C'est officiellement jeudi 27 janvier que débute la quête des parrainages pour se présenter à l'élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel va envoyer les formulaires officiels aux 42.000 élus habilités à donner leurs signatures. Jusqu'à présent, les candidats n'ont obtenu que des promesses. En Corse, en plus des maires, des présidents de communauté de communes et des parlementaires, le président de l'exécutif et de l'Assemblée de Corse peuvent donner leur signature. Forcément, cela attise les convoitises.
Il y a des parrainages qui s'imposent de fait. François Alfonsi, député européen au sein des Verts/Alliance Libre Européenne sait qu'il donnera sa signature au candidat Yannick Jadot. "C'est la conséquence directe du parcours politique qui m'a permis d'être député européen puisque j'ai été élu sur la même liste que Yannick Jadot et c'est le bon score qu'il a obtenu qui a permis que je rentre au parlement européen", dit-il. Il défend aussi les "engagements pour la Corse" du candidat des Verts et ses "thèses" sur l'écologie.
Convaincre les élus du rural
Mais il le reconnaît, certaines positions écologistes ont parfois du mal à passer dans le monde rural, notamment sur la question de la chasse. Or, dans la course aux parrainages, la voix du maire écologiste de Lyon compte autant que celle d'une petite commune de dix habitants. C'est donc les élus ruraux, que les candidats ont intérêt à séduire.
En Corse, c'est vraisemblablement la candidate Les Républicains Valérie Pécresse qui obtiendra le plus de signatures d'élus. Si on n'a pas de chiffres exacts, on sait que François Fillon son prédécesseur avait reçu 54 parrainages lors de la campagne 2017. Certains de ses soutiens s'affichent publiquement comme le président de la Fédération LR de Haute-Corse Francois-Xavier Ceccoli ou le député de la première circonscription de Corse-du-Sud Jean-Jacques Ferrara.
"C'est une candidate qui me séduit. Qui a toutes ses chances de combattre le candidat Macron. Il est évident que je vais la parrainer. Cela va de soi pour moi. Il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus", explique-t-il.
Des candidats en difficulté
Même s'il n'est pas encore candidat déclaré, le Président Macron devrait recevoir tous les parrainages nécessaires pour postuler à sa succession.
Selon nos informations, en Corse, le candidat communiste Fabien Roussel a obtenu la promesse de six parrainages et Eric Zemmour une dizaine. Olivier Battistini, coordonnateur régional Corse de Reconquête ! a écrit en début de semaine une lettre ouverte aux maires corses pour les appeler à parrainer Eric Zemmour ", "au-delà des étiquettes politiques ou des choix de société qui sont les [leurs]". "Cette campagne présidentielle 2022 est différente des autres. Nous sommes dans une arène politique qu’Éric Zemmour, par son engagement, par les questions qui sont les siennes, les nôtres, a imposée. Il y convoque ses adversaires. S’il veulent bien accepter le débat politique et de ne plus accuser Éric Zemmour de « clivage » – alors que c’est justement le propre de la démocratie qui se fonde sur l’opposition des idées, pour réaliser, dialectiquement, par le vote, un compromis –, ou d’inventer des « polémiques » – selon le mot de la propagande et de l’idéologie dominante –, de déformer ses propos, de les reconstruire ou de leur substituer leurs propres interprétations. Pour les condamner, au nom de la liberté de pensée.", écrit-il.
En Corse, en plus des maires, des présidents de communautés de communes et d'agglomération. Les parlementaires nationaux et européens, le président de l'exécutif, mais aussi tous les conseillers de l'assemblée de Corse peuvent parrainer un candidat.
Selon nos informations, Gilles Simeoni n'a pas encore pris de décision sur le sujet et le parti Femu a Corsica, qui dispose de nombreux élus, devrait se réunir cette semaine. Il pourrait ne pas donner de consignes précises.
Le principe des parrainages remis en cause
Au niveau national, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour peinent à passer la barre des 500 promesses de parrainages. Tous trois estiment que la publication des noms des élus qui accordent leurs parrainages est une embûche sur leur course vers l'Elysée.
Certains élus sans étiquettes de petites communes peuvent, selon eux, craindre de donner leur signature de peur de s'afficher avec un marquage politique trop fort. A chaque élection présidentielle, le système des 500 parrainages, qui doit permettre de limiter le nombre de candidats à la présidentielle est remis en cause. Un comité de réflexion sur la modernisation des institution présidé par Edouard Balladur en 2007 estimait que « le système actuel des parrainages avait vécu ». Il suggérait que les candidats soient sélectionnés à bulletin secret par un collège d’environ 100.000 élus.
Aucun changement en vue
Récemment, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a assuré sur Europe 1 que les règles ne changeraient pas pour cette élection. «A chaque élection présidentielle, on entend des candidats dire qu’ils ne sont pas sûrs d’arriver à obtenir leurs parrainages. Et puis finalement, ils y arrivent», a déclaré le proche d’Emmanuel Macron.
Les signatures pourront être envoyées au Conseil constitutionnel jusqu'au 4 mars à 18 heures. La période de collecte durera donc un peu plus de cinq semaines, contre trois en 2017. Le Conseil constitutionnel mettra en ligne sur son site deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, la liste actualisée en temps réel des parrainages. Le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius, proclamera la liste définitive des candidats le 7 mars.