Covid19 : les théâtres corses dans l'attente des prochaines mesures gouvernementales

Le couvre-feu décidé par le gouvernement le 23 octobre dernier a marqué un coup d'arrêt pour la saison théâtrale insulaire. De nombreux spectacles ont été annulés, ou reportés, mais les théâtres espèrent un assouplissement des règles 12 novembre, lors de l'intervention du Premier ministre. 

Le 23 octobre dernier, Kean prenait d'assaut la scène du théâtre municipal de Bastia. Comme le personnage d'Alexandre Dumas, deux siècles plus tôt, triomphait sur les scènes londoniennes. 

Quelques heures plus tard, à minuit, le couvre-feu entrait en vigueur dans l'ensemble du pays. 

Et le lendemain matin, la troupe du metteur en scène Alain Sachs, prenait le chemin de Poretta, et de Paris, au lieu de mettre le cap sur Propriano, où devait se tenir la seconde représentation de sa tournée insulaire. 

"On a été contraints de se plier aux règles sanitaires que l'on venait d'apprendre à la télévision. On a pensé, un temps, à décaler le spectacle, se souvient Charles Zeni, le directeur du théâtre de Propriano.

Il aurait fallu qu'il se termine suffisamment tôt pour permettre aux spectateurs de rentrer chez eux avant le couvre-feu de 21h. Mais c'était impossible. Tout s'est passé si vite... Alors on l'a reporté, d'un commun accord."

Une saison mise en sommeil

Depuis, les scènes des théâtres sont désertes. A Bastia et Propriano comme ailleurs. "On a quand même obtenu l'autorisation de maintenir les résidences de travail. En ce moment on accueille la troupe de danse qui travaille son spectacle Ritrattu, adapté du roman de Jérôme Ferrari A son image. Il devrait se donner en janvier prochain. Si les choses s'améliorent", confie Charles Zeni. A Propriano, tout est mis en sommeil jusqu'à l'année prochaine. La programmation des mois de novembre et décembre a été reportée. "On attend les prochaines mesures annoncées pour voir ce que l'on fait pour la suite. C'est le flou total". 

Le couvre-feu n'est pas le seul problème. Une levée de cet interdit ne dégagerait pas forcément l'horizon, selon Charles Zeni. 
"La distanciation sociale, les sièges d'écart, les masques, ce ne sont déjà pas les meilleures conditions pour venir voir un spectacle. Alors si l'épidémie est toujours là et si les mesures sont plus drastiques encore, ça va être très difficile. Pourtant on tâchera de les mettre en place. On se doit d'accueillir les gens dans les meilleures conditions sanitaires possibles."

Un léger espoir...

A Bastia, on se veut plus optimiste. Et les spectacles du mois de décembre, pour l'heure, restent maintenus. "On gère au jour le jour. On attend les annonces du Jean Castex [le 12 novembre à 18h - NDLR], et on espère sauver quelques représentations. Mais ça va être difficile", avoue Frédérique Balbinot, la directrice du théâtre de Bastia. 

Durant la première semaine de décembre, trois représentations sont prévues à l'Alb'Oru et au théâtre municipal. La lune des baies mûres, Coriolan, et E Supplicante. Elles sont suspendues aux prochaines décisions du gouvernement.  
Jérôme Casalonga, le compositeur de l'adaptation en opéra polyphonique des Suppliantes d'Eschyle, est un rien désabusé. La représentation, qui devait se tenir le 11 mars dernier, avait déjà été reportée.

"Je n'y crois pas trop. On va attendre avec Frédérique les mesures du gouvernement, mais ça m'étonnerait qu'on puisse jouer à Bastia le 4 décembre prochain. Mais bon.... Jouer, dans les conditions actuelles, avec toutes les mesures sanitaires, ce n'est pas l'idéal. Je me demande s'il ne vaut pas mieux, finalement, être décalé et retrouver des habitudes un peu plus agréables, pour les artistes et le public."

Ne pas perdre son public

Bref, pour l'heure, le monde du spectacle, comme le reste du monde, navigue à vue. Et ne sait pas de quoi demain sera fait. Des inquiétudes qui vont bien au-delà de la période de l'épidémie. 
"Ce qui est primordial, c'est que l'on trouve un vaccin, et que le virus disparaisse. De notre côté, on tente de s'adapter, et de tenir le choc. Mais on pense déjà à l'après, et ce n'est pas rassurant", reconnaît Charles Zeni à Propriano.  
"Il faut beaucoup de temps, et de travail, pour faire venir les gens dans une salle de spectacle. Et en ce moment, ils sont en train de prendre d'autres habitudes..."

Une crainte partagée par tout le monde culturel, des exploitants de salles de cinéma aux libraires. Et pour cause : depuis le début de la crise sanitaire mondiale, le chiffre d'affaires d'Amazon s'est envolé de 37 %. Et Netflix a gagné près de 30 millions de nouveaux abonnés.
 


 
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