Corsica Maritima pourrait ouvrir une ligne entre le port de Marseille et celui de Bastia dès le 5 Janvier 2016 en collaboration avec Daniel Berrebi. Il s’agirait d’une ligne effectuée par l’opérateur Daniel Berrebi et la commercialisation serait réalisée par Corsica Maritima.
L’information est publiée par le journal Le Marin de ce 17 Décembre. Selon le journal spécialisé, le navire est déjà choisi. Il s’agirait du cargo roulier (sans passagers) Stena Carrier.
Cette association de deux des candidats rejetés par le tribunal de commerce de Marseille reste à confirmer.
Contacté par France 3 Corse, le responsable de Corsica Maritima parle de “rumeur”. Il s’agit d’une ligne non subventionnée face à la « nouvelle SNCM » qui sera gérée par le groupe Rocca dès le début Janvier.
En attendant la confirmation de l’OTC
Selon nos informations tout candidat à des liaisons maritimes entre les ports du continent français et des ports de Corse doit effectuer une demande auprès de l’OTC (Office des Transports de la Corse). Pour cause d’installation de la nouvelle assemblée de Corse, l’OTC est aujourd’hui fermée et son administration n’est pas joignable.On ignore donc, à cette heure, si une demande à été présentée à l’OTC.
Pour naviguer sur une des lignes non subventionnée - Marseille, Toulon ou Nice vers un port corse- il faut présenter une demande à l’OTC. Cet organisme de la Collectivité Territoriale de Corse (CTC) doit l’accepter si la compagnie répond à un minimum d’obligations. C’est ce que l’on appelle les OSP (Obligations de Service Public). Actuellement, une seule compagnie navigue entre les ports de Toulon et Nice vers la Corse, il s’agit de la Corsica Ferries France (CFF).
Les OSP prévoient un minimum d’une rotation par semaine en basse saison et trois liaisons hebdomadaires en haute saison.
Une nouvelle riposte de Corsica Maritima ?
Cette annonce d’ouverture d’une ligne doit être située dans le cadre de la riposte de Corsica Maritima à la reprise de la SNCM par le groupe Rocca Transports.Le « consortium » comprend des chargeurs et des transporteurs. Il pourrait donc « dérouter » une partie des remorques actuellement transportées par les navires de la SNCM, voire de la CMN, vers cette nouvelle ligne.
A cela, il faut ajouter le recours déposé par Corsica Maritima devant le tribunal de commerce de Marseille contre la décision de ce dernier d’attribuer la SNCM au groupe Rocca Transports. Ce recours a pris la forme juridique d’une « Tierce opposition ».
Il a été examiné ce jeudi matin, à huis clos, par la Chambre du Conseil du tribunal.
Cette « tierce opposition » est-elle juridiquement recevable ? Les magistrats ont reporté leur décision au 19 Janvier.
Si Corsica Maritima venait à ouvrir une ligne entre Marseille et Bastia cela pourrait retirer une partie de la clientèle à la SNCM. En effet, le « consortium » est constitué de chargeurs et de transporteurs routiers. Ils pourraient donc transporter leurs propres remorques sur leur compagnie.
Cette ligne aurait, notamment, pour fonction d’affaiblir la SNCM au moment même où elle vient d’être reprise.
Les observateurs du monde maritime se montrent, pour l’instant, septiques face à cette annonce.
Les professionnels du domaine maritime rappellent que le fonctionnement d’un navire « simple roulier », c'est-à-dire un cargo avec du fret, sans passagers, coûte un minimum de 15 0000 euros par jour.
Un dossier politique
Cette annonce arrive le jour de l’intronisation du nouvel Exécutif de l’assemblée de Corse. Les nouveaux responsables de l’OTC et de la CTC se sont déjà montrés opposés à la reprise de la SNCM par le groupe Rocca. L’assemblée de Corse n’a pas de prise sur la décision du tribunal de commerce, mais elle peut changer la donne en réduisant le périmètre du futur service public Marseille-Corse.Dans l’entourage du « groupement » on est convaincu que l’assemblée de Corse pourrait lancer une DSP (avec subventions) seulement sur les ports secondaires de Corse (Balagne, Porto Vecchio et Propiano). Les liaisons Marseille Ajaccio et Bastia se feraient sans subventions. Sous la forme d’OSP (voir plus haut).
La dimension politique du dossier n’a jamais paru aussi importante. Mais les positions des différents groupes politiques sont loin d’être clairement tranchées. L’objectif final n’est, en tout cas, pas affiché avec précision.
En tout cas cette annonce ressemble à un encouragement à la nouvelle majorité de l’assemblée de Corse à réduire de manière substantielle le périmètre du service public maritime entre Marseille et la Corse.
Dès le début de l’année prochaine, on devrait connaître le contenu de la future DSP (Délégation de Service Public) qui doit débuter en Novembre 2016.
L’actuelle DSP concerne un trafic de cargos mixtes (fret et passagers). Le montant global des subventions s’élève, actuellement, à un total de près de 100 millions€ : 40 millions€ pour La Méridionale (trois cargos) et 56 millions€ pour la SNCM (quatre cargos).
Si les nouveaux dirigeants de la CTC venaient à réduire de manière considérable le périmètre du futur service public, la SNCM risquerait un nouveau plan social. L’actuel plan social qui débute devrait mener à la suppression de 563 salariés d’ici Janvier.
La nouvelle direction de la SNCM prend ses fonctions début Janvier.
Les choix de la nouvelle assemblée de Corse seront suivis avec inquiétude par les 837 employés qui restent en poste.
A l’approche de Noël, ce ne serait pas un cadeau pour les personnels de la compagnie déjà éprouvée par un premier plan social.