Les membres de Corsica Libera se sont réunis samedi 23 septembre à Corte. Au programme, l’actualité politique de ces derniers jours. Autonomie, venue d’Emmanuel Macron ou encore appel du collectif Patriotti à réorganiser le mouvement nationaliste, Petr’Anto Tomasi a répondu à nos questions.
Quelle est la réponse de votre parti à l'appel du collectif Patriotti à une large réunion du mouvement national le 15 octobre prochain ?
Nous avions dit, dès les Ghjurnate di Corti, notre disponibilité pour participer à une démarche plus large, qui soit une démarche de résistance, mais également de construction nationale. Et donc nous appelons sans ambiguïté nos militants à participer à cette démarche et à créer les conditions d'un nouveau rapport de force, face à une situation qui est, selon nous, extrêmement dégradée, et ce, à tous les plans. Nous ne sommes pas dans une logique de défense d'intérêts d'un sigle, dans un patriotisme de firme. Nous, nous sommes dans une logique de défense des intérêts des Corses, aujourd'hui en danger de minorisation sur leur terre. Et donc nous pensons que cette réunion doit être le grand événement politique de la rentrée, que nous mettons en parallèle avec la visite du président de la République française qui, pour nous, à l'inverse, constitue, à l'heure où nous parlons, un non-événement.
Alors concrètement, comment apporter cette réponse ? On rappelle que vous avez toujours soutenu les clandestins du FLNC.
Oui, c'est une position qui est qui est constante, que nous avons réaffirmé lors de notre dernière assemblée générale et évidemment, cela fera partie des points de ligne politique que Corsica Libera entend verser au débat. Je crois qu'il y a besoin aujourd'hui d'avoir une ligne politique claire qui soit une ligne de résistance. Et au-delà de cela, qui apporte un certain nombre de réponses à la situation que connaît la Corse, avec une dépossession de tous les pans de l'économie corse, avec une situation sociale qui est extrêmement dégradée, des attaques face à la langue... Et je le disais précédemment, avec une situation de minorisation réelle du peuple Corse sur sa terre.
Y a-t-il des choses positives à prendre dans ce processus de négociations ? Si on vous propose une autonomie, par exemple fiscale, pourriez-vous dire oui ?
Nous, nous sommes pour un véritable processus politique qui prenne en compte les droits du peuple corse et qui réponde à ce que nous avons porté depuis des décennies dans le combat, ce pourquoi les Corses ont voté, ce pour quoi nous avons manifesté massivement l'an passé dans les rues des différentes villes de Corse et donc une autonomie au rabais sectorielle, non seulement ne nous conviendrait pas et finalement on se paierait de mots. Dès l'amorce, Gilles Simeoni a accepté les lignes rouges fixées par Emmanuel Macron, on se retrouve dans un entonnoir et dans quelque chose qui ne sera qu'une autonomie au rabais. On a vu en Nouvelle-Calédonie qu'y compris lorsqu'il y a un accord qui est au plus haut niveau de la hiérarchie des normes françaises, on est face à un reniement de la parole donnée de l'État. Ce n'est pas en se satisfaisant une fois encore d'une politique des petits pas et en renonçant aux fondamentaux d'une lutte que l'on obtiendra une évolution qui soit conforme aux intérêts de la Corse.
Le collectif Patriotti parle d'un échec d'ensemble dans le mouvement nationaliste, vous en faites partie, y a-t-il une refondation à faire de Corsica Libera au vu des derniers résultats des territoriales ?
Il y a une nécessité de refondation du courant de la lutte nationale. Refondation à laquelle Corsica Libera entend prendre toute sa part. Il faudra effectivement tirer le bilan des dernières années, de ce qui a pu être réalisé, de ce qui ne l'a pas été et pourquoi. Et ça fera partie évidemment des débats que nous aurons. Mais nous, nous rentrons aujourd'hui avec sérénité, avec détermination dans ce processus et dans la création de cette démarche de résistance à laquelle nous allons apporter toute notre contribution et celle de nos militants.
Retrouvez l'entretien de Petr'Anto Tomasi par Solange Graziani et Capucine Laulanet :