La visite de Bruno Le Maire s'inscrit dans une série de déplacements ministériels voulue par le chef de l'État. Pour le président de l'Assemblée de Corse « celles-ci relèvent de mondanités, de coups médiatiques, voire de simples alibis. » Qu'en pense le reste de la classe politique insulaire ?
De Marlène Schiappa, en juin 2017, à Bruno Le Maire ces deux derniers jours, les visites ministérielles se sont succédées à un rythme effréné depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.
Pour l'intérieur, à de multiples reprises, Gérard Collomb et Jacqueline Gourault, Agnès Buzyn, pour la santé, Nicole Belloubet, la garde des Sceaux, Olivier Dussopt, secrétaire d'État aux comptes publics, Jacques Mézard pour la Cohésion des territoires.
Et rien que depuis le mois dernier : Laura Flessel aux Sports, Frédérique Vidal à l'Enseignement supérieur et Nicolas Hulot à l'Environnement. Durant ces visites de nombreux entretiens, mais peu ou pas d'annonce.
« Les déjeuners protocolaires ne nous intéressent pas »
Pour François Orlandi, conseiller territorial « Andà per dumane », rien que de très normal. L'ancien candidat aux législatives d'En marche rappelle que la collectivité unique n'est en place que depuis janvier. « Je crois que beaucoup de régions de France souhaiteraient avoir autant de sollicitudes de la part du gouvernement. […] À nous aussi de répondre, à nous aussi de contribuer à ce que la confiance constructive soit rétablie. C’est l’occasion de le faire et saisissons ces opportunités », indique-t-il.
Pour saisir les opportunités, encore faudrait-il qu'il y en ait. Femu a Corsica attend du concret. « Le groupe Femu a Corsica est ouvert à la discussion sur des propositions concrètes. Aujourd’hui nous n’avons aucune proposition, nous ne sommes pas invités à des réunions de travail. Nous ne sommes invités qu’à des déjeuners protocolaires. Les déjeuners protocolaires, ça ne nous intéresse pas, nous ce qui nous intéresse, c'est de travailler », estime Hyacinthe Vanni, président du groupe territorial Femu a Corsica.
« On fait un petit peu de câlinothérapie »
Présent à Ajaccio pour la visite de Bruno Le Maire, Laurent Marcangeli estime que la lenteur du processus n'est pas imputable au gouvernement actuel. « Si on peut avancer, personne ne s’en privera et personne ne s’en plaindra. En revanche, c’est la situation dans laquelle nous sommes depuis plusieurs décennies, on ne peut pas continuer comme ça. Je crois qu’il faut qu’on aille de l’avant et pour cela il va falloir apporter un certain nombre de modifications », souligne le maire d’Ajaccio.
Du côté de Core in Fronte, on s'indigne de cette valse des ministres. « La méthode, ce n’est pas sérieux. Le peuple corse demandait ses droits, maintenant, on fait un petit peu de câlinothérapie. On vient faire des visites pour nous dire : ‘On vous écoute’. Franchement, on ne prend pas ça très au sérieux », note Gérard Dykstra, membre de Core in Fronte.
Le mouvement condamne aussi le fond. Il pointe la répression et les cadeaux fiscaux aux patrons.