre, à l'occasion d'une conférence de presse à Porto-Vecchio.

Il est aux environs de 6h du matin, ce 14 novembre 2014. Olivier Sauli quitte son domicile de Porto-Vecchio pour se rendre sur son lieu de travail.

Alors qu'il se trouve à bord de son véhicule, le militant nationaliste est la cible de plusieurs tirs. Miraculeusement non-touché, l'homme se réfugie chez un proche et prévient les forces de l'ordre.

Près de 8 ans jour pour jour après les faits, et bien que plusieurs auditions aient eu lieu, le ou les auteurs des coups de feu n'ont toujours pas été identifiés. Une situation dénoncée par la victime, aux côtés des collectifs Aiutu Patriotticu et Aiutu Paisanu.

Réunis ce samedi 12 novembre devant la mairie de Porto-Vecchio, les manifestants présents - parmi lesquels, notamment, Paul-Félix Benedetti, chef de file de Core in Fronte, et Jean-Christophe Angelini, leader du PNC et maire de la ville - ont fait le lien entre cette affaire et l'assassinat de Ghjuvan'Battista Acquaviva, le 15 novembre 1987, et celui d'Yvan Colonna, le 21 mars 2022.

Et reproché "la différence de traitement judiciaire lorsqu'un militant nationaliste est victime d'une tentative d'assassinat ou d'un assassinat".

"Les affaires ne sont pas traitées avec les moyens dont elles devraient bénéficier"

"Il suffit pour s'en convaincre d'opposer les moyens déployés pour identifier les auteurs de la mort d'un haut fonctionnaire en Corse avec toutes les autres affaires de meurtres. La justice française ne fonctionne en Corse que pour les tenants et autres valets du système", assène Aiutu Paisanu.

"Il y a d'une part le fait que les affaires ne sont pas traitées avec les moyens dont elles devraient bénéficier, mais également dans certains cas, le fait que les affaires ont été provoquées voire instrumentalisées par l'Etat", abonde de son côté Emmanuelle Carli, présidente d'Aiutu Patriotticu.

"Donc, non seulement, il n'y a pas la justice et la vérité qui pourraient être attendues par les familles et les victimes, quand elles ont survécu, mais en plus, il y a véritablement très souvent des influences souterraines qui encouragent ce type d'événements tragiques", peste-t-elle.

La justice française ne fonctionne en Corse que pour les tenants et autres valets du système.

Aiutu Paisanu

Pour Olivier Sauli, la question aujourd'hui pour lui n'est pas tant de savoir "qui [lui] a tiré [dessus]". Mais plutôt "d'interpeller directement l'Etat, pour s'engager résolument dans un processus qui permettra enfin à la Corse de s'affirmer en tant que telle, et avec la volonté de construire une société véritablement apaisée".

Journée commémorative

Dans un communiqué commun, les collectifs demandent, dans ce cadre, la création d'une journée commémorative, le 15 novembre. Date symbolique, érigée en guise de mémoire à Ghjuvan'Battista Acquaviva, "et tous ceux qui sont tombés de la même manière", souffle Emmanuelle Carli.

Une journée qui serait "inscrite à tout jamais dans notre calendrier national, comme la journée des combattants de la résistance et de la liberté. Nous demandons désormais que cette journée soit ainsi commémorée comme telle chaque année en Corse", reprend le communiqué.

En continuant : "Pour notre part, nous toutes et tous ici présents, patriotes de toutes les générations, au-delà de nos structures respectives et de nos itinéraires, nous ne cesserons d'agir tant que la Corse n'aura pas retrouvé ses prérogatives de souveraineté, et tant que toutes nos victimes, au-delà des turpitudes, ne seront pas confrontées à la justice et à la vérité."

Dans la matinée du samedi 12 novembre, une autre conférence de presse, cette fois organisée par le collectif "contre la répression des anciens prisonniers politiques" Patriotti, s'est tenue à Sorba-Ocagnano, à quelques mètres de l'ancienne ferme Roussel, là où a été tué par balle, le soir du 15 novembre 1987, Ghjuvan'Battista Acquaviva.

Un rassemblement qui a également fait le parallèle entre le décès - et le traitement judiciaire qui en a découlé - du jeune militant nationaliste et celui d'Yvan Colonna.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité