La communauté éducative vent debout depuis la présentation du budget 2025 par le Premier ministre jeudi 10 octobre. L'Etat doit faire des économies et cela pourrait passer par la suppression de 4.000 postes dans l'Éducation nationale. En Corse, les syndicats d'enseignants et associations de parents d'élèves craignent notamment des fermetures de classes dans le rural.
L’annonce a provoqué une importante levée de boucliers. 4.000 postes d’enseignants pourraient être supprimés à la rentrée 2025.
Un choix controversé qui s’expliquerait par la baisse de 97.000 élèves au niveau national, mais aussi et surtout par une volonté de faire des économies dans le budget le plus important de l’État.
Parmi ces 4.000 postes, 3.155 seraient supprimées dans le premier degré, donc les écoles primaires.
Les associations des parents d’élèves mettent en garde. “On va rencontrer prochainement le recteur de quoi ça recoupe, indique Denis Luciani, de l’Assiociu di i parenti corsi. Pour nous, il est essentiel de maintenir les écoles en milieu rural, c’est une priorité que l’on s’est affectée, les postes bilingues parce qu’il y a des déficits et c’est un objectif. La rencontre que l’on a déjà eue avec le recteur nous a rassurés dans le domaine, mais c’était avant ces mesures. On verra ce qui est annoncé sur la Corse.”
“En Corse, on a des besoins”
Côté enseignant, la critique est encore plus acerbe. Moins de postes donc moins d’écoles, notamment dans le rural. Une ligne rouge à ne pas franchir. “La démographie progresse, en tout cas, elle ne baisse pas. Il va forcément y avoir des arbitrages à faire sur les suppressions de postes et de fermetures d’écoles. Parce qu’une suppression de postes dans le premier degré, c’est une fermeture d’école ou de classe”, soutient Jean-Pierre Clementi du STC Educazione.
“Ça fait très longtemps que l’on n’a pas vu un nombre de postes aussi conséquent repris alors que l’on a, en Corse particulièrement, des besoins. On a des écoles bilingues à faire tourner, on a des écoles rurales qui sont très gourmandes en postes. Donc si l’on veut avoir une politique éducative, efficace dans notre académie, tout le monde le sait, il faut y mettre les moyens. Là, tel n’est pas le cas”, complète Fabien Mineo, FSU SNUipp.
La porte reste ouverte à d'autres évolutions
Pour l’heure, rien n’est fait. Avant l’annonce de cette suppression de postes, Michel Barnier voyait les choses bien autrement, il y a 15 jours seulement, en envisageant faire “plus et mieux appel à des professeurs retraités volontaires, y compris pour accompagner leurs plus jeunes collègues.”
Conditionnée par l’adoption au Parlement du budget de l’Etat, la suppression des 4.000 postes des enseignants n’est, pour l’heure, par garantie. La ministre de l’Éducation nationale a même déclaré, ce dimanche 13 octobre, laisser la porte ouverte à des évolutions lors d’une interview à la Tribune Dimanche.
Selon Le Monde, l’Etat a supprimé 1500 postes en 2023 et 2000 en 2022.
Le reportage de Jean-Philippe Mattei et Franck Rombaldi :