Covid : en Corse, les libraires veulent être considérés comme des "commerces de première nécessité"

Même si la fermeture des rayonnages des livres dans les grandes surfaces et à la Fnac apaise leur colère, les libraires, qui s’organisent en drive, aimeraient rouvrir. Et être considérés comme des commerces "de première nécessité".

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La devanture de la libraire de Flore, à Corte, est surmontée d’une pancarte au message explicite. "Dans les grandes surfaces, on vend des livres au même prix, dans les papeteries et les tabacs, on vend des livres mais moi qui ne vends que des livres, je n’ai pas le droit d’ouvrir."

L’annonce du confinement jusqu’au 1er décembre a divisé les commerces en deux : les commerces de première nécessité (ou essentiels), et ceux non-essentiels. Et à la différence des libraires ouvertes qui ont un rayon papeterie (considéré comme essentielle), les librairies classiques sont fermées, car absentes de la liste des commerces autorisés à rester ouverts.

On est un commerce de première nécessité, ça a été prouvé par les gens, certains déprimaient de ne pas venir à la librairie (pendant le premier confinement.

Flore, propriétaire de la librairie de Flore à Corte

"Le vrai libraire n’a pas le droit de vendre des livres, souffle la propriétaire Flore. C’est plus qu’une injustice, c’est incompréhensible. On est un commerce de première nécessité, ça a été prouvé par les gens, certains déprimaient de ne pas venir à la librairie (pendant le premier confinement)."

Flore espère peut-être rouvrir dans 15 jours "avec le remue-ménage" autour des librairies. Car la colère des vendeurs de livre monte. Après avoir obtenu du gouvernement la fermeture des rayons livres et cultures des grandes surfaces pour les quinze prochains jours, les libraires en veulent plus.

Le syndicat de la librairie française, qui craint que cette fermeture "offre un boulevard à Amazon", souhaite que les libraires rouvrent d'ici 15 jours, alors que des appels à rouvrir ont été lancés par un collectif d'éditeurs, écrivains et libraires, ou encore des sénateurs. De son côté, l’Association des maires de France a demandé un réexamen de la notion de commerce de première nécessité, notamment pour les librairies. "Certains commerces comme les librairies ou les salons de coiffure pourraient relever des services de première nécessité."

Une demande de réexamen qui intervient après la signature par des maires d’arrêtés pour maintenir ouverts des commerces non-essentiels comme les librairies. Ce que le maire de Bastia Pierre Savelli s’est refusé à faire.

"Ces initiatives, compréhensibles dans leur principe, ne nous semblent pas aller dans le sens d’une solution durable et vont à l’encontre des règles que la forte dégradation de la situation sanitaire impose", a expliqué le maire dans un communiqué. Avant de détailler par téléphone, et de justifier la création d’une plateforme de vente en ligne des commerçants bastiais. "Ma position, c’est déjà de privilégier le commerce en ligne et en drive", explique le maire, inquiet face à une situation sanitaire "trop grave". 

"On va observer les courbes, et si elles s’infléchissent, on va pouvoir lâcher un peu de pression. Mais aujourd’hui, la priorité c’est la santé des gens."

"Lien social énorme"

Le drive et le commerce en ligne peuvent-ils compenser la fermeture des librairies ? Pour la gérante et propriétaire de la Librairie des Palmiers, la réponse est non. "On a fait un drive hier, et ça a été une journée catastrophique, explique Muriel Melgrani. La perte du chiffre d’affaires est énorme, mais on fait ce qu’on peut."

En attendant une réouverture qu’elle espère, "en étant drastique sur le masque et avec des contrôles", Muriel Melgrani va continuer d’opter pour ce drive, parce que les gens sont "contents" de pouvoir trouver des livres, même en drive, et afin de garder ce "lien social énorme" que représentent le livre et la librairie.À deux pas de là, la libraire La Marge a également mis en place un drive pour compenser la fermeture. Avant une éventuelle réouverture ? "On souhaite rouvrir et on accepte toutes les aides possibles, des maires, des personnalités publiques… Ce qu’on attend, c’est que les livres soient considérés comme produit de première nécessité."
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