Les taux d'incidence et de positivité à la Covid-19 ont augmenté en Corse, comme le nombre de personnes hospitalisées. Et si cette hausse n’a pas de conséquences sur les services de réanimation de l’île, elle inquiète l'Agence régionale de santé à l'approche des vacances de la Toussaint.
La situation sanitaire en Corse est tendue, mais pas encore inquiétante. A l’approche des vacances de la Toussaint, le dernier bilan de Santé Publique France classe la Corse en vulnérabilité élevée et en zone de circulation du Covid-19.
L'Agence régionale de santé de Corse ne tire pas encore pas la sonnette d'alarme. Mais elle appelle néanmoins à une remobilisation générale de la population insulaire quant au respect des mesures barrières pour lutter contre la propagation de la Covid-19. Et constate une baisse de vigilance dans les cercles familiaux et festifs qui s'observe désormais dans les relevés de progression épidémique sur l'île.
Après deux semaines de baisse consécutive, le taux d'incidence – c'est-à-dire le nombre de personnes positives pour 100.000 habitants – a plus que doublé en quelques jours, indique Marie-Hélène Lecenne, directrice de l'ARS.
Ainsi, selon la base de données du gouvernement GEODES, sur la semaine du 5 au 11 octobre, le taux d'incidence en Corse est passée à 88 cas pour 100 000 habitants, contre 42 cas une semaine plus tôt. "Les taux d’incidence sont repassés au-dessus du seuil d’alerte de 50 pour 100 000 habitants et sont très élevés dans certaines régions de l’île", peut-on lire dans le dernier rapport de Santé Publique France.En une semaine, le taux d’incidence est ainsi passé de 41 cas pour 100 000 habitants à 93 cas en Haute-Corse, et de 44 cas pour 100 000 habitants à 83 cas en Corse-du-Sud."Les taux d’incidence sont repassés au-dessus du seuil d’alerte de 50 pour 100 000 habitants et sont très élevés dans certaines régions de l’île"
Le taux de positivité, qui correspond au pourcentage de tests PCR revenus positifs sur l'ensemble des dépistages réalisés dans un temps donné, a également augmenté : il est aujourd'hui de l'ordre de 6,7 %, près de deux points de plus qu'en début de mois – le taux de positivité sur l’ensemble du territoire est de 12,2%.
Si ces chiffres, ajoute Marie-Hélène Lecenne, doivent encore être consolidés, ils précisent cependant les contours d'"une trajectoire préoccupante". Car si la Corse reste en dessous de la moyenne nationale, de 180 cas pour 100.000 habitants, "on constate une progression importante sur une semaine".
Et alors que 305 des 4 520 résidents corses testés au Covid-19 se sont révélés positifs, le taux de dépistage, lui, est stable par rapport à la semaine dernière. 1 861 pour 100 000 habitants, contre 1 767 la semaine dernière.
Les hôpitaux bientôt à saturation ?
Plus encore, la hausse de la courbe des indicateurs de la maladie en Corse est notée dans toutes les tranches d'âges, et notamment celle des plus de 65 ans. "On compte 63,8 cas positifs pour 100.000 habitants" alerte la directrice de l'ARS.Problème, c'est justement cette population plus âgée qui se trouve le plus à risque de développer des formes graves du nouveau coronavirus, et de nécessiter une hospitalisation.
Si les services de l'hôpital de Bastia, ni de celui d'Ajaccio ne sont pour l'heure saturés, le dernier rapport de Santé Publique France pointe une augmentation du nombre de personnes hospitalisées, tous services confondus mais observe une stabilisation des hospitalisations en réanimation.Et alors qu’on s'approche peu à peu de la limite des capacités hospitalières, les personnels soignants ne cachent plus leur épuisement. "En cas de saturation, on serait obligés de déprogrammer", regrette Marie-Hélène Lecenne.
"Aujourd'hui on maintient le plus longtemps possible la double-filière. Et c'est ça qui est important à comprendre dans la gestion de l'épidémie : elle nous permet de maintenir toute notre offre de soins concernant les autres pathologies. Et notamment la chirurgie du cancer."
Vigilance à l'approche des vacances de la Toussaint
La vigilance est d'autant plus de mise à l'approche des vacances de la Toussaint, durant lesquelles la diaspora corse, les étudiants en faculté ou école sur le continent et les touristes sont attendus."On a préparé un plan : c'est une interpellation à la fois des familles en Corse par rapport à cet accueil de personnes venant du continent, et puis c'est aussi une incitation au respect des mesures barrières, évidemment."
L'Agence régionale de santé compte également inviter les nouveaux arrivants à réaliser un test de dépistage sur l'île. "Beaucoup d'étudiants sur les métropoles du continent ont pu rencontrer des difficultés à faire un test avant le départ, donc on leur propose à l'arrivée."
La température des passagers dans les ports et aéroports continue d'être surveillée, et une "forte communication" des bons gestes sanitaire dans ces lieux de passage est toujours assurée, indique Marie-Hélène Lecenne.
L'objectif premier restant "d'inciter toutes ces personnes à être responsable durant leur séjour en Corse".